Le mardi 24 septembre 2019,
Point de vue Meï
Quand j'arrive à l'orphelinat, je suis accueillie par une femme assez âgée d'une cinquantaine d'année peut-être. Je suppose que c'est madame Ling. Elle est accompagnée de quelques enfants, curieux et intrigués de voir une nouvelle arrivante. Elle m'accueille d'un signe de la tête auquel je répond de la même manière. Il va falloir que je m'adapte à mon pays d'accueil et à ses us et coutumes.
« Les enfants, je vous présente Meï », dit-elle souriante.
Je leur souris tandis que madame Ling m'invite à la suivre pour visiter l'orphelinat et aussi m'expliquer les différentes tâches que j'aurais à faire en étant volontaire international. Cependant je me suis tellement documentée que je sais pertinemment en quoi consistera mes tâches quotidiennes. Prendre soin des enfants, leur apporter de l'attention, assister autant que je peux le personnel, prendre en considération le passé des enfants souvent compliqués mais aussi je dois faire attention à ne pas être trop dans l'affectif afin de ne pas trop m'impliquer avec eux.
Elle me présente les lieux, pour un orphelinat il n'est pas si terrible que ça. Sur certaines photos j'en ai vu des pires. Les pièces ne sont pas insalubres mais de tailles assez modestes. Mais il présente un avantage de taille, il dispose d'une grande cour. Idéal pour les enfants qui peuvent ainsi s'amuser tout en étant à l'intérieur de l'établissement. En levant les yeux au ciel, je remarque que nous voyons le sommet d'un mont. Je me demande quelle vue on a de là-bas.
« Bien évidement lors de vos repos, vous pourrez disposer de votre temps libre comme vous le désirez !
— D'accord, lui souris-je.
— Je vais vous indiquer la chambre dans laquelle vous dormirez ! »
Cette femme est tellement douce que j'ai l'impression de faire face à ma mère. Je me sens déjà chez moi alors que ça ne fait que deux ou trois heures que j'ai atterri. Nous passons par un couloir et allons à la dernière porte de celui-ci. Elle me laisse passer. La chambre est entièrement faite de bois tout comme l'établissement en lui-même, j'espère ne jamais assister à un incendie. Il pourrait être mortel pour nous tous et réduire à néant l'orphelinat.
« Je vous laisse vous reposer et faire connaissance avec les enfants », me dit-elle en sortant de la pièce.
Je ne suis pas tombée dans l'orphelinat le plus pauvre de la ville ou même de la région. Il doit certainement avoir des financements privés, faits par des riches puissants de la région. Je dispose d'un petit coin salle de bain largement suffisant pour moi ainsi qu'une commode bien assez grande pour une seule personne. Je décide dans un premier temps de ranger mes vêtements avant de m'allonger sur le lit quelques instants.
Le mardi 24 septembre 2019, Saguenay
Point de vue Abrían
Je me suis empressé de me rendre au travail afin de ne pas être obligé de me confronter à Stacey. Je me rends compte qu'hier soir j'ai fait n'importe quoi, j'aurais mieux fait de me couper la langue plutôt que de céder à son chantage. Quand j'arrive au vestiaire, je croise Andrew qui vient de finir sa garde.
« T'en fait une tête ! », s'exclama-t-il
Je soupire avant d'ouvrir mon casier et de retirer mon t-shirt pour mettre une chemise.
« Je ne préfère même pas en parler !
— Pourquoi ? Tu as encore perdu tes couilles devant Stacey ? »
Je le fusille du regard devant son manque de délicatesse.
« Disons que Stacey m'a fait un joli chantage...
— Comme d'habitude. Je comprends même plus comment ça arrive encore à fonctionner ! Elle mène par le bout du nez et toi tu en redemandes.
— Tu ne vas pas me faire la leçon quand même alors que tu t'assois aussi devant Daniela !
— Il y a une différence entre accepter un chantage et faire des compromis pour que le couple perdure, me rétorqua Andrew. Quand j'ai envie de lui dire merde, je lui dis.
— C'est ça. Tu es un vrai modèle, ironisai-je.
— Elle t'a fait un chantage sur quoi ?
— Sur Meï. Je dois arrêter de lui parler et j'ai dit oui ».
Il m'applaudit d'un air sarcastique. Je le fusille du regard avant de claquer rageusement la porte de mon casier.
« Franchement chapeau ! Tu aides quelqu'un et tu la laisses tomber après juste pour le cul de ta copine. Vraiment super.
— Parce que tu me vois vraiment comme ça ?
— Je ne sais pas. Je ne te reconnais plus depuis que tu es avec elle. Tu as perdu toute forme de courage, tu te la fermes dès qu'elle te reproche quelque chose.
— Sympa d'entendre ça de mon meilleur ami...
— Écoute Abrían j'ai toujours été honnête avec toi et là je te dis que tu fais du grand n'importe quoi ! Meï ne te le pardonnera pas !
— Elle pardonne bien aux autres pourquoi pas moi ?
— Parce qu'elle t'estime plus que nous tous réunis ! Tu as été le seul à la comprendre et à l'écouter correctement et tu voudrais gâcher ça pour une fille qui passe son temps à te pourrir l'existence. »
Je soupire. Il prend le parti de Meï et je comprends car c'est la meilleure amie de sa copine, mais il est aussi mon meilleur ami et devrait me comprendre également.
« Elle ne me pourrit pas l'existence !
— Ah ouais ? Bah moi je n'en suis pas si sure que toi ! », s'emporta-t-il en sortant de la pièce.
La pièce devient tout d'un coup bien silencieuse. Je pars travailler le coeur lourd depuis hier. Peut-être que si lui est incapable de me comprendre, June me comprendra plus.
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L'iris bleu
RomanceDepuis la mort de son compagnon, trois ans auparavant, Meï Sullivan ne se sent plus tout à fait la même. Tout est devenu plus difficile et compliqué. Ses relations avec la gente masculine sont au point mort et ceci semble lui convenir au grand dam d...
