Jennifer écrasa son mégot avec une précision calculée, avant de se tourner vers moi, un verre de whisky à la main. Ses gestes étaient d'une froideur clinique, comme s'ils avaient été répétés des milliers de fois. Elle incarnait cette distance glaciale, cette perfection mécanique qui rendait chaque interaction avec elle presque inhumaine.
— J'ai mis en place un bureau pour toi dans cette maison, dit-elle, sa voix coupant l'air comme un rasoir. Là, tu pourras gérer les affaires du réseau de tes parents. J'ai également pris soin de prévenir les associés et employés du réseau des Miller que tu es la nouvelle dirigeante. Demain, mets-toi au boulot. Nous ne tolérons pas les fainéantes.
Son regard perçant m'évaluait, cherchant probablement la moindre faiblesse, un signe de doute ou de soumission. C'était une mise à l'épreuve silencieuse, et je pouvais sentir tout le poids de son jugement, chaque seconde de ce regard froid me transperçant comme une lame invisible. Le whisky dans son verre semblait être un autre témoin de mon incapacité à lui échapper.
Je pris une grande inspiration pour étouffer la panique qui menaçait de m'envahir et répondis d'une voix que je tentai de rendre aussi stable que possible.
— C'est compris, dis-je, avec une fermeté inattendue.
Ma gorge était sèche, mais je n'avais pas l'intention de plier sous la pression. Ces affaires, ce réseau, cette responsabilité que je n'avais pas demandée... je comptais bien m'en servir. Non pas pour les satisfaire, mais pour me libérer de cette emprise suffocante, pour briser les chaînes qui m'avaient été imposées depuis toujours.
Le silence se figea, lourd, oppressant. Puis Ezekiel, avec cette nonchalance sadique qui lui était propre, éclata d'un rire glacial, résonnant dans la pièce comme le rire d'un prédateur savourant son jeu avant l'attaque.
— Bordel, tu es vraiment hideuse, lâcha-t-il, ses lèvres se tordant en un sourire cruel. Rien qu'à te voir, j'en ai la nausée.
Sa remarque me frappa de plein fouet, comme une gifle invisible. Mais cette fois, quelque chose en moi bouillonnait. Une colère sourde, une rébellion née des humiliations répétées, monta en moi comme une vague incontrôlable. Mes lèvres s'étirèrent en un sourire forcé, que je tentai de rendre provocateur, un masque contre cette douleur.
— À force de me le répéter, je vais finir par croire que tu penses le contraire, dis-je, les mots coulant hors de ma bouche avant même que je ne puisse les arrêter.
Le visage d'Ezekiel se durcit instantanément. Son sourire cruel disparut pour laisser place à une expression presque colérique, comme si j'avais osé piétiner quelque chose de sacré. Ses yeux se plissèrent, deux fentes glacées où ne brillait que du mépris.
— Ah ouais ? Tu veux le prendre comme ça ? grogna-t-il, ses yeux réduits à des fentes brillantes de rage retenue.
Je restai figée, mes muscles crispés par la tension. Chaque fibre de mon corps me hurlait de reculer, de fuir, mais je refusai de bouger. Si je devais me battre, alors ce serait maintenant. Ma voix se fit plus froide, aussi tranchante que le verre.
— Je t'interdis de me rabaisser pour te convaincre que ton amante vaut mieux que moi, lançai-je d'un ton défiant. Je ne suis pas l'une de tes victimes, Ezekiel. Ne t'amuse pas à essayer de me pourrir la vie, parce que tu pourrais être surpris.
Son rire, cette fois, fut encore plus glacé, presque sinistre. Il se leva d'un coup, son fauteuil en cuir grincant sous le mouvement brutal. Il s'avança lentement vers moi, chaque pas comme un coup de marteau dans la pièce. Il s'arrêta à quelques centimètres de mon visage, et je pouvais sentir la chaleur de son souffle, l'odeur âcre de sa cigarette encore présente dans l'air.
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LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]
Mystery / ThrillerQue faire quand les apparences trompent et que le destin vous trahit ? Dans le monde luxueux mais impitoyable d'Anastasia Miller, bien qu'elle soit née dans une richesse apparente, elle n'a jamais connu l'amour de ses parents, toujours absents. Mais...