Chapitre 10

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Dix jours plus tard,

Je me réveille d'excellente humeur, même si mes nuits sont de courtes durées avec mon plâtre. Je ne peux pas me mettre comme je veux dans le lit et ça m'agace souvent en me couchant. Je me frotte les yeux et m'assois difficilement au bord du lit, je prends mes béquilles à côté de ma table de chevet et me lève.

Ne pouvant pas mettre de pantalon, je suis obligée de porter des jupes et des robes. Étant en plein hiver, les collants sont de mise pour porter de tels vêtements sauf que je ne peux pas en mettre à cause de ce fichu plâtre. Je le maudis chaque jour que Dieu fait. Pourquoi il a fallut que je tombe en plein hiver ? Jusqu'à maintenant porter des robes et des jupes ne me dérangeaient pas puisque j'étais au chaud chez moi mais aujourd'hui je retourne enfin au bureau. Je vais voir du monde, parler à des gens même James me manque. C'est pour dire à quel point ne pas avoir de vie sociale depuis une semaine me pèse. J'ai bien vu Daniela de temps en temps mais ce n'est pas suffisant pour moi. Puis travailler de chez moi, ce n'est pas ce que j'aime le plus mais au moins je ne perds d'argent à la fin du mois.

Je pars sous la douche, en faisant bien attention de ne pas mouiller mon plâtre ou de ne pas glisser sur ma seule jambe encore valide. J'ai bien tenté de me laver au gant mais psychologiquement j'ai l'impression d'être encore sale. Rien ne vaut une bonne douche ou alors c'est une simple habitude que j'ai prise depuis mon enfance. Je m'emmitoufle dans le drap de bain et m'essuie énergiquement afin de ne pas avoir trop froid en attendant de me vêtir. Je peigne et attache rapidement mes cheveux en une simple queue de cheval.

En retournant dans la chambre d'amis, je cogne accidentellement ma cheville cassée contre la porte. Je pousse un juron. J'enfile ma robe en jouant un numéro d'équilibriste, puis j'opte pour mettre des ballerines à la place des bottes. Je n'ai déjà pas fière allure avec ma jambe plâtre et ma robe sans collant alors si je rajoute à ça une seule botte...

Je sors de la chambre, passe dans la mienne afin de prendre mon sac de travail avec les manuscrits à l'intérieur. Ensuite, je mange rapidement car James ne devrait pas tarder à arriver. Daniela avait un rendez-vous à l'extérieur aujourd'hui et elle ne pouvait donc pas se permettre de venir me prendre, après je n'ai pas non plus cherché à lui demander, elle en fait déjà beaucoup depuis dix jours. La compagnie de James ne me dérange pas plus que cela depuis la dernière soirée alors que l'on passe un peu de temps ensemble ne me gêne pas.

Dix minutes plus tard, j'entends la sonnette de l'entrée. Au moins il est ponctuel.

« Comment va l'handicapé ?, rit-il en me faisant la bise.

— Quel humour », dis-je sarcastique.

Je le laisse entrer chez moi et l'invite à boire quelque chose ce qu'il accepte. Pourquoi toutes les personnes que je connais prennes un café le matin ?

« Bon sinon comment tu vas ?

— J'ai un peu mal encore parfois mais dans l'ensemble ça va, lui souris-je. Et toi ?

— Comme toujours ça va ! »

Je lui tends sa tasse de café et m'assois en face de lui, la jambe allongée.

« Je dois dire que ça me démange de te prendre en photo avec ton plâtre, ta robe et tes ballerines alors que nous sommes en plein hiver !, plaisanta-t-il

— Tu fais ça et je te jure que je m'assurerai que tu ne dormes plus sur tes deux oreilles !

— Arrête ça ferait une belle photo souvenir ! »

Je lui souris alors qu'il boit tranquillement son café. Ça fait du bien à parler à quelqu'un, je commençais à me sentir un peu seule.

« Bon on va peut-être y aller !

— Bonne idée parce que le temps que je me déplace »

Il éclate de rire avant de mettre la tasse dans l'évier. Il m'aide à mettre mon manteau et prends mon sac. Puis je me cale contre le mur pour fermer la porte de l'appartement.

« Tu veux que je t'aide à descendre ? »

Je ne réponds rien mais reste hésitante devant les marches. Il me regarde septique avant de prendre l'un de mes bras et la placer autour de son cou pendant que sa main se place autour de ma hanche.

« Merci, lui dis-je en prenant les béquilles de ma main libre.

— C'est normal, je ne vais pas te laisser en haut des escaliers »

Le vent frais se place sous ma robe ce qui fait frissonner ma peau. Sans me faire davantage prier, je rentre dans le véhicule. 

« Il fait vraiment froid, soupirai-je

— On est en hiver en même temps !

— C'est vrai », reconnus-je bêtement

Il me sourit avant de démarrer la voiture, le travail n'est pas loin de chez moi et en temps ordinaire j'y vais à pied mais là je me voyais mal avec des béquilles sous la neige et ma chance de tomber sur une plaque de verglas. Peut-être cinq minutes plus tard, nous arrivons au travail où tout le monde me détaille comme si j'étais une bête de foire. Je déteste vraiment quand les regards se centrent sur moi. Je rentre dans l'ascenseur en priant pour que personne ne vienne me demander comment je me suis cassée la cheville. Personne ne sait à part Daniela, Andrew, Abrían et Joy.

L'iris bleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant