LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]

22 : Mascarade...Séduction...Provocation - partie 2

Je sentais chaque regard peser sur nous, comme des projecteurs braqués sur une scène où le moindre faux pas serait dévastateur. Je servis du vin à Anastasia avec une attention presque théâtrale, chaque geste calculé, empreint d'une tendresse feinte, un spectacle savamment orchestré pour le plaisir malsain de cette assemblée. Ses yeux captèrent brièvement les miens, une lueur de défi brillant dans son regard.

— Vous avez vraiment l'air d'un couple parfait, lança ma cousine Amber d'une voix douce.

La seule que je supportais dans cette farce familiale. Anastasia, elle, sourit, mais je perçus la légère fissure dans son masque. Ce simple compliment l'avait déstabilisée, même si son sourire restait en place, presque imperceptiblement tendu. Je pris sa main sous la table, la serrant. Elle tremblait légèrement. Ce n'était qu'une nuance, un frémissement, mais pour moi, c'était une preuve que la scène lui échappait pour un instant.

L'atmosphère autour de la table devint lourde, comme un couvercle se refermant lentement sur nous. La tension suintait dans l'air, palpable.

— Nous le sommes, répondit-elle finalement, sa voix douce, mais avec une pointe de nervosité à peine perceptible. Moi et Ezekiel, nous nous aimons d'un amour intense.

Elle serra ma main plus fort, comme si elle s'accrochait désespérément à ce mensonge, cherchant à le rendre réel par la force de ses mots. Mais ce contact, froid et distant, trahissait la vérité. Mon regard croisa le sien, une étincelle de défi brillait dans mes yeux. Elle jouait à un jeu dangereux, et elle le savait.

— Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée dans toute ma vie, ma tendre épouse, murmurais-je d'une voix suave, portant ses doigts à mes lèvres pour y déposer un baiser.

Mon regard se fit plus doux, protecteur même, comme si je cherchais à lui offrir un répit dans cette mascarade. À cet instant, je voulais la rassurer, lui faire comprendre qu'elle n'était pas seule dans cette arène de fauves.

Elle se détendit, ses doigts cessant de trembler.

— Eh bien... j'ai beaucoup de chance, murmura-t-elle.

Les autres autour de la table étaient suspendus à chaque mot, leurs visages incrédules. Un mariage arrangé, c'est rarement l'amour qui en découle. Mais nous, nous avions transformé cette situation en arme. Chaque sourire, chaque caresse était une provocation silencieuse. Les regards curieux se mêlaient à une hostilité rampante. Au bout de la table, Jennifer, impassible, sirotait son champagne, feignant l'ignorance face au jeu pervers qui se jouait sous ses yeux.

— Quel bonheur de vous voir si amoureux, ricana enfin l'odieuse morue d'Olga, je n'attendais que ce moment pour tout réduire en cendres.

Cette épave ambulante, avec sa tête de zombie, je vais te renvoyer fissa dans ton cercueil, là où tu n'aurais jamais dû sortir.

— Pourtant, on raconte qu'Ezekiel a des yeux que pour Ava Spencer, et qu'il maltraite sa femme pour qu'elle reste à sa place.

Un silence glacial s'installa, presque oppressant. Je voyais bien qu'Olga, fidèle à elle-même, était toujours aussi bien informée. Pourtant, elle ignorait un détail essentiel : mes sentiments pour Ava étaient encore là, mais ils s'effaçaient peu à peu rapidement, comme une peinture qui s'écaille lentement. Elle demeurait dans mon esprit, mais son image devenait floue, distante.

En revanche, une autre présence accaparait progressivement mes pensées. Anastasia. Belle, envoûtante, d'une intelligence troublante. Elle avait cette manière de captiver l'attention sans même le vouloir. Et je devais l'admettre, elle me fascinait. Mais ce qui m'obsédait encore plus, c'était ce petit jeu que j'avais instauré : la pousser, l'intimider, juste pour voir ce masque de force qu'elle tente de porter se fissurer. Voir son air faussement assuré se transformer en faiblesse, ses yeux briller de larmes contenues. Chaque fois qu'elle voulait se faire passer pour forte, c'était un spectacle dont je ne me lassais jamais.