Chapitre 3

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Ce matin, je me réveille avec une gueule de bois inimaginable. Pourtant je me souviens d'avoir bu de l'eau en arrivant chez moi, d'ailleurs je ne me rappelle que de ça. Je m'étire dans le lit et me lève difficilement de ce dernier. Pour la première fois, depuis bien longtemps je n'ai pas préparé mes affaires la veille. J'entends quelqu'un sonner à la porte de l'appartement, je me demande qui cela peut être à une heure aussi prématurée. Je remets correctement mon gilet sur moi avant d'ouvrir la porte, je suis étonnée de voir Daniela.


« C'est bien ce que je craignais... », constata-t-elle, pleine de compassion.


Je dois avoir une mine affreuse si elle est capable de deviner que je n'assume pas la cuite que je me suis mise hier. Elle entre dans l'appartement et me tends un paquet venant de la boulangerie du quartier, je regarde à l'intérieur les petits pains au chocolats. Ça me donne faim tout ça, ça fait bien longtemps que cela ne m'était pas arrivée.


« Je suis désolé de faire irruption chez toi aussi tôt, mais je me suis dit que l'on pourrait parler de ce qui s'est passé hier... »


Elle retire son manteau et le pose sur le canapé avant de se retourner sur mon visage stupéfait. J'ai fait quoi hier pour qu'elle ressente le besoin de m'en parler. La dernière fois qu'elle avait fait une telle chose, je venais de me disputer avec mon copain et elle voulait me raisonner.


« Tu veux boire quelque chose ? », lui demandai-je


Elle acquiesce tout en me suivant vers la cuisine. Heureusement que l'appartement est toujours propre et bien rangé, j'avais pris cette manie quand j'avais commencé à vivre avec Matthew. Avant lui, j'étais vraiment bordélique.


« Un thé ?, lui proposai-je.

— Oui, avec plaisir »


Elle me sourit tandis que je fais bouillir l'eau. Dans ce laps de temps, je sors deux tasses et deux sachets de thé. Je baille un court instant avant d'entendre la bouilloire émettre un petit son, m'avertissant que l'eau était prête. Je verse l'eau dans les tasses avant de lui en remettre une. Dani pose ses mains autour pendant que je souffle sur la mienne.


« Je ne me souviens de rien, hier...

— Je sais vu ce que tu as ingurgité en alcool, me sourit-elle. J'aimerais juste savoir pourquoi tu as fait ça ?

— J'en avais besoin... Je voulais oublier l'espace d'un instant ce qu'était ma vie maintenant...

— Tu n'as pas forcement fait bonne impression auprès de nos amis, m'avoua Daniela.

— Je suis désolé. Je ne voulais pas te causer du tort...

— Meï, je ne t'en veux pas. Je sais qui tu es et ce que tu vaux en amie et hier je ne t'ai pas reconnu. Tu étais méchante et agressive avec Abrían et tu ne t'es pas mieux comporter avec Stacey. Peut-Être que June est celle qui s'en sort le mieux finalement. »


Je ne me souviens pas de Stacey, ni de June et Abrían. Je me souviens seulement d'avoir bu à ne plus pouvoir faire autre chose que ça. Je bois une gorgée de mon thé avant de me servir un pain au chocolat dans le sachet.


« Tu m'en vois navrée car je ne me souviens de rien. Je m'excuserais si j'ai l'occasion de les revoir un jour, la rassurai-je.

— Je ne dis pas ça pour ça.

— Alors pourquoi tu me racontes tout ça ?

— Je m'inquiète pour toi. Je devine que perdre son copain n'est pas facile à vivre tous les jours, je ne sais pas comment je serais si je perdais Andrew mais ce que je sais c'est que tu souffres plus que tu le montres et tu es en train de te détruire à petit feu... Je ne peux pas te forcer à me parler, personne ne peut te l'obliger d'ailleurs mais je suis très très inquiète pour toi.

— Je vais bien à part quelques petites insomnies...

— Tu mens mal Meï !

— Je t'assure que je vais bien mais hier quand tu m'as dit que c'était mon ex et pas mon copain, tu m'as blessé...

— Je sais et je m'excuse... Seulement parfois j'aimerais que tu comprennes que tu dois refaire ta vie et rencontrer de nouveau garçon... Personne ne remplacera Matthew et si l'autre homme t'aime vraiment, il ne cherchera pas à le remplacer ! »


Rien que l'idee de devoir refaire ma vie me brise le coeur. En faisant cela, j'aurais l'impression de le tromper et de tirer définitivement une croix sur lui. Je ne suis pas prête à passer à autre chose.


« Tu sais chaque matin, je me réveille avec un vide immense. Parfois même ce manque me réveille en pleine nuit quand je sens le lit froid... Je ne le fais pas exprès de devenir agressive avec les gens, d'ailleurs ça me perturbe la plupart du temps. Je me sens obligée d'être sur la défensive. Dani, j'ai enterré mon copain à 23 ans après huit ans de relation. C'est aussi mon premier amour... Je ne sais pas comment expliquer ce que je ressens tellement j'ai mal !

— J'imagine. Tu sais à un autre niveau que le tien la rupture avec son premier amour est toujours difficile. Y a pas une fille sur terre qui l'a bien vécu, on ne le vit pas bien. Moi la première, mais j'ai la chance de me dire qu'il est en vie et heureux là où il est ce qui n'est pas ton cas...

— Je sais mais tu vois je pense qu'un deuil ce n'est pas la même chose qu'une rupture, même si dans le fond on perd un être qui nous est cher... Mais je m'excuserais auprès d'eux, si j'ai l'occasion de les revoir »


Je lui souris chaleureusement et remercie le ciel qu'elle soit venue et que l'on est pu discuté de quelque chose dont je ne parle pas forcement. C'est un peu mon sujet tabou. Je ne sais pas ce que j'ai fait pour devoir m'excuser auprès d'eux mais pour que Dani fasse le déplacement jusqu'à chez moi à huit heures c'est que j'avais pas eu le comportement adéquate, mais vraiment pas. Je m'excuse auprès d'elle et pars sous la douche avant de me changer pour partir au travail.

L'iris bleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant