Chapitre 70

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Le jeudi 21 octobre 2021,

Point de vue Abrían

Quand j'arrive aux vestiaires pour prendre ma garde, je tombe sur Andrew. Il me sourit alors qu'il troque sa chemise pour son t-shirt.

« Tu es prêt pour prendre ta garde ?

— Vite fait ! Cette semaine de vacances m'a fait du bien !

— Tu m'étonnes surtout que j'ai vu sur le planning que tu allais travailler avec ta charmante interne !

— Génial, je n'aurais pas rêvé d'une meilleure garde que celle-là », ironisai-je en enlevant mon t-shirt.

En me voyant enfiler la chemise, il éclate littéralement de rire. Je fronce des sourcils, cherchant à comprendre ce qui lui prenait.

« Dire que j'ai loupé Meï voulant te déboutonner la chemise. Remarque elle loupe quelque chose c'est certain !, plaisanta Andrew.

— Comique à tes heures perdues ! »

Je boutonne ma chemise et la place dans mon pantalon avant d'enfiler la blouse blanche.

« Il faut bien, je suis sûr qu'elle regrette !

— De quoi ?

— De ne pas avoir réussi ! »

J'éclate de rire en fermant le casier. La pauvre si elle entendait, elle ne saurait certainement pas où se mettre. Déjà qu'elle doit en entendre souvent parler, il faut dire que c'était comique de la voir dans cet état.

« Elle va bien d'ailleurs ?

— J'imagine... Je n'ai pas eu de ses nouvelles dernièrement. Elle doit être occupée !

— Dani non plus n'a pas de nouvelles.

— Pas de nouvelles, bonnes nouvelles !

— La dernière fois que tu as dit ça en ce qui la concerne, elle était au plus mal.

— Merci c'est sympas, je vais passer une bonne garde là ! »

Je soupire avant de lever les yeux au ciel. J'espère qu'il a relevé mon ironie.

« Je disais ça comme ça...

— Elle a juste eu du mal avec son retour en Chine. Elle va beaucoup mieux et semble être apaisée.

— Elle a peut-être choisi !

— Peut-être !

— En tout cas c'est bien ce que tu as fait. Je ne sais pas si j'aurais été capable de le faire pour Dani. »

Je fronce des sourcils, ne sachant pas de quoi il me parlait. J'ai juste joué le rôle que je joue depuis le début avec Meï celui qui l'encourage à faire ce qu'elle veut.

« De ?

— Fais pas l'ignorant avec moi ! On sait tous les deux que tu as des sentiments pour elle. Donc je trouve cela classe de ta part d'avoir renoncé à la retenir ici et de lui laisser la possibilité de vouloir faire ce qu'elle voulait. »

Je lui fais un faible sourire avant de le contourner pour sortir de la pièce.

« Je veux pouvoir me regarder dans un miroir le matin sans avoir l'impression d'être le méchant...

— Mais tu sais que tu joues gros là ?

— Je ne joue pas !

— Tu as très bien compris ce que je voulais dire. Qu'est-ce que tu vas faire si elle choisit la Chine ?

— Ça sera son choix ! Qu'est-ce que tu veux que je te dise !

— Mais tu la perdras !

— Écoute elle m'a dit bourré qu'elle tenait à moi et qu'elle ne voulait pas me perdre. Cet ultimatum était maladroit et j'ai compris à ce moment-là que j'étais allé trop loin. Elle allait faire son choix en fonction de moi et ce n'était pas ce que je voulais.

— Je comprends.

— Bon je dois y aller ! »

Sur ces mots, je prends la direction de mon service.

« Docteur Servano », me dit une voix mielleuse.

Je me demande si elle n'a pas un lien de parenté avec Stacey. Je déteste ce ton mielleux à la limite du supportable. Si elle pense que j'adore entendre ce ton chez une fille, elle se trompe totalement. Je me retourne sur l'interne qui me fait un large sourire.

« Oui ?

— On travaille ensemble aujourd'hui !

— Oui et ? Je travaille avec le docteur Parker et d'autres internes aussi aujourd'hui !

— Je...

— Vous aviez quelque chose de plus intéressant à me demander ?

— Allez boire un verre », me rétorqua-t-elle.

Je la fusille du regard.

« Je parlais du travail pas de votre vie privée ! », m'exclamai-je sévèrement.

Décontenancé, elle fait grise mine. Je suis content de lui avoir fermé son clapet. Maintenant je vais pouvoir travailler sereinement. Je sors mon portable de ma poche et après moult réflexions, je décide d'envoyer un message à Meï.

A Pichoncita
Coucou, j'espère que tu vas bien. Je t'embrasse.

Étant 22h00 ici, il doit être 10h00 chez elle. Mon portable vibre dans la foulée.

De Pichoncita
Coucou, je voulais avoir de tes nouvelles. Bisous.

On peut dire que l'on a eu la même idée au même moment. Je ne peux m'empêcher de rire devant le regard suspect de l'interne.

A Pichoncita
Je suis désolé, je prends mon tour de garde mais je te parle après.

J'éteins mon portable et le remets dans ma poche de téléphone. Avant de me concentrer sur le dossier de mon premier patient de la journée enfin de la nuit.

« Et j'imagine que des conversations personnelles au début de votre garde c'est professionnel !, s'agaça l'interne.

— Rappelez-moi je vous ai demandé quelque chose !

— Non mais moi je vous le dis !

— Écoutez ici je suis votre supérieur et vous me devez un minimum de respect donc à l'avenir occupez-vous de vos affaires avant de vous occuper des miennes ! »

Je la toise avant de me concentrer définitivement sur le dossier du patient. Je déteste travailler avec cette interne, si je pouvais m'en défaire je le ferais avec plaisir. De quel droit elle se permet de se mêler de ma vie privée ? Est-ce que je lui demande la sienne ?
En même temps est-ce que j'ai besoin de la connaître quand je sais qu'elle veut que je finisse dans son lit ?
Je pousse un long soupir avant de prendre l'un de mes internes avec moi pour aller voir le patient.

L'iris bleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant