Chapitre 65

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Le dimanche dans l'après-midi,

En regardant l'heure inscrit sur mon portable, je ne peux m'empêcher de me dire que ce soir, ça sera la dernière fois que je verrais ma bande d'amis avant un long moment. J'ai le cafard depuis hier soir rien qu'à l'idée de me dire que mardi je serais de nouveau en Chine. Je sais de moins en moins où est ma place, ultimatum d'Abrían ou non. Leur voix, leurs rires, leurs sourires, leurs blagues et leurs taquineries vont tellement me manquer même si c'est toujours moi qui en fait les frais. Le plus surprenant pour moi, peut-être, c'est ce pincement au cœur rien que de penser au fait que ça va être le retour du bon vieux Skype de douze heures de décalages avec Abrían.

« J'espère pour Abrían qu'il n'a pas opté pour la chemise ! », s'exclama June catastrophée.

Je soupire en levant les yeux au ciel. Avec eux, c'est fini, ils vont me charrier jusqu'à la nuit des temps. Je ne sais pas du tout ce qui m'a pris, un moment d'égarement enfin gros moment d'égarement pour vouloir lui ôter la chemise.

« Très drôle, June !

— Bah quoi ? C'est vrai !

— On peut éviter de reparler de ce moment qui est pour le moins très embarrassant !

— Non parce que tu aurais dû voir la tête de Stacey, à la limite du outrée !, s'esclaffa June.

— S'il te plaît June ! »

Je pose mes mains contre mes oreilles pour ne plus rien entendre. Elle comprend ce que c'est la honte ? Parce que là moi ça fait deux jours que je le vis et même les paroles rassurantes d'Abrian ne retirent pas le fait que j'ai voulu le voir torse nu. Si ça se trouve j'ai fait bien pire et il ne préfère pas me le dire.

« Non mais honnêtement Meï dans l'histoire tu t'en sors bien... Tu aurais très bien pu t'attaquer à son pantalon plutôt qu'à sa chemise, tu as été soft ! »

Je pose un coussin du canapé sur mon visage. Déjà pour dissimuler mes rougeurs et deuxièmement parce que je me sens terriblement ridicule. Cependant elle n'a pas tort, bourrée, j'ai quand même eu un chouïa de décence. Là clairement si j'avais fait une telle chose, je n'aurais jamais pu le revoir en face. Déjà que là, rien que de me dire que je vais le voir, ça me mets le ventre en vrac.

« Ma vie est un bordel !

— Non tu ne peux pas dire ça ! Disons que ton inconscient a fait abstraction de ton conscient donc tu t'es retrouvée à vouloir le déshabiller !

— Ça ne justifie pas tout ! Si ça se trouve j'ai fait ou dit bien pire et il ne veut pas me le dire parce que je mourrai de honte !

— Peut-être mais il ne vaut mieux pas que t'y penses !

— Difficile quand tu ne penses qu'à ça depuis hier matin !

— A quoi ? A savoir comment il est torse nu ou essayer de retirer les images de toi voulant enlever sa chemise ? »

Je lui jette le coussin au visage tandis qu'elle éclate de rire. Finalement, je crois que repartir en Chine est une bonne idée. J'entendrais moins parler de mes exploits. Sentant mon téléphone vibrer, je le sors de ma poche.

De Daniela
Andrew peut mettre une chemise ou tu vas te jeter sur mon mari ? 😂

Je soupire. Pitié mais que c'est embarrassant. Pourquoi je n'ai pas écouté Abrían quand il m'a dit que je ne devrais pas mélanger les alcools car je ne les tenais pas ? Ah oui parce que je voulais lui prouver que je les tenais. Je les tiens tellement bien que s'il n'avait pas eu un brin de décence et de respect, je me serais réveillée certainement dans ses bras. La honte ultime !

À Daniela
Allez vous faire voir ! 😭

De Daniela
Dire que j'ai loupé cette scène ! Je m'en veux tellement ! 😂

Je pousse un long soupir, en espérant que la soirée se passera sans encombre et sans trop de taquineries.

De Abrían
Je vais peut-être éviter la chemise si tu décides de boire plus que de raison ! 😂

Il ne manquait plus que lui. J'ai vraiment envie de faire une colocation avec la souris du coin à cet instant précis.

A Abrían
Tais-toi ! Laisse-moi mourir de honte en paix ! Je ne compte pas boire un seul iotas d'alcool ce soir ! Alors j'ai envie de te dire, habille-toi comme tu veux !

De Abrían
Connaissant tes mains très baladeuses, je ne vais pas risquer le Diable 😂

Mes mains très baladeuses ? J'espère vraiment qu'il sous-entend uniquement la chemise et pas autre chose.

A Abrían
Très drôle Abrían vraiment très drôle !

De Abrían
Non mais c'est bien au moins j'ai pu tester mon self-control avec toi ! Je ne pensais pas en avoir autant quand même ! 🤔😂

Je ne peux m'empêcher de rire devant sa philosophie. J'ai tellement mais tellement honte. Je sais très bien que je me répète inlassablement mais ce n'est franchement pas dans mes habitudes de me comporter de la sorte avec un homme. Je ne me suis jamais trop comportée de cette manière sauf peut-être une fois avec Matthew mais c'était mon copain alors la honte est moins importante. Là bonjour l'image que j'ai reflété de moi. Une fille bourrée, entreprenante voire visiblement très entreprenante avec un garçon qui est censé être son ami enfin censé.
Je remets mon portable dans la poche de mon pantalon, et regarde de nouveau la télé avec June.

« Une fois à une soirée j'étais vraiment bourrée, je me suis retrouvée dans le lit du garçon le lendemain sans me rappeler de rien. Crois-moi que j'ai fait bien pire que toi !, me rassura June.

— Oui mais c'est pas ton ami que tu as essayé d'allumer au moins !

— C'est vrai ! Mais peux-tu vraiment qualifier Abrían d'ami quand finalement tu passes ton temps à agir différemment ? Oui tu as allumé Abrían même bien comme il faut, mais il n'en reste pas moins que pour une fois tu as laissé ton coeur parler pour toi ! Peut-être que si tu l'écoutais un peu plus, tu te rendrais compte qu'Abrian est plus important qu'un simple ami le serait... »

Elle me fixe de ses grands yeux avant de me faire un sourire entendu. June et son don pour vouloir me réfléchir sur les choses qui m'entourent.

« Tu étais peut-être bourrée mais tu étais touchante donc dans l'histoire tu t'en sors bien !

— Je ne vois pas comment je pourrais être touchante en ayant un comportement aussi déplacé.

— Parce que tu ne le regardais pas comme un morceau de viande que tu te ferais bien, tu le regardais avec une infinie douceur et tendresse. Alors oui tu as essayé de le déshabiller mais dis-toi que tu ne l'as pas fait dans la vulgarité !

— Vulgarité ou pas, je l'ai fais quand même !

— C'est sûr mais je te dis juste qu'il n'y a pas mort d'homme ! »

Elle me sourit tandis que je me concentre sur l'écran de télévision.

« Et je me souviendrais toute ma vie d'Abrian qui te gronde en te disant qu'il faut que tu es un peu de tenue ! »

Elle est prise d'un fou rire m'entrainant avec. Elle essaie de reprendre son sérieux mais devant mon regard amusé, elle repart en fou rire. C'est définitif, j'en entendrais encore parler dans dix ans.

L'iris bleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant