Le lendemain matin, je me réveillai dans ses bras, enveloppée dans la chaleur de son corps qui me protégeait du monde extérieur. Chaque respiration d'Ezekiel, lente et régulière, me berçait, comme une promesse silencieuse de sécurité. Dans cette lumière dorée du matin, filtrée par les rideaux, tout semblait paisible, parfait. Et pourtant, une ombre planait dans mon esprit : la querelle de la veille entre Armon et lui résonnait encore, me laissant un arrière-goût amer. Deux hommes liés par le sang, consumés par la haine au lieu de se soutenir.
Je me levai lentement pour ne pas le réveiller, glissant hors de ses bras. Enroulée dans une serviette, je m'enfermai dans la salle de bain. Sous l'eau chaude, mes muscles se détendaient, mais mon esprit refusait de se calmer. Les éclats de voix de la veille me revenaient sans cesse, un écho douloureux. Pourquoi les hommes que j'aimais s'entêtaient-ils à s'autodétruire ?
En sortant de la salle de bain, je découvris Ezekiel, déjà éveillé, le dos tendu comme un arc. Il tenait une cigarette, et la fumée s'enroulait autour de lui, accentuant l'aura sombre qui l'entourait. Ses yeux fixaient intensément des dossiers éparpillés devant lui, mais son esprit semblait ailleurs.
— Comment va mon prince charmant ? tentai-je, la voix douce, comme une caresse.
Il tourna lentement la tête vers moi, un sourire fatigué et un peu forcé aux lèvres.
— Je vais bien, murmura-t-il, mais sa voix, lourde de fatigue, trahissait le contraire.
Il s'assit sur le canapé avec une lassitude palpable, tirant une longue bouffée de sa cigarette. J'essayai d'instaurer une normalité entre nous, cherchant à dissiper cette distance glaciale qui s'installait. Je m'approchai, me glissant dans ses bras pour retrouver ce sentiment de proximité. Mais même dans cette étreinte, je le sentais lointain, enfermé dans ses calculs et ses plans, les pensées ailleurs.
Mes doigts effleurèrent son bras, tentant de briser cette barrière invisible.
— Les vacances... maintenant que toutes les soirées sont derrière nous, ne serait-ce pas le moment parfait pour partir ? proposai-je, avec un enthousiasme un peu trop forcé.
Il déposa enfin ses documents, ses yeux se verrouillant dans les miens, brûlants d'une intensité qui me fit frissonner.
— J'avoue que ça me ferait du bien, dit-il, son sourire énigmatique masquant une partie de ses pensées. Que dirais-tu d'aller à la mer pour commencer ?
— Excellente idée, répondis-je, tentant de capturer cet instant de légèreté, une échappatoire loin de tout.
Son ton se fit alors brusquement plus tranchant, comme une lame silencieuse.
— Très bien. Nous partons aujourd'hui.
Pas de place pour négocier. Ezekiel avait parlé.
***
Quelques heures plus tard, Tania et moi flânions dans une boutique de luxe, où le calme feutré contrastait avec la tension qui grondait en moi. Les étoffes soyeuses glissaient entre mes doigts, mais mon esprit ne trouvait pas de repos. Une étrange sensation d'oppression s'installait, plus dense à chaque seconde.
C'est alors...Il apparut comme une ombre menaçante qui s'abattait sur nous, grand, enveloppé dans un costume parfaitement taillé. Ses cheveux noirs, lissés en arrière, brillaient sous la lumière tamisée, accentuant l'éclat de ses yeux verts, perçants comme des lames, qui semblaient sonder mon âme en un seul regard. Une onde glaciale traversa la pièce tandis que mon cœur ratait un battement. Viktor Gonzales.
L'homme qui hantait mes souvenirs, gravé dans les photos de la liste noire au QG des Miller et Prescott. Autrefois ami d'Ezekiel, aujourd'hui responsable de la mort de mes parents. La gorge nouée, mes doigts se crispèrent sur le tissu de ma robe, une froide détermination masquant la tempête d'émotions qui bouillonnait en moi.
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LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]
Misterio / SuspensoQue faire quand les apparences trompent et que le destin vous trahit ? Dans le monde luxueux mais impitoyable d'Anastasia Miller, bien qu'elle soit née dans une richesse apparente, elle n'a jamais connu l'amour de ses parents, toujours absents. Mais...