77 : La colère d'Ezekiel

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Une peur sourde rongeait chaque fibre de mon être, me paralysant. Viktor s'approcha encore, sa main glacée se posa sur ma hanche, remontant lentement, comme pour savourer chaque frisson de terreur qui secouait mon corps. Je dus me battre de toutes mes forces contre les larmes qui menaçaient de trahir mon effroi. Le temps semblait se dilater, chaque seconde s'étirant en une éternité insoutenable, chaque souffle une lutte silencieuse contre l'horreur qui me broyait.

Puis, sans le moindre avertissement, une douleur fulgurante déchira ma paume. Un cri monta dans ma gorge, étouffé au dernier moment. Viktor venait de m'entailler la main avec une lame fine, sa précision glaçante, comme s'il sculptait une signature sinistre. Mon corps tout entier se tendit, figé sous la morsure de la souffrance. J'avais envie de hurler, mais la peur m'entravait, me forçant au silence. Les larmes se mirent à couler en silence sur mes joues, tandis qu'il caressait ma paume ensanglantée d'une douceur perverse, presque révérencieuse.

— Un souvenir de moi, murmura-t-il, un sourire cruel déformant ses lèvres. Puis, lentement, il approcha son visage de ma main blessée et laissa sa langue glisser sur la plaie, savourant mon sang avec un plaisir écœurant. Mon estomac se retourna, une vague de dégoût inondant ma poitrine, mais je restai figée, impuissante.

D'un geste détaché, il s'éloigna, sortant son téléphone et passant un appel d'une voix calme et indifférente, comme si toute cette scène n'était qu'une simple formalité. Je restai là, allongée, le souffle haché, mon esprit en lambeaux, tentant désespérément de rassembler les morceaux de ma raison. Chaque respiration semblait plus difficile, comme si l'air même m'abandonnait, m'enfonçant encore plus dans cette terreur qui m'étreignait.

Lorsque j'entendis enfin la porte se refermer derrière lui, je n'osai toujours pas bouger, clouée sur place par une peur viscérale. Mon corps tout entier tremblait, comme si chaque nerf vibrait sous le choc de l'attaque. Finalement, après ce qui me sembla être des heures, j'ouvris les yeux, regardant ma main ensanglantée qui tremblait encore. La coupure me lançait, une blessure vive et cruelle, un rappel brutal de la terreur qui venait de se déchaîner. Mon téléphone... Il était là, sur la table, si proche maintenant que tout était fini.

Je me jetai dessus, composant le numéro d'Ezekiel avec des doigts tremblants, priant pour une réponse, pour une voix qui chasserait l'horreur qui m'étranglait. Mais rien. Le silence, une fois de plus. Aucune réponse. Ma gorge se serra sous l'angoisse, mes larmes se remirent à couler, et un désespoir infini m'envahit, m'écrasant sous son poids implacable. Je m'effondrai sur le canapé, secouée de sanglots incontrôlables, chaque heurt de mon souffle rappelant le vide qui résonnait autour de moi. Où était-il ? Et si Viktor avait déjà gagné ? Si Ezekiel... Je ne pouvais même pas finir cette pensée sans être submergée par la panique.

Soudain, la porte s'ouvrit avec fracas, projetant une ombre massive sur le sol. Ezekiel entra, couvert de poussière, des éclats de sang sur ses vêtements, ses traits crispés dans une rage que je n'avais jamais vue. Derrière lui, Armon et les autres hommes le suivaient, visiblement exténués mais en alerte. Son regard traversa la pièce comme une tempête, fouillant chaque recoin avec une intensité presque animale, traquant les traces invisibles de l'ennemi qu'il n'avait pas pu anéantir.

Dès que je le vis, mes jambes cédèrent, un flot de soulagement et de terreur m'envahissant d'un coup. Sans réfléchir, je me précipitai vers lui, mes sanglots me submergeant avant même de pouvoir prononcer un mot. Le poids de tout ce que je venais de vivre menaçait de m'écraser, de m'étouffer. J'agrippai son torse, cherchant désespérément un refuge dans sa chaleur, mais son regard distant, son expression figée me glaçait.

— Où étais-tu ? hurlai-je, ma voix déchirée par la douleur et l'incompréhension. Ma gorge, serrée à l'extrême, brûlait avec chaque mot qui en sortait.

LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant