Le vendredi 22 octobre 2021,Point de vue Meï
Après avoir pris ma douche et mon petit-déjeuner, je retourne dans ma chambre afin d'appeler June.
« Salut la deshabilleuse, comment tu vas ? »
J'éclate de rire avant d'essayer de reprendre mon sérieux. Elle m'épuise avec son humour à deux balles.
« De plus en plus drôle June. Tu me diras quand tu arrêteras avec ça ?
— Probablement jamais !
— Évidement », soupirai-je.
Elle arbore un léger rictus avant de se mettre à bailler c'est vrai qu'il est déjà tard là-bas. Me faisant penser à Abrían, je décide de lui envoyer un message pour demander comment il va. Ça fait quelques temps que je ne lui ai pas parlé, je suis très occupée en ce moment.
« Bon alors comment tu vas ?
— Je vais bien, je vais bien. Et toi ?
— Pareil que toi.
— Alors pour ce que je t'ai demandé ?
— Rien pour le moment mais tu sais que tu pourras vivre chez moi le temps que tu puisses te retourner..., me sourit-elle.
— Je sais et c'est gentil, merci. Mais je n'aime pas être redevable de quelqu'un...
— Et tu as trouvé des pistes pour le travail ? »
Le travail ? Bonne question. J'ai beau réfléchir, je ne sais pas du tout ce que je voudrais faire pourtant il va bien falloir que je trouve quelque chose. A mon âge, je ne vais pas retourner vivre chez mes parents.
« Non !
— Tu ne veux plus devenir éditrice ? »
Je pousse un long soupir. Éditrice ? J'ai l'impression que c'était le rêve d'une autre vie. Je ne sais même plus si je serais capable de m'avaler trois livres dans la journée voire plus. Je ne sais même plus si je serais capable de faire de bonnes analyses sur les manuscrits.
« Je ne sais pas... Ça me parait a des années lumières de ce que je fais ou de ce que je suis aujourd'hui...
— Comment ça ?
— C'était mon rêve oui mais avant de perdre Matthew, avant de venir en Chine et être en contact avec les enfants. Ce n'est plus moi.
— Je vois... »
Elle se gratte la tête comme si elle était embêtée par quelque chose.
« Un problème ?, lui demandai-je.
— Non mais il y a un truc que je voulais te proposer depuis longtemps mais comme je ne savais pas si tu allais revenir... »
Je n'avais jamais vu June aussi intimidée. Je ne vais pas la manger et encore moins à des milliers de kilomètres. Je lui fais un sourire rassurant avant de porter mon attention sur mon portable où je n'avais pas remarqué qu'Abrian m'avait envoyé le même message à quelques secondes d'intervalles.
« Oui mais tu sais que je reviens donc vas-y dis-moi !
— Eh bien, disons qu'il me manque une seconde main à la boutique... Je m'étais dite que tu pourrais travailler avec moi, le temps que tu trouves mieux ou que tu saches ce que tu veux faire... Tu n'es pas obligée d'accepter !
— Et tu n'as pas trouvé depuis ?
— Oh Abrían a bien essayé de me convaincre à plusieurs reprises d'engager quelqu'un mais je voulais que ça soit toi... en réalité !
— Donc tu te tues à la tâche depuis quelques temps toute seule parce que la seule personne que tu veux engager c'est moi ?
— On peut voir les choses comme ça !
— Mais tu aurais fait quoi si je n'étais pas revenue ?
— Toi ? Ne pas revenir ? Alors qu'Abrían est ici, impossible ! »
Elle secoue négativement la tête avant de partir en fou rire. Parfois j'aimerais bien savoir ce qui lui passe par la tête quand elle rit de cette manière.
« Je peux savoir ce qui te fait rire ?
— Toi mais ne te vexe pas !
— Oui parce que je n'ai pas encore dit oui, je te signale !, plaisantai-je.
— Non mais je te revois encore avec Abrían qui te dit d'avoir un peu de tenue. Je suis désolé, je sais que tu n'en peux plus qu'on te parle de ça. Mais c'est à mourir de rire. »
Je fronce des sourcils alors qu'elle a les larmes aux yeux. Plus jamais je ne boirais de ma vie, plus jamais. Je m'en fais la promesse.
« Et je revois encore ta tête de petite fille qui boude parce qu'elle venait de se voir refuser son dessert, dit-elle hilare.
— Bon tu me feras signe quand tu auras arrêté de te moquer de moi et de mes beuveries ?! »
Parfois je me dis que j'ai beaucoup de chances de ne pas m'en souvenir. Je serais certainement plus gênée que je ne le suis déjà.
« Jamais. Vraiment jamais ! Je t'assure que tu m'as refait la soirée !
— J'etais bourrée et je ne savais pas ce que je faisais !
— Visiblement tu savais très bien ce que tu faisais !, rit-elle.
— Bon sinon on peut reprendre le cours normal de la conversation ? »
Je la gronde légèrement alors qu'elle essuie négligemment ses larmes.
« Oui oui excuse-moi ! Après je te comprends il a un beau corps...
— Bon c'est bon ?
— Non mais je disais juste ça comme ça ! Je voulais juste te mettre en appétit !
— En appétit ? Mais tu es sérieuse là ?, demandai-je choquée.
— Fais pas ta tête de fille outrée ! Je te signale que ce n'est pas moi qui ait voulu le déshabiller et plus et affinités.
— Pardon ? »
Elle se mord nerveusement la lèvre se rendant compte qu'elle était allée un peu trop loin dans ses propos.
« Non rien oublie... Après tout ça ne regarde que vous, dit-elle gênée.
— June ?, la sermonnai-je.
— Rien strictement rien. Voit ça avec lui. »
Je la regarde un brin perplexe. Cependant elle a raison, je dois voir ça avec Abrían et je ne compte pas le lâcher jusqu'à ce qu'il me dise ce que j'ai pu faire.
« Bon sinon pour ma proposition, ça t'intéresse ?
— Oui bien entendu. Merci beaucoup June.
— De rien. Tu reviens quand ?
— Finalement début décembre », lui souris-je.
Elle acquiesce tout en arborant un léger rictus. Nous continuons de parler quelques temps avant de se décider à raccrocher. Je mets mon portable dans la poche de mon blouson et décide de partir faire une petite promenade sur le marché. Il fait relativement bon et le temps n'est pas à la pluie aujourd'hui.

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L'iris bleu
RomanceDepuis la mort de son compagnon, trois ans auparavant, Meï Sullivan ne se sent plus tout à fait la même. Tout est devenu plus difficile et compliqué. Ses relations avec la gente masculine sont au point mort et ceci semble lui convenir au grand dam d...