LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]

35 : Escapade alcoolisée

Ezekiel vida son verre d'un trait et se leva brusquement. Sa silhouette se découpa dans la lumière tamisée, et en un instant, il se pencha au-dessus de moi, son visage à quelques centimètres du mien. L'odeur de l'alcool et du parfum boisé qui lui était propre emplissait l'air, une présence aussi envahissante que lui.

— Au moins, le serpent sait exactement ce qu'il veut, murmura-t-il, son sourire narquois effleurant ses lèvres. Toi, tu es juste perdue.

Mon cœur s'emballa, mais je refusai de détourner le regard. Ses yeux, perçants et pleins de défi, cherchaient à me déstabiliser, à m'étouffer sous cette tension qu'il semblait si bien contrôler. Mais pas cette fois. Pas avec moi.

— Et toi, tu es un lâche, répliquai-je, ma voix plus ferme que je ne l'aurais cru. Toujours à te cacher derrière ton cynisme et tes manipulations.

Son sourire s'élargit, comme s'il savourait ma résistance. Il pencha la tête légèrement, ses yeux s'assombrissant d'un éclat presque satisfait.

— C'est peut-être vrai, concéda-t-il en haussant les épaules, son ton aussi tranchant que de l'acier. Mais tu es ici, avec moi, dans cette maison. Qu'est-ce que ça fait de savoir que tu es coincée avec le serpent, princesse ?

Un rire amer s'échappa de mes lèvres, un son déformé par la dureté de la situation. Mon regard se fixa dans le sien, aussi glacé que l'était le sien d'arrogance.

— Oh, Ezekiel, murmurais-je, mes lèvres se tordant en un sourire venimeux. Je suis peut-être coincée, mais ne te fais pas d'illusions... je ne suis pas domptée.

Il se pencha encore plus près, tellement proche que la chaleur de son corps sembla s'infiltrer sous ma peau, réveillant en moi des sensations que je luttais pour étouffer.

— Tant mieux, Anastasia, murmura-t-il, sa voix basse et caressante, vibrante d'une promesse obscure. Je n'aime pas les choses faciles. Et crois-moi... je suis loin d'avoir fini de jouer.

Un silence lourd suivit, chargé d'une tension qui semblait suspendue entre nous, une menace et un désir tout à la fois, quelque chose de brûlant, de dangereux, qui rôdait dans l'air. Nos regards étaient verrouillés dans un duel muet, ni lui ni moi ne voulant céder, comme si céder signifiait se trahir.

Puis, sans prévenir, sa main se leva doucement, glissant vers mon visage. Sa paume chaude effleura ma joue, et un frisson remonta le long de ma colonne vertébrale. Mon cœur tambourinait contre ma poitrine, chaque battement résonnant comme un signal d'alarme que je me forçais d'ignorer.

— Qu'est-ce que tu fais, Ezekiel ? murmurai-je, ma voix vacillant légèrement malgré moi.

Son regard se fixa sur le mien, intense, presque troublé, et ses doigts tracèrent la ligne de ma mâchoire avec une lenteur calculée, insupportablement douce.

— J'essaie de me contrôler, avoua-t-il, sa voix rauque, brisée par une émotion indéfinissable. De ne pas franchir cette foutue limite...

Ses mots, à la fois confession et provocation, résonnèrent dans l'espace entre nous. Ils glissèrent sous ma peau, éveillant quelque chose d'inexplicable. Un rire nerveux s'échappa de ma gorge, ma tentative désespérée de briser la proximité oppressante qui nous enfermait.

— Contrôle, hein ? répliquai-je avec un sarcasme tremblant. Tu veux bien arrêter tes conneries, Ezekiel ? C'est gênant... Tu joues avec moi, ou quoi ?

Je le repoussai légèrement, me levant du canapé pour lui échapper, la distance que je mettais entre nous un ultime rempart contre l'intensité de ses mots. Je pris une profonde inspiration, cherchant à reprendre le contrôle de mes émotions, et le regardai droit dans les yeux.