LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]

62 : L'ombre de la menace

L'atmosphère dans la chambre d'hôpital était oppressante, saturée d'une tension qui semblait peser sur mes épaules, m'enfermant dans une réalité sombre. Au réveil d'Ezekiel, mon cœur battait à une vitesse affolante, encore hanté par les souvenirs violents de l'attaque de la veille. Chaque flash de cette nuit infernale s'imposait à mon esprit, me ramenant inlassablement aux instants où tout aurait pu basculer dans le pire. J'essayais de trouver un semblant de calme, de me raccrocher à la présence d'Ezekiel pour repousser mes terreurs, mais cette fragile tranquillité s'effondra lorsqu'un fracas retentit.

La porte s'ouvrit avec fracas, claquant violemment contre le mur. Jennifer fit irruption dans la pièce, son entrée résonnant comme un coup de tonnerre dans cet espace étouffant. Ses talons martelaient le sol d'un pas sec et déterminé, chaque claquement renforçant la tension qui alourdissait l'air. Son regard, aussi tranchant qu'une lame, se posa sur Ezekiel, chargé d'une colère brûlante prête à exploser.

— Ezekiel, qu'est-ce qui t'a pris ?! siffla-t-elle, sa voix résonnant comme une condamnation. Tu es le leader du réseau Prescott ! Si tu meurs, tout s'effondre. Le réseau ne tiendra pas sans toi. Et crois-moi, ta famille... elle n'hésitera pas une seconde à faire de cette femme un exemple.

Ses mots, empoisonnés d'une menace glaciale, me frappèrent de plein fouet. Une vague glacée parcourut ma colonne vertébrale, tandis que je comprenais brutalement l'étendue du danger dans lequel je me trouvais. Les yeux de Jennifer se posèrent sur moi, froids, impitoyables, et je sentis le poids de son jugement comme une épée suspendue au-dessus de ma tête. Une boule d'angoisse se forma dans ma gorge, me coupant le souffle alors que la réalité s'imposait : j'étais une cible vulnérable, un simple pion dans ce monde impitoyable, et un frisson incontrôlable me traversa.

Ezekiel, visiblement irrité par la confrontation, fronça les sourcils, son regard glacial se tournant vers Jennifer, trahissant son impatience et sa frustration.

— J'ai compris, Jennifer, lâcha-t-il d'une voix rauque et basse, pesant chaque mot. Armon, file-moi une cigarette.

Adossé au mur dans l'ombre de la pièce, Armon esquissa un sourire amusé, croisant les bras avec une nonchalance apparente.

— T'es sérieux ? ironisa-t-il, son ton mêlant amusement et fermeté. Pas question. T'es encore en convalescence. Tu veux vraiment te flinguer après avoir frôlé la mort ?

Ezekiel leva les yeux au ciel, son expression agacée se détachant dans la faible lumière de la chambre. Il s'enfonça un peu plus dans l'oreiller, l'exaspération peignant ses traits fatigués.

— Ouais, parce que rester là, à moitié mort, c'est le rêve... grogna-t-il, une amertume mal dissimulée dans la voix. Honnêtement, si c'est pour écouter vos sermons, j'aurais peut-être dû rester dans le coma.

Armon éclata de rire, secouant la tête, même si un éclat sérieux persistait dans ses yeux.

— Arrête de jouer au martyr, Ezekiel. Sois reconnaissant d'être encore là. La prochaine fois, si tu tentes quelque chose d'aussi stupide, c'est moi qui t'achèverai avec ta clope.

Leur échange, empreint d'une camaraderie ironique, tenta de dissiper l'angoisse, mais les mots de Jennifer tournaient encore en boucle dans mon esprit, lourds et tranchants comme des coups de couteau. Chaque syllabe restait gravée dans ma mémoire, ravivant la peur sourde qui m'habitait. Cette chambre me rappelait que je n'étais qu'une étrangère dans leur monde, une intruse fragile, suspendue au-dessus d'un abîme de dangers invisibles.

Soudain, le regard d'Ezekiel se posa sur moi. L'ironie qu'il arborait s'effaça, laissant place à une froideur calculée, une lueur protectrice dans ses yeux sombres.