Point de vue Meï« Ça va ? », s'inquiéta Chan.
J'ai une tête à aller bien. Je suis à des milliers de kilomètres et on arrive encore à me mêler à des histoires qui n'ont aucun sens pour moi. Je suis ici pour me reposer, penser à des choses positives et m'éloigner de ma vie canadienne.
« Non ! », m'exclamai-je
Elle semble étonnée par mon ton. Si je réfléchis bien, il doit être 20h00 là-bas. Je pars rapidement dans ma chambre et tente de joindre Abrían qui me répond au bout de quelques secondes.
« Je ne sais pas ce qu'il se passe entre toi et Stacey mais j'en ai ras le bol d'être entre vous deux ! Si je suis en Chine c'est pour me reposer et me reconstruire. Je ne suis en aucun cas là pour distribuer les points entre vous...
— Attends Meï je ne comprend...
— Jusqu'à maintenant j'ai été gentille et agréable mais j'arrive à saturation de son comportement de gamine et de jalouse maladive. Alors je ne sais pas couche avec elle comme tu n'as jamais couché avec elle, mais bouge ton cul pour qu'elle arrête de s'en prendre à moi ! Sur ce, salut ! », criai-je.
Je raccroche sans lui laisser la possibilité de me répondre quoique ce soit. Trop c'est trop. Je respire profondément avant de sortir de ma chambre où je tombe nez à nez avec le petit Liang.
« Tu me cherchais ?, lui demandai-je gentiment.
— Oui, tu avais dit que tu nous parlerais de ton pays aujourd'hui !
— Ah oui c'est vrai ! », lui souris-je.
J'ai remarqué à plusieurs reprises qu'ils sont très curieux de savoir d'où je viens. Pour eux, je viens de très loin alors qu'en réalité je ne suis pas si loin que ça. Liang me prend la main et m'emmène rapidement auprès des autres.
« Meï ! », s'enthousiasma les enfants.
Je leur souris avant de m'asseoir en taille indienne auprès d'eux.
« Alors qu'est-ce que vous aimeriez savoir sur le Canada ?, leur demandai-je.
— Tout ! », s'enthousiasma Meng.
Alors nous partons dans un échange des plus intéressants, chacun à sa question et en fonction de l'âge les questions sont plus ou moins pertinentes. J'aime beaucoup échanger et partager avec eux. Ils sont tous très attentifs à mes réponses, prêt à rebondir dessus en cas de curiosité.
« Et comment ça t'es venue à l'idée de venir ici ?
— Ma maman est née dans la région et je venais de temps en temps ici pour voir mes grands-parents, leur souris-je.
— Et ta famille ne te manque pas ?
— Un peu si mais je suis bien ici avec vous », répondis-je.
Madame Ling vient nous interrompre afin que l'on aille tous prendre le petit-déjeuner. Elle me fait un petit sourire tandis que je sens mon portable vibrer.
De Abrían
Tu m'expliques ta crise ?A Abrían
Ta pouffe qui m'a encore envoyé un message en me disant que j'ai gagné !Oui je peux devenir vulgaire quand je suis énervée.
De Abrían
Ma pouffe ? Tu es sérieuse là !?A Abrían
Très sérieuse ! J'en ai ras le bol ! Tu le prends mal ? J'en ai rien à foutre. Comprend bien une chose, je veux avoir la paix. Encore un seul message d'elle et je te jure que tu n'entendras plus jamais parler de moi ! Au bout d'un moment MERDE ! 😡Je suis injuste car je m'en prends à lui plutôt qu'à Stacey, mais le problème vient de lui. Stacey ne serait pas comme ça avec moi, s'il lui montrait un minimum d'intérêt. J'eteins mon portable et rejoins Chan et les enfants à la cantine de l'orphelinat.
« Ça va mieux ?
— Oui, lui souris-je en m'asseyant auprès de Chan.
— Un problème au Québec ?
— Exactement ! Certaines personnes ont dues mal à comprendre qu'ils ne sont pas le centre de mon monde !
— Oh, dit-elle surprise. Je suis désolé !
— Tu n'y es pour rien », plaisantai-je.
Je mange sans grand appétit mon petit-déjeuner. Je commence à avoir quelques remords de m'en être prise de cette manière à Abrían, il n'est peut-être au courant de rien. Je reste silencieuse et j'entends à peine les enfants discuter tellement je suis perdue dans mes pensées. Je finis par éclater en sanglot sous les yeux étonnés de Chan et des enfants.
Je pars précipitamment dans ma chambre où Chan vient me voir quelques minutes après.
« Qu'est-ce que tu as aujourd'hui ? »
Comment lui dire qu'aujourdhui ça fait quatre ans que mon fiancé est mort ? Comment lui dire que je vis mal le fait de ne pas pouvoir fleurir sa tombe comme j'ai l'habitude de le faire tous les 26 janvier ? Comment lui dire que j'ai une fille qui pense que je veux lui piquer son mec alors que je m'en fiche ?
« Je suis désolé. Je vais me ressaisir !
— Non je te demande ce que tu as là, je ne te demande pas de te ressaisir ! Alors ?
— Rien c'est juste une journée difficile pour moi...
— Pourquoi ?
— J'ai perdu mon fiancé il y a 4 ans jour pour jour...
— Oh je suis navrée. Je ne savais pas...
— Je n'en parle pas beaucoup ou souvent, non plus.
— Mais ça n'explique pas pourquoi tu étais en colère tout à l'heure ? Même si on ne comprenait pas ce que tu disais au téléphone tout le monde s'est douté que tu explosais.
— Y a une fille qui pense que je veux lui voler son copain !
— Et c'est faux ?
— Bien sûr que c'est faux ! On est tout juste ami tous les deux ! », m'emportai-je.
Elle me sourit tandis que j'essuie les quelques larmes qui s'échappent de mes yeux. Il faut que je me ressaisisse, ne serait-ce que pour les enfants ! Je sais qu'ils sont réceptifs et je n'ai pas envie de les inquiéter, puis je suis ici pour oublier Matthew et pouvoir avancer de nouveau.
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L'iris bleu
RomanceDepuis la mort de son compagnon, trois ans auparavant, Meï Sullivan ne se sent plus tout à fait la même. Tout est devenu plus difficile et compliqué. Ses relations avec la gente masculine sont au point mort et ceci semble lui convenir au grand dam d...