Le temps défilait, et il était toujours là, assis au bord de mon lit, me regardant avec cette intensité énigmatique, sa main continuant à caresser doucement mon visage, comme s'il jouait un rôle qu'il n'assumait pas pleinement. Malgré tout ce qu'il était, une part de moi ne pouvait s'empêcher de trouver du réconfort dans cette folie, dans cette complexité qui le rendait humain, si étrangement humain.
***
Quelques jours plus tard, le soleil filtrant à travers les immenses baies vitrées inondait ma chambre d'une lumière dorée. Les rayons dansaient sur les draps, créant des reflets chauds sur le parquet sombre. Je m'étirai avec précaution, ressentant une douce fatigue dans mes muscles encore en convalescence, comme une preuve tangible de ma guérison. Mon corps reprenait lentement des forces, les douleurs s'estompaient, et mon poids revenait petit à petit, chaque petite victoire me rappelant que je devais m'accrocher à ma santé.
Le travail était devenu ma bulle, un refuge tranquille où le chaos de ma vie privée ne pouvait pénétrer. Même si les dossiers à traiter étaient nombreux et les délais serrés, cet environnement professionnel me permettait d'oublier, au moins temporairement, la pression insidieuse d'Ezekiel et l'hostilité perçante de Jennifer. Ils passaient souvent dans mon bureau, Ezekiel arborant ce sourire mystérieux et satisfait, et Jennifer, glaciale comme toujours, me prodiguant ses conseils d'un ton sec. Mais c'était la présence d'Ezekiel qui me dérangeait le plus. Ses regards perçants, ses interventions impassibles, cette étrange dynamique entre nous m'oppressait.
Le plus perturbant, c'était sa visite nocturne. Chaque nuit, il venait, silencieux, presque tendre. Ses gestes étaient étrangement doux, en contraste avec son comportement habituel. Je m'étais presque habituée à cette routine angoissante. Pourtant, une peur irraisonnée me hantait : celle de me réveiller au mauvais moment, de le surprendre et de briser cette illusion fragile de calme. Si cela arrivait, comment réagirait-il ? Je craignais de voir sa douceur se muer en colère, sa tendresse en quelque chose de bien plus sombre.
Après quelques instants de réflexion, je me levai, décidant qu'une douche chaude serait le remède à cette angoisse latente. L'eau dévalait sur ma peau, emportant avec elle la tension accumulée. Ce soir, je devais affronter une nouvelle épreuve : le dîner avec les Prescott. Une rencontre destinée à officialiser mon rôle d'épouse d'Ezekiel, une union factice qui n'avait rien de romantique. L'idée seule me donnait des nausées. Ce dîner, au-delà de son apparence mondaine, serait un terrain miné où chaque geste, chaque mot serait soigneusement observé, disséqué.
Je me dirigeai vers mon bureau, où un plateau de thé et de pâtisseries m'attendait, comme chaque matin. Ce geste simple mais attentionné apportait une touche de réconfort à mes journées. Je ne savais toujours pas qui, entre Ezekiel et Armon, s'assurait de cette petite attention quotidienne. Une chose était sûre : Ezekiel n'avait pas la patience pour ce genre de délicatesse, et il m'aurait déjà empoisonnée depuis longtemps s'il en avait eu l'occasion.
Je portai la tasse à mes lèvres, savourant la première gorgée de thé lorsque la porte s'ouvrit brutalement, me faisant sursauter. Ezekiel entra dans la pièce, ses yeux d'acier balayant l'espace avec la froideur d'un prédateur.
— Il y a un rassemblement, concernant mon organisation et ses fonctionnalités, dans la salle de réunion, grogna-t-il d'une voix rauque qui semblait toujours vibrer d'autorité.
Je posai délicatement ma tasse et me levai, prenant le temps d'ajuster ma jupe et d'appliquer une touche de rouge à lèvres. Chaque geste était soigneusement calculé, une manière subtile de lui montrer que, malgré son emprise, je gardais encore le contrôle de quelque chose, ne serait-ce que de mon apparence.
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LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]
Gizem / GerilimQue faire quand les apparences trompent et que le destin vous trahit ? Dans le monde luxueux mais impitoyable d'Anastasia Miller, bien qu'elle soit née dans une richesse apparente, elle n'a jamais connu l'amour de ses parents, toujours absents. Mais...