84 : Accident

1.2K 34 11
                                    

Note de l'auteur :
À l'étage, la situation était tout autre. Ezekiel, Dorian, Dick et Armon étaient réunis autour de la grande table, la gravité de leurs échanges pesant lourd dans l'air. Les enjeux étaient sérieux, chaque mot pesait comme un coup de marteau sur l'acier. Pourtant, malgré l'importance des décisions à prendre, Ezekiel ne pouvait s'empêcher d'être distrait. Ses pensées vagabondaient sans cesse, attirées par les éclats de rire venant de l'extérieur.

Il jeta un coup d'œil par la fenêtre, son regard capté instantanément par la scène en contrebas. Là, Anastasia et Tania se détendaient dans la piscine, leurs silhouettes graciles se mouvant avec une légèreté presque irréelle sous le soleil doré. Le contraste entre ce tableau et la tempête intérieure d'Ezekiel était saisissant. Ses yeux s'attardèrent sur Anastasia. Malgré ses sourires, il connaissait la vérité. Il pouvait lire dans chaque geste, chaque éclat de rire, une douleur qu'elle dissimulait. Sous le soleil, elle était belle, lumineuse même, mais la fragilité de cette lumière le touchait profondément.

— Ezekiel, on a besoin de ton avis ici, l'interpella Armon, son ton sec trahissant une impatience croissante.

Ezekiel détourna les yeux de la fenêtre, se raclant la gorge pour reprendre contenance. Il posa ses mains sur la table, essayant de refocaliser son esprit sur l'affaire en cours. Mais même alors, son cœur était ailleurs, toujours attiré vers elle.

— Oui, bien sûr. Continuons, répondit-il d'une voix grave, bien que son regard trahissait encore son esprit distrait.

Tandis que la journée avançait, Anastasia, dans les bras de son amie, trouva un court répit. Ce n'était qu'une illusion, elle le savait, mais dans ces moments, sous la chaleur bienveillante du soleil, elle pouvait presque croire que les blessures, bien que loin d'être guéries, s'effaceraient avec le temps.

ANASTASIA -

La nuit tomba, enveloppant la maison d'une tranquillité feutrée. Je glissai silencieusement dans la chambre, mes pieds nus ne produisant aucun son sur le sol. La lumière tamisée caressait la pièce de ses ombres douces, et Ezekiel était là, torse nu, assis nonchalamment sur le canapé. Sa posture détendue contrastait avec la tension palpable que je ressentais. Il tenait une cigarette dans une main, un verre de whisky dans l'autre, perdu dans ses pensées.

Je m'approchai lentement, comme si chaque pas nécessitait une décision consciente de ma part. Mon cœur battait fort, l'angoisse me rongeant encore, mais il y avait quelque chose dans la tranquillité d'Ezekiel qui apaisait mon tumulte intérieur.

— Alors, comment te sens-tu ? demanda-t-il, sa voix douce brisant le silence de la pièce. Il me regardait avec une intensité familière, mais adoucie, teintée d'une tendresse invisible.

— Un peu mieux, répondis-je, bien que mon ton n'était pas entièrement convaincant. Je me dirigeai vers le bar, me servant un verre de whisky avant de le boire d'une seule gorgée. La brûlure de l'alcool sur ma gorge était un rappel brutal, mais nécessaire, de ma propre force.

Ezekiel sourit, un sourire à la fois malicieux et tendre. Il posa son verre sur la table, ses yeux ne me quittant pas.

— Tu aimes ? demanda-t-il, une lueur espiègle dans le regard, cherchant à alléger l'atmosphère.

— Je devrais pas ? répondis-je, un sourire en coin se formant malgré moi.

Sans hésiter, je me laissai tomber sur ses genoux, cherchant instinctivement la chaleur de son corps. Ses bras se refermèrent autour de moi, fermes, protecteurs. Ce contact était comme une ancre dans une mer de tourments. Nos regards se croisèrent, et en un instant, toutes les émotions refoulées, la peur, le désir, le besoin d'évasion, explosèrent dans un baiser. C'était un baiser empreint de passion, de désespoir, comme si à travers lui, je cherchais à m'accrocher à quelque chose de réel, quelque chose qui pouvait repousser le vide.

LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant