LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]

66 : Solidarité

Je lui répondis par un sourire poli, un masque parfait de courtoisie mondaine. Derrière cette façade, mon esprit restait aux aguets, mon cœur tendu par l'intuition d'un danger latent, comme une bête tapie dans l'ombre, prête à bondir. Valentina me sourit à son tour, un sourire doux, presque angélique, et tendit la main. Sa peau était glaciale, contraste troublant avec l'apparente chaleur de ses traits. Un léger frisson me parcourut. Ce sourire, délicat en apparence, dissimulait autre chose, une part d'ombre qui la rendait insondable, comme un mystère que je ne savais pas si je voulais percer.

Nous pénétrâmes dans la maison, et Ezekiel mena le couple à leurs chambres d'invités avec une aisance calculée, presque chorégraphiée. Tandis qu'il les guidait, son charisme imposant et cette assurance implacable semblaient envelopper chaque geste, chaque mot. Il n'avait rien perdu de son calme, même face à des invités aussi imprévisibles qu'Arès et Valentina. J'observais son profil net et déterminé, ce masque qu'il ne quittait jamais. Même en présence d'hommes comme Arès Garcia, Ezekiel gardait une maîtrise absolue de la situation, mais moi... moi, je sentais la tempête rôder sous cette surface glacée.

Quand il redescendit enfin seul, Ezekiel s'approcha de moi, ses yeux pétillants d'une satisfaction légère.

— Tu t'es bien débrouillée, murmura-t-il, un sourire moqueur aux lèvres.

Un léger frisson parcourut ma peau. Ses mots portaient une lueur de défi, comme s'il testait mes réactions, cherchant à voir si cette épreuve avait érodé mon calme. Je sentis une chaleur monter en moi, une certaine fierté d'avoir tenu tête à Arès, même sous le poids écrasant de son regard. Mais c'était Valentina qui me troublait véritablement. Cette femme, sereine et implacable, semblait garder des secrets qui me dépassaient, comme si elle jouait un jeu dont je n'avais pas les règles.

Quelques instants plus tard, Arès et Valentina descendirent, prêts à partir. Valentina avait troqué sa robe élégante pour un simple pantalon gris en coton, sobre mais mettant en valeur sa silhouette avec une perfection déconcertante. Même dans cette tenue modeste, elle irradiait une beauté naturelle, une sérénité irritante qui me mettait mal à l'aise. Tandis qu'Arès et Ezekiel échangeaient des paroles légères, ponctuées de sous-entendus à peine voilés, je sentais le regard de Valentina peser sur moi, un sourire tranquille sur les lèvres, comme une observatrice silencieuse des tensions qui s'agitaient dans cette maison.

Le départ approchait. Ezekiel se pencha vers moi pour déposer un baiser léger sur ma joue. Ce geste, presque mécanique, laissa en moi une sensation d'inachevé, comme une étreinte trop froide, trop distante pour me rassurer. Mes doigts effleurèrent brièvement ma joue, là où il avait posé ses lèvres, tandis qu'un goût amer montait en moi. À mes côtés, Arès enlaça Valentina avec une passion brûlante, ses mains fermement posées sur sa taille, ses lèvres s'emparant des siennes dans un baiser ardent. Ce baiser disait tout, une déclaration de possession aussi intense que d'amour. Je détournai les yeux, sentant une amertume étrange se glisser en moi. Pourquoi Ezekiel ne pouvait-il pas montrer un peu de cette même ferveur ? Pourquoi devait-il toujours demeurer aussi distant, même dans les moments où j'avais désespérément besoin de sentir qu'il était à mes côtés ?

Enfin, ils partirent, et la maison fut plongée dans un silence oppressant, comme si même les murs retenaient leur souffle. La lumière des phares disparut au loin, et seul le tic-tac de l'horloge dans le couloir brisait le calme presque irréel. Valentina se tourna vers moi, un sourire énigmatique aux lèvres, mais ses yeux semblaient différents cette fois, plus doux, plus... complices ? Il y avait là une lueur d'intimité, presque de compréhension.

— Alors, que faisons-nous ? demanda-t-elle d'une voix douce, comme si cette nuit qui s'annonçait n'était qu'un simple moment de détente entre amies.