Chapitre 13

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Comme à mon habitude, vers le milieu de la soirée, je sors prendre l'air sur le balcon. J'aime beaucoup la compagnie des autres mais j'ai besoin de mon moment de solitude pour penser ou réfléchir. Je m'accoude à la rambarde et regarde le ciel étoilé. Je n'y connais rien en astronomie mais ça m'a toujours fasciné de savoir qu'à l'échelle de l'univers, l'humain est microscopique. Pourtant dans la seule planète où il vit, il est capable de tout ravager et de remettre en question l'ensemble d'un écosystème. Je ne suis pas une écologiste mais je suis pour prendre un minimum soin de notre planète pour nous et pour les prochaines générations.

« Tu as toujours ce petit besoin de t'isoler pendant la soirée, m'annonça une voix rauque derrière moi.

— Je suis démasquée », souris-je.

Abrían s'adosse à la rambarde et me regarde attentivement. Je me demande bien à quoi il pense a cet instant très précis, gênée je porte de nouveau mon attention sur le ciel.

« Ça te dérange si je fume ici ?

— Pas du tout ! Le balcon ne m'appartient pas »

Il acquiesce et quelques secondes plus tard, je sens la fumée de la cigarette qui se consume. J'en prendrais bien une mais de un je n'en ai pas et il est hors de question que je cède à cette envie passagère.

« Tu t'y connais en astronomie ?

— Pas le moins du monde mais j'ai toujours été fascinée par la microscopie de l'humain, confessai-je.

— C'est vrai même si ce n'est pas ce qui me fascine le plus, dit-il en regardant à son tour la nuit.

— C'est quoi qui t'intéresse alors ?

— La création. Savoir comment la planète est née ou même notre galaxie. Il a fallut des millions et des millions d'années et nous, simple humain qui occupons la terre depuis 2 millions d'années on est capable de réduire à néant des écosystèmes...

— Tu es écologiste ?

— Non mais disons que je fais attention à mon environnement, reconnaît-il. Et toi ?

— Pareil que toi !

— Pour une fois que nous sommes d'accord et que l'on ne se chamaille pas »

Un silence de mort s'installe entre nous, loin d'être désagréable comme pourrait le penser certain.

« Meï, me dit-il gêné

— Oui ?

— Je me demandais est-ce que tu penses qu'un jour on pourrait être ami tous les deux ? »

Surprise, je ne sais pas quoi répondre. Je ne me pose jamais ce genre de question, je vois en fonction du temps si des affinités se font ou pas. Il se gratte la nuque, probablement le signe qu'il est gêné par mon silence.

« Pourquoi tu me poses une telle question ?

— Parce que si tu me dis oui, il va falloir que je te parle de quelque chose », soupira-t-il

Je suis à la fois apeurée et curieuse. Que peut-il bien vouloir me dire alors que nous nous connaissons à peine ? Il me fait un sourire rassurant.

« Tu veux me dire quoi ? On se connaît à peine !

— Je ne tiens pas à avoir cette discussion là maintenant alors que tout le monde peut nous interrompre à tout moment, dit-il d'un ton grave.

— Chéri je te cherchais partout ! », s'exclama Stacey en s'approchant d'Abrían.

Je regarde avec attention Abrían, son ton grave finit par me faire cogiter. Qu'est-ce qu'il a de si important à me dire et surtout loin de tout le monde !

« Eh bien vous en faites une tête tous les deux », constata Stacey.

Abrían lui sourit et l'embrasse comme pour la rassurer. Gênée par ce geste d'amour sous mes yeux, je baisse mon regard vers mes pieds. Devant ce silence gênant, je décide de retourner à l'intérieur sous les yeux remplis d'incompréhension de Stacey. Elle n'y est pour rien mais les propos d'Abrian ont fini par vraiment m'inquiéter et je n'arrête pas de me demander ce qu'il me veut.

« Ça va ?, s'inquiéta June.

— Oui oui je vais juste rentrer. Je suis fatiguée. »

June et Daniela me sourit tandis que son copain porte un œil interrogateur. Je lui fais un faible rictus. Daniela et June me prennent dans leur bras pour me dire au revoir tandis qu'Andrew me fait la bise et m'accompagne jusqu'à l'entrée où Abrían hèle mon prénom. Andrew nous laisse tous les deux.

« Ne t'inquiète pas Meï, ce n'est pas grave ce que j'ai à te dire en privé...

— Je ne m'inquiète pas !

— Je suis médecin et je vois ce qu'est de l'inquiétude quand j'en vois. Je demanderais ton numéro à June et j'essaierai de me libérer cette semaine pour que l'on puisse parler, m'expliqua-t-il.

— Tu as tout prévu, lui souris-je.

— Pas tout non... du moins pas te revoir... »

Je fronce des sourcils ne sachant pas où il voulait en venir. Il doit certainement me confondre avec quelqu'un d'autre et a cru m'avoir déjà vu quelque part. Je lui fais un simple geste de la main avant de me retourner pour partir.

Sur le chemin menant chez moi, j'essaie de me rappeler où j'aurais pu le connaître mais rien ne me vient à l'esprit. La petite brise me fouette un peu les joues et j'ai hâte d'être à l'intérieur pour avoir plus chaud.

Chez moi, je grignote un peu et allume la télé pour m'aérer un peu l'esprit. Je pense que je vais avoir un sommeil agité et ça ne sera pas à cause de l'absence de Matthew cette fois-ci. J'ai beau essayé tant bien que mal de me rappeler son visage mais rien ne me vient en tout cas lui il est sûr de m'avoir déjà vu quelque part et c'est peut-être ce qu'il y a de plus angoissant dans l'histoire.

L'iris bleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant