Sans un mot de plus, je lui tournai le dos, grimpant les escaliers avec l'impression que chaque pas m'enfonçait un peu plus dans une spirale de colère et de fatigue. Mon cœur battait encore sous l'effet de l'adrénaline, mais une tempête de pensées tourbillonnait dans mon esprit. Haine, frustration, lassitude. Tout se mélangeait, bouillonnant en moi comme une mer en furie.
Avant de disparaître au détour du couloir, les murmures me parvinrent, flottant dans l'air comme des échos lointains. Armon parlait à Ezekiel, la voix basse, mais suffisamment claire pour que je capte l'essentiel :
— Sa capacité à trouver l'origine du problème est impressionnante, mais tu aurais pu être plus doux avec elle.
Un rire éclata, froid et tranchant, dénué de toute humanité, comme un couteau éraflant une surface de verre. Ezekiel répondit avec la cruauté qui lui était propre, son ton suffisant et moqueur :
— Je m'en branle complètement.
Chaque mot était une gifle, une agression sournoise qui s'insinuait en moi, alourdissant mes épaules déjà affaissées par le poids de cette journée infernale. Je sentis la fatigue m'envahir, se glissant sous ma peau comme une vague d'épuisement insidieux. Mais malgré cela, une flamme persistait, une étincelle de défi, une rage sourde qui refusait de s'éteindre. J'avais encore trop à prouver, trop à accomplir.
En arrivant dans ma chambre, je claquai la porte derrière moi avec une force inattendue, un geste qui semblait refléter tout le tumulte qui bouillonnait en moi. Le bruit résonna dans la pièce, vibrant encore un instant avant de se dissiper dans un silence oppressant. Je m'effondrai sur le lit, sentant la tension me quitter d'un coup, laissant place à une fatigue écrasante. Mes muscles protestaient, mes mains tremblaient encore légèrement, refusant de s'apaiser.
Des larmes brûlantes menacèrent de déborder, mais je les refoulai avec acharnement. Je ne pouvais pas me permettre de céder. Pas encore. Mes doigts s'accrochaient aux draps comme à une bouée de sauvetage dans un océan de désespoir.
— J'ai réussi... murmurais-je, à peine audible, les mots se brisant dans ma gorge. Maman, papa... j'ai prouvé ma valeur.
Mais ces paroles, destinées à me rassurer, résonnaient étrangement vides dans le silence. Pourtant, au milieu de tout ce chaos, une chaleur ténue s'éveilla en moi, fragile comme une flamme vacillante. Elle était là, infime, mais suffisante pour me rappeler qu'il y avait encore de l'espoir. Que tout n'était pas perdu.
***
Le lendemain matin, je me réveillai en sursaut, arrachée à l'étreinte suffocante d'un cauchemar. L'image de mes parents morts revenait en boucle, comme une malédiction inévitable. Mon corps était trempé de sueur, mes draps collant à ma peau, tandis que je haletais, mon souffle saccadé, cherchant de l'air comme une noyée à la surface. Un cri étranglé s'échappa de ma gorge, brisant le silence étouffant de la pièce.
Je me redressai, le cœur battant furieusement, mes mains tremblantes agrippant les draps. Les ombres dansaient encore sur les murs, mouvantes et insaisissables, refusant de disparaître avec la lumière du matin naissant. Mon cauchemar, pourtant terminé, semblait s'accrocher à la réalité. Mais cette fois, c'était pire. Autour de moi, des serpents apparaissaient, glissant lentement sous mes draps. Leurs corps luisants, visqueux, ondulaient avec une lenteur terrifiante, s'enroulant autour de mes chevilles, se faufilant entre mes jambes. Leurs écailles froides effleuraient ma peau avec une caresse glacée qui fit monter en moi une horreur pure, paralysante.
Je poussai un cri de terreur, mais ma voix était brisée, déformée par la peur. Mes muscles refusaient de répondre, tétanisés par le contact des serpents qui semblaient s'infiltrer partout, rampant sous ma robe de satin, comme pour m'emprisonner dans cette terreur sans fin. Je sentis l'un d'entre eux se glisser sous mes sous-vêtements, et un nouveau hurlement franchit mes lèvres, déchirant l'air. Je me débattais, frappais, mais chaque mouvement semblait attirer plus de serpents, leurs corps se multipliant, ondulant autour de moi, m'enserrant de toutes parts.
Je m'effondrai lourdement sur le sol, mes jambes cédant sous la panique, et je sentis les reptiles se faufiler sous moi, leurs corps glissant sur ma peau, me privant de toute issue. Mes mains agrippaient le sol, tentant désespérément de trouver une prise pour m'échapper, mais les serpents étaient partout, me rendant prisonnière de cette horreur vivante.
Puis, au milieu de ce chaos, il apparut. Ezekiel.
Il se tenait dans l'encadrement de la porte, silhouette massive et froide, observant la scène avec une fascination morbide. Son sourire s'étirait lentement, cruel et méprisant, tandis que ses yeux brillaient d'une satisfaction perverse. Il semblait savourer ma terreur, se nourrissant de chaque cri, chaque spasme de mon corps.
— Ah, tu es enfin réveillée, murmura-t-il, sa voix glissant dans l'air comme un venin subtil. J'espère que tu apprécies le petit cadeau que je t'ai préparé.
Ses mots étaient une caresse glacée, une lame invisible qui transperçait mon esprit déjà en ruine. La réalité de sa cruauté s'abattit sur moi, me faisant chanceler sous le poids de cette révélation. Je tentai de me redresser, mais mes jambes fléchirent à nouveau, les serpents s'enroulant plus fermement autour de moi.
— Ezekiel ! Pourquoi fais-tu ça ? hurlai-je, ma voix brisée par l'angoisse, chaque mot écorchant ma gorge comme du verre.
Il avançait vers moi, lentement, comme un prédateur savourant sa proie. Ses yeux glissaient sur moi, observant chaque geste de désespoir, chaque tentative avortée de me dégager des serpents qui me liaient au sol. Je pouvais voir la lueur sadique dans son regard, l'excitation malsaine qui s'éveillait en lui à mesure que ma panique grandissait.
— Pourquoi ? répéta-t-il avec une fausse douceur. Parce que la peur te déshabille bien mieux que ce satin ne le pourrait jamais.
Ses paroles étaient comme un coup de fouet, un rappel brutal de mon impuissance. Il se pencha vers moi, son visage proche du mien, son souffle effleurant ma peau avec une intimité cruelle.
— Ne t'inquiète pas, murmura-t-il, les serpents ne sont probablement pas venimeux... Enfin, je crois.
Il laissa échapper un petit rire, léger, presque enfantin, mais terriblement sinistre. Chaque note de son rire semblait résonner en moi comme une sentence inéluctable.
Je me débattais, mais chaque mouvement semblait renforcer son plaisir. Ses yeux, toujours fixés sur moi, se délectaient de ma terreur, se nourrissant de chaque tremblement, chaque cri que je laissais échapper.
— Regarde-toi, ajouta-t-il en se redressant légèrement. Tellement fascinante dans cette situation. Une véritable œuvre d'art, transformée par la peur.
Sa voix, pleine de moquerie, me faisait l'effet d'un poison lent. Je tentai de ramper vers la porte, mais mes pieds s'emmêlèrent dans les serpents, mes mains agrippant désespérément le cadre pour m'échapper de cette scène d'horreur. Derrière moi, le rire d'Ezekiel résonnait toujours, une mélodie funeste qui me poursuivait.
Chaque pas que je prenais pour fuir me semblait plus lourd, comme si la terreur elle-même m'entravait. Et je savais, au fond de moi, que même si je parvenais à quitter cette pièce, je n'échapperais jamais vraiment à la cruauté d'Ezekiel.
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LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]
Misteri / ThrillerQue faire quand les apparences trompent et que le destin vous trahit ? Dans le monde luxueux mais impitoyable d'Anastasia Miller, bien qu'elle soit née dans une richesse apparente, elle n'a jamais connu l'amour de ses parents, toujours absents. Mais...