67 : L'ombre des assassins - partie 1

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Quelques minutes plus tard, la sonnette retentit, brisant le silence tendu qui régnait dans la villa. Je me levai pour récupérer la commande. À la porte, un des gardes me tendit le sac de sushis, mais son regard perça l'obscurité extérieure, sa posture rigide comme s'il cherchait à repérer une menace invisible. Il me souhaita une bonne soirée, mais son ton portait une gravité inhabituelle qui me fit frissonner. Je refermai la porte, une vague d'inquiétude s'immisçant en moi.

En revenant dans le salon, je découvris Valentina assise, absorbée par son téléphone, ses doigts tremblants tandis qu'elle lisait un message. Son visage, habituellement serein, portait une expression de terreur dissimulée sous une mince couche de maîtrise. L'air semblait s'épaissir autour de nous, chargé de quelque chose d'inexprimé, d'indéfinissable.

— Les sushis sont là, dis-je, ma voix sonnant étrangement haut-perchée, essayant maladroitement d'alléger l'atmosphère.

Elle releva la tête, me sourit brièvement, mais son regard restait hanté, comme si elle voyait bien au-delà de la pièce. Ce sourire, aussi délicat soit-il, ne parvenait pas à chasser l'ombre inquiétante qui la recouvrait, comme un voile invisible, mais oppressant.

— Parfait, répondit-elle d'un ton trop léger pour être honnête. Allons voir ce film, alors.

Nous nous installâmes côte à côte, mais le silence entre nous était presque assourdissant. Valentina semblait présente en apparence, mais chaque mouvement était calculé, chaque respiration un peu plus lourde, comme si elle portait un poids qu'elle ne voulait partager. Le film démarra, mais nos yeux glissaient par intermittence vers nos téléphones, l'attente de l'inévitable suspendue au-dessus de nous.

Après quelques minutes, un vrombissement rompit le silence : son téléphone vibrait sur la table, affichant un « Numéro inconnu » sur l'écran. Je vis sa mâchoire se contracter alors qu'elle regardait le message. Son visage se durcit, les doigts serrés autour de l'appareil, ses épaules légèrement secouées par une tension à peine contenue.

— Excuse-moi, murmura-t-elle en se levant brusquement. Je dois répondre à cela.

Je la suivis des yeux tandis qu'elle s'éloignait vers la cuisine, chacun de ses pas résonnant dans l'espace vide, son allure nerveuse révélant une inquiétude qui me glaça. Je sentais que quelque chose de grave se jouait, mais l'incertitude me rendait chaque seconde plus lourde. À ce moment-là, mon propre téléphone vibra, affichant le nom d'Ezekiel.

— Tout va bien ? demanda-t-il, sa voix grave et tendue, chaque mot résonnant d'un avertissement latent.

— Oui... tout est calme ici, dis-je, mon ton volontairement léger, mais mon cœur battant plus vite. Et de ton côté ?

— Comme prévu. Reste en sécurité avec Valentina, ajouta-t-il avant de raccrocher brusquement.

Ses mots restèrent en suspens, imprégnant l'air d'une lourdeur que je ne pouvais ignorer. « Reste en sécurité », un murmure qui semblait plus une prière qu'un simple conseil. Puis, soudain, la lumière s'éteignit, plongeant la pièce dans une obscurité totale. Mon cœur se figea, une vague de panique se répandant dans mon corps.

— Valentina ?! murmurais-je, ma voix vibrante de terreur.

Elle réapparut aussitôt, éclairant faiblement la pièce avec la lampe de son téléphone. Sa silhouette tremblait légèrement dans la pénombre, et son regard, agrandi par la peur, cherchait à capturer chaque recoin de l'obscurité.

— Que se passe-t-il ? chuchotai-je, sentant ma voix se briser sous la pression.

— Je ne sais pas... répondit-elle, sa voix à peine audible, résonnant comme un souffle. Sommes-nous... vraiment seules ici ? ajouta-t-elle, son ton froid me faisant frissonner davantage.

LIÉE À LUI MALGRÉ MOI [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant