Il m'aida à me relever avec une délicatesse que je n'avais pas anticipée, m'éloignant de la scène macabre. À mesure que nous marchions vers la villa, les lumières brillantes et la musique festive résonnaient, indifférentes au cauchemar que je venais de vivre. Ces éclats joyeux m'irritaient, comme une insulte à ma douleur.
Nous pénétrâmes dans une pièce feutrée, un contraste oppressant avec la violence du jardin. Les rideaux lourds filtraient la lumière, créant une atmosphère intime, presque étrangère. Je m'effondrai sur le canapé, mes membres épuisés et mon esprit encore engourdi. Le luxe de la chambre me parut soudain grotesque, vide de sens.
Un médecin arriva peu après. Son visage fermé et professionnel ne trahissait aucune émotion alors qu'il nettoyait mes plaies, mais ses gestes semblaient distants, comme si tout cela n'était qu'une formalité. Je l'observais sans vraiment le voir, mon esprit toujours ailleurs, prisonnier des images horribles de la nuit.
Ezekiel, silencieux, ne s'éloigna pas. Il resta à mes côtés, sa main chaude posée sur la mienne, une présence discrète mais apaisante. Malgré tout ce qu'il pouvait représenter – la puissance, la froideur, la domination –, à cet instant précis, il était simplement là pour me soutenir.
Mais les souvenirs me hantaient. Hugo, son sourire sadique, son corps lourd s'effondrant sur moi, le couteau que j'avais enfoncé dans sa chair. Chaque image tournait en boucle dans mon esprit, m'assaillant sans répit. Mes doigts se resserrèrent autour de ceux d'Ezekiel. Je sentis ma voix vaciller tandis que je lâchais, dans un souffle à peine audible :
— Je veux juste... oublier.
Les ténèbres dansaient toujours devant mes yeux, mais sa main dans la mienne, cette simple connexion, était la seule chose qui me rattachait encore à la vie.
***
Le soleil se levait doucement sur Miami, teintant la chambre de nuances dorées, comme si la ville cherchait à effacer les horreurs de la nuit passée. Pourtant, cette lumière ne parvenait pas à chasser les ténèbres qui m'habitaient. Le poids du cauchemar que j'avais vécu pesait encore sur ma poitrine. Je restais allongée, le regard fixé sur le plafond, incapable de bouger, comme si la terreur s'était ancrée en moi. Le visage de Hugo, inexpressif dans la mort, ses yeux vides, me hantait, me poursuivant dans chaque recoin de ma mémoire. Le sang qui avait maculé le jardin semblait s'étendre autour de moi, s'infiltrant dans mes pensées, rendant toute tentative d'évasion impossible.
Ezekiel n'avait pas échappé à ce chaos non plus. Lui et ses hommes avaient été attaqués de toutes parts, et maintenant, Olivier et Sonia étaient à l'hôpital. Mais rien de tout cela ne comptait à mes yeux. Seule la trahison, la douleur de son absence, résonnait en moi. L'homme que je croyais infaillible, celui qui avait promis de me protéger, m'avait laissée face à la mort.
Le silence de la maison fut brisé par des pas dans le couloir. Ezekiel. La porte de la chambre s'ouvrit, et il apparut, les traits marqués par l'épuisement. Ses yeux, d'habitude si perçants, semblaient ternis par une rage contenue et une culpabilité qu'il tentait de dissimuler. Il referma la porte doucement, presque avec précaution, comme s'il avait peur de briser le fragile équilibre qui tenait encore cette pièce.
Il s'approcha du lit, et ses doigts effleurèrent mon visage avec une tendresse inattendue. Sa main repoussa une mèche de mes cheveux, un geste aussi doux que douloureux.
— Comment te sens-tu ? murmura-t-il, sa voix basse résonnant dans le silence oppressant de la pièce.
Je ne pouvais pas répondre. Comment exprimer cette sensation d'être brisée, de flotter dans un vide où rien ne semblait réel ? Les cernes sous mes yeux devaient suffire à répondre pour moi. Je restais silencieuse, et pourtant, en moi, tout hurlait. Le poids des événements me clouait sur place, m'empêchant de respirer.
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LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]
Mystery / ThrillerQue faire quand les apparences trompent et que le destin vous trahit ? Dans le monde luxueux mais impitoyable d'Anastasia Miller, bien qu'elle soit née dans une richesse apparente, elle n'a jamais connu l'amour de ses parents, toujours absents. Mais...