— Oui. Tu as vraiment bon goût, Tania, dis-je en forçant un sourire, bien que l'ironie me brûlât la langue. Un goût impeccable pour l'apparence, mais qu'en était-il du reste ? De mon avenir ici, dans ce repaire de vipères ?
Sous la douche, l'eau chaude ruisselait sur mon corps, mais elle ne parvenait pas à laver le poids qui me paralysait. Chaque goutte d'eau semblait s'alourdir, comme les pensées sombres qui s'accumulaient dans mon esprit : Ezekiel, sa cruauté froide, les regards perçants et méprisants. Ce sentiment de suffocation, comme si l'air même que je respirais était empoisonné par leurs manipulations. Mon cœur battait contre mes côtes, la peur constante de commettre un faux pas. Ici, dans cette maison de loups, la survie exigeait une maîtrise absolue, une vigilance de chaque instant. Et moi ? J'étais déjà à bout.
Je sortis de la douche et enfilai la robe que Tania avait choisie : kaki à manches longues évasées. Elle était courte, bien trop courte, et dévoilait mon dos nu. Chaque centimètre de peau exposé était un rappel cruel de ma vulnérabilité. Cette robe, cet accoutrement, n'était rien de plus qu'un symbole fragile d'une audace que je ne possédais pas. Pas ici. Pas maintenant.
— Tu es magnifique, complimenta Tania, son sourire sincère, mais ses yeux trahissaient une lueur d'inquiétude, comme si elle savait que les mots ne suffisaient pas à apaiser les tempêtes à venir.
— Merci, répondis-je, ajustant nerveusement la robe, mes mains tremblantes malgré moi.
Nous descendîmes les escaliers vers le salon. L'air semblait plus lourd en bas, chargé d'une tension palpable. Là, une femme blonde que j'avais vaguement aperçue la veille était assise, une cigarette coincée entre ses doigts fins, le téléphone collé à son oreille. Dès qu'elle me vit entrer, elle raccrocha d'un geste dédaigneux, me toisant de haut en bas, ses yeux étincelant d'un amusement cruel.
— Pauvre Ezek, dit-elle d'une voix traînante, ses mots tranchants comme des lames dissimulées derrière un sourire.
Tania se redressa, prête à intervenir.
— Il a de la chance d'avoir Anastasia, n'est-ce pas ? répliqua-t-elle, ses sourcils froncés, essayant de me protéger.
Mais la blonde éclata d'un rire sec, son regard se posant sur moi comme sur une proie faible.
— Chance ? Elle ricana, ses lèvres peintes de rouge s'étirant en un sourire carnassier. Comment peux-tu dire ça alors qu'elle est une malédiction pour lui ? Regarde-la, une pauvre gamine déguisée en femme, perdue dans un monde qui la dépasse.
Elle tira une longue bouffée de sa cigarette, la fumée serpentant autour d'elle, presque comme un rituel de provocation.
Je serrai les poings sous les plis de ma robe, refusant de montrer la moindre faiblesse. Chaque fibre de mon corps criait à l'injustice, mais ici, les larmes ne m'apporteraient rien. Seulement le mépris, peut-être même la mort.
— C'est la femme du chef, Tania articula ces mots avec un calme glacé, mais je sentais la tempête qui grondait derrière. Tu devrais lui montrer un minimum de respect.
— Respect ? Elle souffla la fumée avec une lenteur provocante, ses yeux rivés sur moi, comme si j'étais une simple distraction à son ennui. Le respect se mérite, ma chère. Et cette gamine-là n'a encore rien prouvé. Surtout pas à Ezekiel.
Elle avança de quelques pas, ses talons résonnant dans le silence pesant de la pièce, s'arrêtant juste devant moi. Elle me fixa avec un regard glacial, presque fascinée par l'idée de me voir craquer sous la pression.
— Anastasia, susurra-t-elle d'une voix mielleuse. Sais-tu que le chef a une amante ?
Sa question flottait entre nous, un poison déguisé en confession. Elle voulait m'ébranler, m'affaiblir. Je pouvais presque sentir son désir de me voir m'effondrer là, devant elle.
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LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]
Mystère / ThrillerQue faire quand les apparences trompent et que le destin vous trahit ? Dans le monde luxueux mais impitoyable d'Anastasia Miller, bien qu'elle soit née dans une richesse apparente, elle n'a jamais connu l'amour de ses parents, toujours absents. Mais...