Le 6 septembre 2021, Montréal
Point de vue Meï
En sortant de l'avion, j'ai beaucoup de mal à me dire que je suis en train de fouler le sol canadien. Cela fait deux ans que je ne l'ai pas foulé et je dois bien admettre que ça me fait assez bizarre d'entendre parler québécois. Mon élastique glissant, je détache mes cheveux et les remets en un chignon désorganisé.
Je baille et attends patiemment mon bagage sur le tapis roulant, les pieds tapotant le sol avec impatience. Le voyage a été long et éprouvant, nous avons dû atterrir d'urgence à Vancouver pour raison technique et attendre plus de deux heures avant de pouvoir repartir. Là, je ne rêve que d'une chose, être à Saguenay et me reposer.
D'ailleurs, June doit être en train de m'attendre dans le hall. Tout du moins je l'espère. J'ai tellement hâte de la revoir, enfin de les revoir tous. Je me rends compte que je viens de passer deux ans loin de mes proches, tout du moins ceux qui me semblent les plus proches. Skype c'est bien, mais ça n'égale en rien les discussions en face à face.
Je n'arrive pas à l'expliquer mais j'ai l'impression que cette semaine est décisive dans ma vie. Est-ce que je préfère la Chine ? Ma vie est-elle encore à Saguenay ou du moins au Québec ?
Voyant ma valise, je la prends machinalement. Dans la précipitation, je bouscule quelqu'un qui me râle dessus.
« Excusez-moi », dis-je rapidement en m'en allant.
Quand j'arrive dans le hall, je ne vois pas June ou alors je ne la reconnais pas ce qui serait assez inquiétant car on se parle très régulièrement en ce moment surtout avec les préparatifs du mariage. Je regarde mon portable, aucun message. Je reporte de nouveau mon attention autour de moi et vois au loin, une jeune femme qui regarde sa montre. June.
« Eh bien, tu n'es pas facile à débusquer ! », plaisantai-je.
June me regarde avant de me sauter dans les bras. Au moins, je sais que j'ai manqué à quelqu'un ici. Elle se détache et me regarde longuement.
« Quoi ?
— Tu es resplendissante !
— Ah bon ?, m'étonnai-je.
— Oui ! Je suis sure que tu as la côte en Chine ! »
Je la regarde un peu perplexe. En vérité, non. Je ne cherche même pas à séduire ou plaire en Chine, c'est à des années lumières d'être mes préoccupations.
« Pas trop difficile de quitter Fenghuang ? »
Elle me fixe avec une infinie douceur avant de prendre le chemin de la voiture. On a à peu près cinq heures de route à faire avant d'arriver à Saguenay, autant dire une éternité.
« Les enfants ont pleuré et ne voulaient pas que je parte... C'était compliqué de leur faire comprendre que je ne partais pas définitivement mais juste pour une semaine. J'avais vraiment énormément de peine.
— Je comprends... Les enfants sont des êtres très attachants.
— Oui tout à fait ».
Je continue de la suivre avant d'arriver devant ce que j'imagine être sa voiture. Je mets la valise dans le coffre et monte auprès d'elle à l'intérieur.
« Tu nous as manqué, me dit-elle en se ceinturant.
— J'espère bien ! », ris-je.
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L'iris bleu
RomanceDepuis la mort de son compagnon, trois ans auparavant, Meï Sullivan ne se sent plus tout à fait la même. Tout est devenu plus difficile et compliqué. Ses relations avec la gente masculine sont au point mort et ceci semble lui convenir au grand dam d...
