L'iris bleu

Chapitre 25

Le mardi 14 mai 2019,

Point de vue Abrían

Depuis plus d'une semaine, nous sommes tous sans nouvelle de Meï. Même Daniela pourtant c'est sa meilleure amie, enfin du moins c'est ce que j'ai toujours pensé. Elle ne se présente pas au travail et ne répond pas à Daniela quand celle-ci est derrière sa porte d'entrée. Je crois que l'expression « en vouloir à quelqu'un » n'est pas assez fort pour décrire l'état d'esprit de Meï et comment ne pas la comprendre ? On a tous merdé, et même si Stacey ou June ne veulent pas l'admettre, pour ce qui est de Daniela, Andrew et moi on l'admet. Seulement Meï n'est pas prête d'entendre des excuses.

« Arrête d'y penser, tu ne peux rien faire. Faut juste attendre qu'elle revienne vers nous, m'expliqua Andrew.

— Plus ça va et plus je crois que j'ai vraiment bien merdé », soupirai-je.

Il me sourit tout en mettant ses pieds sur ma table basse, le corps pratiquement à l'horizontal. Ayant tous les deux le même jour de repos cette semaine nous en profitons pour la passer ensemble, cela fait très longtemps que nous n'avons pas passé une journée entre mecs.

« Bah ça dépend où tu te places ? Meï ou Stacey ?

— Pour Meï...

— Ah oui tu as bien merdé effectivement mais bon l'honneur est sauf puisque tu t'es rangé du côté de ta copine, me répondit-II sèchement.

— Tu sous-entends quoi ? Que je suis lache ?, m'emportai-je. Je te ferais remarquer que tu ne lui es pas plus venu en aide !

— C'est vrai mais ce n'est pas mon soutien qu'elle cherchait du regard, mais le tien ! C'est toute la différence entre ta position et la mienne, souligna-t-il.

— Pas besoin de le souligner...

— Tu t'es excusé au moins ?

— Je l'ai fait... par message, me défendis-je.

— Par message ? Non mais tu es vraiment le roi des cons quand tu t'y mets, s'indigna Andrew. C'est pas un simple pardon par message qui va arranger les choses !

— Toute façon elle ne m'a pas répondu ! Et elle ne semble pas encline à pardonner à qui que ce soit...

— Et ça t'étonne franchement ?

— Elle est rancunière !

— Juste blessée Abrían ! Je pense que c'est assez compréhensible, on est tous à lui bourrer le crâne avec un autre mec alors qu'elle n'en est pas encore à là.»

Je soupire. S'il y avait bien une personne qui l'avait compris c'était bien moi. Pourquoi je ne lui ai pas venu en aide ? Pourquoi je suis resté silencieux ?
Andrew a raison, je suis un lache. J'ai rien dit parce que j'avais peur d'avoir des problèmes avec Stacey. Je me rends compte qu'en plus d'être lâche, je suis égoïste. Je ne voulais pas avoir de problème donc j'ai laissé faire. Je suis vraiment le roi des abrutis.

« Je sais mais moi tu vois ça je l'ai compris depuis le départ... Voilà pourquoi je voulais l'aider... Puis peut-être que pour moi c'était une façon de me racheter...

— Te racheter ?

— Oui... J'ai pas pu sauver son fiancé, je pensais que je pourrais au moins l'aider elle...

— Je ne comprends pas là ? »

Il fronce des sourcils tout en me dévisageant. Je pousse un long soupir. J'avais dit que je garderais le silence sur Matthew, personne ne le sait mais pourtant là j'ai besoin de me confier à mon meilleur ami.

« Tu te souviens de mon premier patient polytraumatisé. Tu sais celui où j'ai vraiment tout fait pour le sauver mais que l'on a échoué à le maintenir en vie ?

— Euh vaguement pour être sincère avec toi... Mais c'était le fiancé de Meï si je suis tes propos...

— Oui..., répondis-je tristement.

— Et si je poursuis ton raisonnement, Tu veux l'aider parce que tu te sens responsable de la mort de son copain ?

— Oui, avouai-je.

— Tu es sûr qu'il n'y a que pour cette raison que tu voulais lui apporter de l'aide ?

— Bien sûr ! pour quoi d'autres ?, me défendis-je

— Pour rien, pour rien. Mais peut-être que tu fais ça aussi pour elle, pas uniquement pour soulager ta conscience. D'où le fait que tu t'en veux à ce point...

— Depuis quand tu es psychologue toi ! Tu avais les pires notes à l'université !

— Faut croire que les vents ont tournés, rit-il. Donc pour moi tu t'en veux avant tout parce que tu l'as blessé et que ce n'était pas ce que tu voulais. Maintenant je peux me tromper ! », s'exclama Andrew.

Je lui souris mais reste bien perplexe et silencieux devant ses dires. Peut-être qu'il a raison, je me sens minable de l'avoir blessé par lâcheté et par égoïsme.

« Essaie d'aller la voir, tu auras peut-être plus de succès que Daniela. Si comme tu dis tu l'as bien cerné alors peut-être qu'elle t'écoutera davantage que nous !

— Je ne crois pas !

— Tu peux pas te lamenter sur ton sort et ne rien tenter pour arranger les choses avec elle ! Si pour elle, tu es le seul à pouvoir la comprendre alors crois-moi qu'elle fera l'effort de t'ouvrir la porte ».

Son ton est rassurant mais nous savons tous les deux que même si elle m'ouvre la porte, je vais en prendre pour mon grade et je vais prendre pour tout le monde au passage. En plus mes statuts de meilleur ami de June et de copain de Stacey ne sont pas à mon avantage. Toutefois, je décide de suivre le conseil de mon meilleur ami et j'irai la voir en fin d'après-midi.