Point de vue AbríanEn sortant de l'immeuble, je suis perplexe face à l'idée de se promener en forêt. Je ne savais pas qu'il faisait si froid dehors, je n'étais pas sorti de la matinée. Je lâche la main de Meï pour remettre correctement mon écharpe autour du cou, puis la reprend.
« J'avais oublié que les hivers n'étaient pas tellement agréable ici, me sourit-elle.
— C'est mieux en Chine ?
— Non absolument pas mais disons que c'est différent ! »
J'abandonne sa main au profit de ma poche de manteau. De cette balade, je vais certainement en revenir frigorifié. Elle finit par mettre sa main dans ma poche, certainement pour se tenir un peu chaud.
« Je vois que je ne suis pas le seul à avoir froid, la taquinai-je.
— J'ai oublié mes gants. »
Je serre sa main dans la mienne tout en riant. C'est l'une des seules filles à Saguenay qui oublie ses gants en plein hiver, à -10 degrés.
« Puis ce n'est pas comme si ça te coûtait beaucoup de me tenir la main dans la poche de ton manteau.
— Tu insinues quoi ?
— Que tu y trouves ton compte aussi, chéri. »
Elle insiste et ironise volontiers sur le terme « chéri » ce qui lui retire tout son côté affectif. Je lève les yeux au ciel avant de sourire. Elle pose sa tête contre mon bras, enroulant son autre bras autour du mien.
« Il fait vraiment froid ici !
— Rappelle-moi qui a eu la merveilleuse idée de sortir ?
— Moi mais je pensais que ça allait se réchauffer, soupira-t-elle.
— On est à Saguenay ici, pas à Fenghuang ! »
J'éclate de rire alors qu'elle me fixe d'un mauvais œil.
« Si tu veux à la place de se promener, on peut aller boire quelque chose de chaud quelque part ? », lui suggérai-je.
Elle reste silencieuse mais finit par acquiescer tout en me remerciant. Je n'allais pas la faire attraper un rhume et peut-être égoïstement à moi aussi. Nous empruntons une rue aux hasard en nous arrêtant au premier café sur notre chemin. Quand j'entre à l'intérieur, j'ai cette impression de revivre. La chaleur me brûlerait presque le visage. Je regarde Meï se frotter les mains l'une contre l'autre.
« On est mieux ici ! », s'exclama-t-elle soulagée.
Je retire mon manteau et le place sur le dossier de la chaise tandis que Meï dépose le sien sur la banquette auprès d'elle tout en me souriant.
« J'ai parfois du mal à me dire que tu es de retour parmi nous », reconnu-je après quelques seconde de silence.
Elle me fixe longuement, le regard taquin avant que je ne sente un coup de pied dans mon tibia. Je grimace sous l'effet de la douleur, une vraie teigne quand elle s'y met.
« Ne me regarde pas comme ça ! Tu m'as dit que tu avais l'impression de rêver...
— Ou cauchemarder, rétorquai-Je.
— Justement ce coup dans le tibia te remets les idées en place, tu pourrais au moins me remercier !
— Merci, chérie »

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L'iris bleu
RomanceDepuis la mort de son compagnon, trois ans auparavant, Meï Sullivan ne se sent plus tout à fait la même. Tout est devenu plus difficile et compliqué. Ses relations avec la gente masculine sont au point mort et ceci semble lui convenir au grand dam d...