Vers le milieu de la soirée, je me lève sous les yeux inquiets de James. Je lui souris avant de poser une main sur son épaule dans un geste rassurant. Au milieu de cette foule qui semble ne pas désemplir, je commençais à étouffer et avoir besoin d'air frais devenait vital pour moi. Les autres n'ont pas plus remarqué mon départ que celui d'Abrían, il y a à peine dix minutes.
En sortant du bar, je vois Abrían qui fume sa cigarette en regardant le ciel. Par mimétisme, je lève les yeux vers le ciel aussi. La lune n'était pas apparente, les nuages l'étouffant.« Dommage que les nuages gâche la nuit étoilée », soupira-t-il
Je ne me suis même pas rendue compte que je m'étais approchée de lui. Je lui souris auquel il y répond par un rictus convenu.
« Tu en veux une ?, me proposa-t-il en désignant son paquet de cigarette.
— Non merci, déclinai-je. J'ai arrêté de fumer depuis bien longtemps et tu devrais en faire de même !
— Stacey me dit la même chose, rit-il.
— Elle a raison !
— C'est ton copain qui t'a supplié d'arrêter ? »
Au souvenir de Matthew, je perds mon sourire. J'avais décidé par moi-même d'arreter de fumer mais il est vrai que Matthew m'avait encouragé dans ce sens.
« Enfin je ne voulais pas paraitre indiscret, s'excusa-t-il
— Tu ne l'es pas. Disons que mon copain m'avait encouragé à le faire mais toi qui est médecin, tu dois savoir mieux que quiconque que c'est notre propre volonté qui nous fait arrêter...
— Tu sous-entends que je ne suis pas volontaire ?, plaisanta Abrían en écrasant sa cigarette
— Je ne te connais pas donc je ne peux pas me permettre d'émettre un tel jugement, lui souris-je
— Oui c'est d'ailleurs pour cette raison que tout à l'heure tu as dit et je te cite que tu te demandais bien comment Stacey pouvait supporter un homme de mon espèce... »
Je le dévisage, un peu hébétée. J'y suis allée un peu fort tout à l'heure, je dois bien me rendre à l'évidence. Son ton est loin d'être froid et sec, il est plutôt amusé de me faire prendre à mon propre jeu.
« Excuse-moi pour tout à l'heure, c'était mal venu...
— Je ne t'ai pas dit ça pour que tu t'excuses. Tu sais ce n'est pas une mauvaise chose d'avoir du répondant, puis moi aussi je me pose la question aussi.
— Vous êtes ensemble depuis longtemps ?
— Deux ans mais tu es bien curieuse, me dit-il en faisant un clin d'oeil.
— Je suis désolé pour tout à l'heure avec ma meilleure amie...
— Ah quand elle a dit que tu restais muette devant les beaux garçons ? J'ai trouvé ça très drôle et assez vrai !
— Permets-moi de te dire que tu as tort !
— Alors pourquoi depuis tout à l'heure tu es à côté de James et que tu ne lui décroche pas un seul mot ?
— Si c'était vrai, pourquoi je serais en train de te parler ? », lui demandai-je.
Il me dévisage et c'est à cet instant très précis que je me rends compte de l'énormité que je venais de sortir. Je me mords la lèvre avant d'essayer de reprendre de ma superbe.
« Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, me défendis-je.
— Pourtant tu l'as dit, rit-il.
— Pour répondre à ta question, je ne lui parle pas beaucoup car je ne suis pas très à l'aise avec lui et je préfère être un peu distante... »
Il acquiesce tandis que le silence nous submerge. Je m'accoude à la barrière, tout comme lui quand Stacey fait son apparition auprès de nous.
« Vous faites quoi, seuls tous les deux ? Tout le monde est à l'intérieur, dit-elle surprise.
— J'avais besoin de fumer et je sais ce que tu vas me dire mais je m'en fiche, lui dit-il amusé
— Fais ce que tu veux après tout ! Et toi, Meï ?
— J'avais juste besoin de prendre un peu l'air, lui souris-je.
— Ça va ?, s'inquiéta-t-elle
— Mais oui, ce n'est pas parce que l'on a besoin de prendre l'air que l'on n'est pas bien, dit-il blasé.
— Chéri sans vouloir te vexer, je suis une fille et y a certains trucs qui dépassent la gente masculine. Une fille qui a besoin de prendre l'air c'est souvent car elle ne se sent pas bien », soupira-t-elle.
Abrían lève les yeux au ciel alors que je me mets à rire à gorge déployée. Ces deux-là, ils étaient vraiment fait pour se rencontrer. Le même caractère mais pas forcement la même vision des choses. J'en reviens même à me demander lequel des deux porte la culotte dans le couple...
« Tu vois qu'elle va bien ! Je peux être de bonne compagnie tu sais, plaisanta Abrían.
— C'est vite dit, conclut-elle.
— Je vais bien, les coupai-je. D'ailleurs je vais rentrer »
A ces mots, je joints les gestes. Il fait tellement chaud à l'intérieur que la sensation d'étouffement refait surface à mon grand dam. Je me rassois entre James et Joy.
« Ça va mieux ?, me demanda James
— Oui ne t'inquiète pas, lui souris-je.
— Si je m'inquiète car tu es mon amie », me glissa-t-il au creux de l'oreille
J'acquiesce et bois d'une traite le reste de mon verre. Stacey et Abrían refont leur apparition devant les regards inquisiteurs des autres, se demandant bien où ils étaient passés tous les deux. Abrían me fait un léger sourire avant de s'asseoir, Stacey sur ses genoux.
La soirée s'est bien passé beaucoup mieux que la dernière fois, peut-être car j'ai fait l'effort d'apprendre à faire connaissance avec ceux que je ne connaissais pas, contrairement à la dernière fois où j'ai passé mon temps à boire et à être désagréable au vu des dires de Dani.

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L'iris bleu
RomanceDepuis la mort de son compagnon, trois ans auparavant, Meï Sullivan ne se sent plus tout à fait la même. Tout est devenu plus difficile et compliqué. Ses relations avec la gente masculine sont au point mort et ceci semble lui convenir au grand dam d...