LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]

20 : La mystérieuse amante

Le silence qui suivit était lourd, presque suffocant, et s'étira comme une corde prête à se rompre. Le nom d'Ava flottait dans l'air comme un parfum toxique, imprégnant chaque recoin de la pièce. Ava. Ce nom vibrait de mystère et de menace. L'amante que Sonia avait mentionnée. Celle qui, d'une manière ou d'une autre, avait réussi à se faufiler jusqu'au cœur noir et implacable de mon mari. Un frisson glacé me traversa, de la nuque jusqu'à la colonne vertébrale, glaçant chaque partie de moi.

La seule idée qu'Ezekiel puisse montrer de la tendresse à quelqu'un, qu'il soit capable d'émotions humaines, me terrifiait autant qu'elle me dégoûtait. Et pourtant, la colère montait, bouillonnant sous ma peau.

Je pris une gorgée de vin, savourant la chaleur réconfortante de l'alcool qui coulait dans ma gorge, offrant une illusion de répit face à la froideur de mes pensées. Ava pouvait bien avoir Ezekiel. Je n'en avais cure.
Pourquoi devrais-je me battre pour lui ? Un homme que je méprisais de toutes mes fibres.
Ezekiel n'était rien d'autre qu'une ombre pesante, un cauchemar vivant qui écrasait tout ce qui se trouvait autour de lui, y compris moi.

Mais Dick, fidèle à son caractère provocateur, brisa le silence d'une voix étrangement calme, une étincelle malveillante dans ses yeux :

— Anastasia, cela ne te dérange-t-il pas de partager ton mari ?

Sa question traversa l'air comme une flèche, percutant violemment la bulle de calme que je m'efforçais de maintenir. Avant même que je ne puisse répondre, Ezekiel réagit. Une fraction de seconde. Ce fut tout ce qu'il fallut.

— Dick, la ferme et mange, cracha-t-il, ses mots tranchant l'air avec la violence d'un coup de fouet.

Un rire éclata dans la pièce, sournois, résonnant comme un écho sinistre. C'était Dick, évidemment. Il semblait savourer la rage qu'il avait déclenchée en Ezekiel, attisant la flamme de la fureur chez mon mari. Ezekiel, installé au centre de la table comme un roi déchu, fixait Dick avec un regard noir, intense, comme s'il envisageait de l'étrangler sur-le-champ. Mais il se maîtrisa, un instant de trop, juste assez pour permettre à l'échange de se poursuivre.

Je restai silencieuse, observant avec une certaine perplexité la manière dont Ezekiel perdait son calme. Qu'est-ce qui pouvait bien provoquer une telle réaction ? Ava ou une autre, qu'importe. Rien de cela ne m'affectait, du moins, c'est ce que je m'efforçais de croire. Je me raclai la gorge, mes yeux se posant lentement sur Dick.

— Je te remercie pour l'intérêt que tu portes à mon ressenti vis-à-vis de cette histoire d'amante. Mais je te trouve bien impoli de vouloir te mêler de notre vie privée, répondis-je, d'un ton glacé, presque clinique.

Dick haussa les épaules, un sourire moqueur jouant sur ses lèvres, comme si ma réprimande l'amusait plus qu'autre chose.

— Très bien, soupira-t-il. Je comprends que vous ne voulez pas en parler.

Mais il n'en avait pas fini. Son regard, cruel, brilla d'une lueur mesquine alors qu'il ajouta, dans un chuchotement venimeux :

— Si j'étais toi, ma petite dame, je ferais attention à Ava. C'est une véritable vipère. Elle n'hésitera pas à te faire enterrer vivante pour être à ta place.

Enterrer vivante ? Si seulement Ava savait... Je lui céderais volontiers ma place, avec un sourire cynique en prime, et emporterais avec moi le réseau des Miller dans ma chute. Mais la vérité était cruelle : cette famille de dégénérés ne me laisserait pas partir sans une contrepartie.

— Ça suffit, Dick, intervint Tania d'une voix glaciale, coupant court à toute autre provocation. Nous ne sommes pas ici pour parler d'Ava, mais pour travailler.