EZEKIEL -
« Amour »...
C'est un mot qui m'est si familier, un mot dont j'ai cru connaître le véritable sens, autrefois. J'ai aimé. J'ai ressenti cette chaleur, cette illusion d'éternité, persuadé que ceux que j'aimais seraient là pour toujours, à mes côtés. Mais à chaque fois, je me suis trompé.
Les moments où l'amour a traversé ma vie ont été suivis de désillusions et de pertes dévastatrices. J'ai enterré mes parents, assassinés brutalement, emportés sans avertissement. Ma petite sœur Florentia, mon rayon de soleil, a disparu, perdue quelque part dans ce vaste monde, et chaque jour sans nouvelles d'elle n'a fait que creuser un peu plus le gouffre dans mon cœur. Puis, mes collègues, mes compagnons d'armes, ceux en qui j'avais placé ma confiance... tous arrachés de mon existence par mon pire ennemi. Chaque être cher perdu a laissé une cicatrice, une douleur sourde, jusqu'à ce que je ne sois plus qu'une ombre, hantée par leur absence.
Alors, je me suis juré de ne plus jamais m'attacher à qui que ce soit. J'ai pris le chemin de la cruauté, choisissant de bâtir des murs infranchissables autour de mon cœur. J'ai choisi le contrôle, l'autorité brute, le pouvoir froid et implacable. Je me suis entouré d'un empire de peur et de loyauté imposée, afin de me protéger de la douleur d'une autre perte, pour me préserver du sentiment le plus destructeur : l'amour. Car la perte de ceux que l'on aime est une brûlure dont on ne guérit jamais.
Mais la solitude... elle s'infiltre malgré les murs les plus solides. Elle me ronge, me hante dans chacun de mes rêves et m'oblige à affronter la vérité : je suis seul. Alors, dans un ultime effort pour combler ce vide insupportable, je me suis tourné vers Ava. Elle semblait m'aimer d'un amour aveugle, presque obsessionnel. Elle me réconfortait, comblait une part de ce manque, même si son tempérament sournois et envahissant me rappelait à quel point elle pouvait être instable.
Rapidement, son comportement est devenu intolérable. Elle s'est mise à jouer les maîtresses des lieux, dictant ses lois au Q.G., se montrant possessive et agressive envers les autres, au point que Sonia et les autres la détestaient. Les tensions étaient telles que chaque confrontation menaçait de tourner en bain de sang. Son emprise étouffante me devenait insupportable, mais, malgré cela, elle demeurait la seule personne auprès de qui je parvenais à ressentir un semblant d'affection. Ce fil fragile d'attachement me retenait, presque contre ma volonté.
Mais un jour, tout a dérapé. Elle a appris pour mon mariage avec Anastasia. La fureur d'Ava s'est révélée dans toute sa violence ; elle était prête à tout pour me rappeler qu'elle était la seule à vraiment m'aimer, selon ses propres termes, et qu'Anastasia ne serait qu'un poids inutile pour moi. Mais je ne lui reprochais pas cette jalousie dévorante... non, c'était pour un crime bien plus grave : elle avait tué l'un de mes hommes, sous le simple prétexte qu'elle ne le supportait pas.
Cette relation, qui devait être une échappatoire, m'étouffait désormais. Alors, je l'ai envoyée en mission, loin de moi et du Q.G., espérant que cette distance m'offrirait le répit nécessaire pour remettre de l'ordre dans mes pensées et dans ma vie.
Et puis, ce coup de téléphone est arrivé, de la part des Miller. Ils m'ont supplié, la voix brisée par les sanglots, de prendre leur fille sous mon aile. Moi, que la vie avait fait devenir l'incarnation même du contrôle, j'étais face à un dilemme que je n'avais pas prévu. J'avais un accord avec eux : je ne devais jamais la rencontrer. C'était une promesse faite dans l'ombre de mon enfance, un pacte scellé à mes neuf ans, où l'on m'avait promis cette femme sans mon consentement, sans me laisser le choix.
Mais pour tout ce qu'ils ont fait pour moi, pour l'aide précieuse qu'ils m'ont apportée dans mes premiers jours au Q.G., je n'ai pas pu refuser. J'ai accepté, mais une colère froide a pris racine en moi, une haine irrationnelle envers ce destin qui semblait décidé à m'imposer cette femme que je n'avais jamais voulue. La présence d'Anastasia dans ma maison, imposée par un passé que je n'avais jamais pu contrôler, me rendait furieux. Je la méprisais pour cela, pour cette simple raison : elle était là, dans ma vie, malgré tous mes efforts pour ne pas être lié à elle.
Convoitée par Viktor Gonzales... Je me suis dit que, peut-être, elle n'en valait pas la peine. Une simple distraction, rien de plus. Et puis, quand elle a franchi la porte de la salle de réunion, j'ai été foudroyé. Sa beauté me frappa de plein fouet, illuminant la pièce d'une manière que je n'avais pas anticipée. Elle avait l'air fragile, vulnérable... tout ce que je n'ai jamais recherché chez une femme, surtout dans la vie que je mène. Mais cette vulnérabilité couplée à sa beauté m'agaçait profondément. Alors, pourquoi pas ? Je pourrais au moins m'amuser à provoquer sa peur, à jouer avec ce regard apeuré. Après tout, je n'avais rien à perdre ; j'en aimais déjà une autre.
Et pourtant, chaque fois que tu te tenais devant moi, une force insoupçonnée surgissait de tes yeux, même quand les larmes étaient prêtes à couler. Même lorsque tu tremblais, vacillais sous la pression, comme une feuille dans une tempête, tu tenais bon. Cette ténacité me fascinait autant qu'elle m'irritait. Je voulais te briser, te faire plier, mais à chaque instant, tu trouvais une façon de me défier. Finalement, sans que je m'en rende compte, tu as capté toute mon attention. Tu m'as conquis, malgré moi.
Et je l'ai senti tout de suite : ce jeu, ce masque impénétrable que je porte, allaient être mis à l'épreuve. Toi, avec tes faiblesses et ta force insoupçonnée, allais réveiller des parties de moi que j'avais longtemps enfouies. Un cœur de pierre, pensais-je... mais sous tes regards, sous tes sourires hésitants, ce cœur a recommencé à battre.
Tout a basculé avec ce baiser, cette comédie que nous jouions devant ma famille. Tes lèvres contre les miennes... ce simple contact a éveillé une chaleur en moi, une chaleur que je croyais morte depuis longtemps. Le parfum de ta peau, la douceur de ton corps contre le mien, cette force que tu montres malgré tes failles... Tout en toi me fascine, et même ces instants où tu somnambules, où tu m'embrasses dans ton sommeil, m'offrant une tendresse innocente que je n'aurais jamais osé demander. Ces baisers inconscients, cette façon que tu as de t'accrocher à moi, même sans en avoir conscience... Tout cela m'a bouleversé, bien plus que je ne l'admettrais.
Une obsession, voilà ce que tu es devenue pour moi. Une envie dévorante de te posséder, de te garder près de moi, protégée, enfermée dans une prison dorée que je construis patiemment autour de toi.
Mais il y a un problème : je ne sais pas aimer sans détruire. Chaque attachement, chaque frisson d'émotion me pousse à construire des murs plus hauts, à me protéger de cette faiblesse insupportable. Et je le sais, je ne suis pas celui qu'il te faut. Mon amour est une menace, une ombre qui pourrait t'étouffer. Je ne mérite pas ton affection, Anastasia, mais je ne te laisserai jamais partir. Jamais. Tu es à moi. Ma femme. Ma Anastasia.
Alors, est-ce que je t'aime ?
Je pourrais répondre par un « peut-être » ; cela me permettrait de garder le contrôle, de maintenir ce jeu de pouvoir que nous menons inlassablement. Mais en cet instant... avec ces rumeurs, ce danger qui me menace de te perdre, la vérité s'impose à moi. Oui, je t'aime. Je t'aime d'une manière que je ne comprends pas, d'une manière qui fait naître en moi une peur viscérale. Et je le sais, même si je te l'avoue, tu ne me croiras pas.
Mais crois-le, Anastasia... Je te désire, je te veux à en perdre la raison. Mon cœur, ce cœur que j'ai essayé d'étouffer, bat pour toi, et rien ni personne ne pourra changer cela.
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LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]
Mystery / ThrillerQue faire quand les apparences trompent et que le destin vous trahit ? Dans le monde luxueux mais impitoyable d'Anastasia Miller, bien qu'elle soit née dans une richesse apparente, elle n'a jamais connu l'amour de ses parents, toujours absents. Mais...
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