Chapitre 93

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Point de vue Abrían

Je suis surpris de voir la tête de Meï surgir de l'entrée. Je ne m'attendais pas à la voir ici avant le début de la soirée.

« Re, mon amour !

— Qu'est-ce que tu fais déjà ici ? Tu vas bien ? »

Je me redresse du canapé alors qu'elle vient s'assoir sur mes genoux, les mains dans son dos. Qu'est-ce qu'elle me cache ?

« Je vais très bien. June m'a juste donnée ma fin d'après-midi.

— Pourquoi ? tu as un problème ?

— Non je te l'ai dis, je vais très bien ! »

Je reste dubitatif devant son air sûr d'elle. Ce n'est pas dans ses habitudes de partir plus tôt du travail, elle serait presque celle qui resterait plus de temps qu'il n'en faut.

« Tu sais qu'aujourd'hui ça fait quatre ans jour pour jour que l'on est ensemble ?

— Oui je sais. Je te signale que je t'ai offert un collier ce matin.»

Elle me sourit avant de me tendre l'enveloppe qu'elle cachait derrière son dos. Curieux, je la regarde en arquant un sourcil.

« C'est trois fois rien mais j'espère que ça te plaira. De toute manière, tu n'as plus trop le choix ! »

Elle éclate de rire alors que je sors des papiers. Ça semble être un dossier médicale à son nom. Je la regarde inquiet.

« Ne crains rien, je vais bien ! »

Toujours assise sur moi, elle pose ses mains sur mon torse avant de me dévisager. Après un moment de tergiversation, j'ouvre le dossier et tombe sur plusieurs papiers qui n'attire pas plus que cela mon attention. Puis plusieurs échographies passent sous mes yeux et s'attardent sur la plus récente.

« Je... tu... »

Je cherche mes mots alors qu'elle acquiesce et prend en otage mes joues. Ses yeux sont un peu larmoyants.

« Tu vas être papa ! »

Elle me sourit avant de m'embrasser. J'ai toujours son dossier entre mes mains. Je suis un peu sous le choc pour une surprise ça en est une.

« D'une petite fille », ajouta-t-elle.

Je finis par la blottir fort contre moi, je crois que c'est le meilleur cadeau qu'elle ait pu me faire depuis que nous sommes ensemble.

« Je ne sais pas quoi te dire tellement je suis heureux et ému. »

Elle se dégage de mon étreinte et m'embrasse tendrement. Meï prend ma main et soulève son t-shirt afin que je touche son ventre très peu visible.

« Tu es enceinte de combien, mon amour ?

— Trois mois !

— Trois mois ?!, m'étonnai-je.

— Je voulais te faire la surprise et comme je sais que l'on était d'accord pour avoir un enfant ! Même si je te l'accorde, ça tombe mal vis-à-vis de l'adoption de Shu. »

J'acquiesce avant d'arborer un léger rictus. Il est vrai que Shu va devoir se familiariser à son nouvel environnement et accepter de nous partager avec une autre.

« On y arrivera.

— J'espère simplement que je pourrais venir la chercher avec toi...

— On verra bien sinon tu me donneras ton accord écrit.

— Tu penses que l'on va pouvoir la chercher quand ?

— J'imagine après les fêtes de fin d'années. », lui souris-je.

Elle finit par s'allonger et poser sa tête contre ma cuisse. Je câline ses cheveux.

« June m'a fait partir plus tôt parce qu'elle trouvait que j'étais fatiguée.

— A cause du bébé ?

— Non je n'ai pas très bien dormi cette nuit. J'avais un peu peur que tu prennes mal la surprise.

— Tu plaisantes ? »

Elle lève ses yeux vers moi alors que je reste sérieux. Elle hoche timidement la tête avant d'embrasser le creux de la main.

« Tu es bête ! Tu sais très bien que j'aurais été heureux de cette annonce ! »

Elle sourit tout en parcourant notre salon du regard. Je sais ce qu'elle se dit et elle a raison, il faut que l'on profite pendant qu'on le peut de ce silence et de ces moments à deux. D'ici un mois ou deux, Shu sera avec nous et après ça sera au tour du bébé.

« On va passer de deux à quatre assez rapidement. Tu crois que l'on va réussir ?

— Bien sûr Pichoncita ! Puis on va plutôt passer de trois à quatre. Shu n'est peut-être pas avec nous mais elle est omniprésente...

— Tu as raison. »

Elle se lève du canapé et part en direction de la chambre. Je profite de ce moment pour regarder plus en détail son dossier médical, si je me suis attardé plus sur les photos des échographies là mon regard se porte tout entier sur les conclusions et les bilans sanguins qu'elle a pu subir. Dire qu'elle a fait tout ça dans mon dos, je ne me suis rendu compte de rien et une partie de moi s'en veut un peu. Le bébé semble se porter à merveille et Meï ne semble pas avoir de complications.

« Le bébé se porte comme un charme. Tu viendras à la prochaine échographie ?

— Bah oui Pichoncita, ça coule de source ! »

Je referme le dossier et remarque qu'elle s'est mise dans un de mes vieux t-shirt.

« Me regarde pas comme ça ! Je suis bien dans tes t-shirt car en plus d'avoir ton odeur, ils sont larges et grand.

— L'avantage d'être petite et moi grand !, la taquinai-je.

— Je suis bien d'accord avec toi. »

Elle s'assoit à côté de moi et met la télé avant de poser sa tête contre mon épaule. J'entends sa respiration se faire de plus en plus lente, signe qu'elle vient de s'endormir. Voyant l'heure du dîner approcher, je me lève en faisant attention à ne pas réveiller Meï. Je l'allonge sur le canapé et la recouvre de son plaid.

L'iris bleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant