Le lundi 1er juillet 2020,
Point de vue Abrían
En sortant de l'hôpital, je décide de rendre visite à June. Avec le travail, je n'ai plus beaucoup de temps pour moi et le peu de temps que je peux avoir, je l'utilise pour me reposer. D'un certain côté ça a l'avantage de me faire oublier que j'ai quitté Stacey et que je m'en suis pris plein la tête par Meï, toujours à cause d'elle. J'aurais certainement aimé savoir ce qui s'est passé dans sa tête pour qu'elle craque à ce point. Après je peux la comprendre, Stacey prenait un malin plaisir à la persécuter pour un rien. Je pousse un long soupir tout en marchant en direction de la boutique.
Quelques minutes plus tard, de la vitrine, je vois June qui s'active dans le magasin. Elle semble mettre de l'engrais et arroser ou vaporiser les plantes et les fleurs. Sa boutique c'est vraiment son bébé, l'intérieur comme l'extérieure est soignée. Elle est attentive à tout. Je passe la porte et au bruit de la sonnette, elle se retourne vivement, le vaporisateur en suspension.
« Salut », lui souris-je.
Elle me le rend et vient me faire la bise pour me saluer.
« Tu as l'air débordé, constatai-je.
— Ne m'en parle pas ! Nous sommes dans les beaux jours, j'ai pleins de commandes à faire et je suis toute seule. Avant je pouvais toujours demander à Meï, mais là... »
Elle soupire avant de passer une de ses paumes sur son front.
« Tu devrais employer quelqu'un, lui suggérai-je.
— Je n'ai pas les moyens !
— Oui ou tu veux garder ton bébé pour toi », plaisantai-je.
Elle lève les yeux au ciel avant de reposer le vaporisateur sur le comptoir.
« Disons que je veux une personne en particulier et elle est pas là à cause de toi !, s'exclama-t-elle en fronçant des sourcils.
— Stacey ?, la taquinai-je.
— Ça va pas la tête ! Je préfère mourir que de travailler avec elle !
— C'est bon à savoir », ris-je.
Elle me tire la langue alors que je m'esclaffe. J'avais oublié que j'aimais bien la taquiner de temps à autre mais avec Stacey, être proche d'elle était quasiment impossible.
« Non moi je te parle de Meï...
— Je sais, je sais ! Mais je n'y suis pour rien si elle ne parle à personne depuis six mois.
— Même Daniela n'a pas de nouvelles ! Si ça se trouve elle est morte et on ne le sait même pas !
— Tu es d'un pessimisme !, m'exclamai-je en souriant. Elle est partie pour se reposer et pour essayer de passer à autre chose.
— Parfois je t'en veux vraiment de lui avoir dit que ça ne lui ferait pas de mal d'aller en Chine.
— Je ne lui ai jamais dit de partir. Moi aussi elle m'a prise au dépourvue mais je comprends son choix. Ici, tout lui rappelle son ancien copain.
— Elle me manque, soupira-t-elle.
— Moi aussi. », souris-je.
Elle acquiesce avant de griffonner quelque chose sur son calepin. Certainement une idée de composition ou un produit à acheter prochainement. Je la regarde écrire, concentrée sur ce qu'elle désire marquer.
« Tu n'as pas essayé de savoir pourquoi elle s'en est prise à toi en janvier ?
— Non. Toute manière je sais que Stacey est derrière tout ça.
— Quelle chieuse cette fille ! T'a rien perdu en la quittant !
— C'est ce que je me dis quand je suis de repos et que personne ne me prend la tête pour telle ou telle chose, ris-je.
— Elle n'a pas essayé de te reparler ?
— Si elle a tenté. Elle m'a même sortie le blabla du j'ai bien réfléchis et j'ai changé. Mais pour moi c'est fini !
— Heureusement sinon avec Andrew on t'aurait coupé en petit morceaux et donné aux lions... Enfin y en a pas beaucoup par ici », plaisanta-t-elle.
Je lève les yeux au ciel. Elle a le don d'exagérer les choses parfois. Cependant si j'avais cédé aux avances de Stacey, elle comme Andrew, ils m'auraient laminés.
« Bon sinon ton travail ?
— Ça va... Là j'ai deux jours de repos devant moi pour dormir.
— Et essayer de parler à Meï.
— Non June. Je ne lui parlerai pas !
— Allez s'il te plaît ! Il n'y a que toi qui peut faire quelque chose. Moi ça fait deux semaines que j'essaie d'avoir de ses nouvelles mais elle ne répond pas. Daniela c'est pareil.
— Qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans le fait qu'elle veut être seule et profiter d'être là-bas pour penser à autre chose qu'à Saguenay ?, soupirai-je.
— Poule mouillée ! Tu ne veux pas prendre de ses nouvelles parce que tu as peur qu'elle te renvoie sur les roses ! », me taquina-t-elle.
Il est vrai que je n'ai pas envie d'avoir un mur en face de moi. Maintenant que je sais à quoi ressemble une Meï en colère, je ne préfère pas tenter le diable.
« June ! Fais-moi confiance, elle reviendra nous parler quand ça ira mieux de son côté », lui souris-je.
Elle me dévisage avant de pousser un juron. Je ne céderais pas, même si elle me faisait sa tête de petite fille sans défense. Voyant que je n'allais rien faire dans son sens, elle finit par changer de sujet à mon plus grand bonheur.
« En tout cas, tu sembles mieux sans Stacey. Je retrouve peu à peu mon meilleur ami, me sourit-elle.
— Ça va peut-être te surprendre mais moi aussi je me sens mieux ! »
Je lui fais un clin d'œil alors qu'elle se met à rire. On dit souvent qu'il vaut mieux être seul que mal accompagné et je ne peux qu'être d'accord.
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L'iris bleu
RomanceDepuis la mort de son compagnon, trois ans auparavant, Meï Sullivan ne se sent plus tout à fait la même. Tout est devenu plus difficile et compliqué. Ses relations avec la gente masculine sont au point mort et ceci semble lui convenir au grand dam d...
