Chapitre 90

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Cinq jours plus tard,

Point de vue Abrían

Au petit matin, je suis réveillé par les caresses de Meï dans mes cheveux. Je finis par ouvrir les yeux et me tourner vers elle afin de la regarder.

« Déjà réveillée ? », lui demandai-je.

Elle acquiesce avant de me sourire. Son visage semble un peu plus reposé que ces derniers jours. Je pense que me parler de ses mauvais songes lui a fait beaucoup de mien, même si elle continue à vouloir toute mon attention.

« Dernier jour, soupira-t-elle.

— Il fallait bien que l'on retourne un jour ou l'autre à Saguenay. »

Je caresse sa joue avant d'embrasser le creux de son cou ce qui l'a fait légèrement rire.

« Le voyage t'a plu quand même ?

— Bien sûr qu'il m'a plu. J'ai beaucoup aimé passer du temps avec toi et Shu. J'ai rarement passé d'aussi bonnes vacances !

— Mieux que ton séjour à Berlin ?, me taquina Meï.

— Tous mes voyages ont été, sont et seront toujours mieux que mon séjour à Berlin. Je n'ai vraiment pas adhéré au pays et à ses coutumes qui sont pourtant beaucoup plus proche de nous que la culture chinoise, enfin pour ma part. »

Elle me sourit avant de se lever et de tirer d'un coup sec sur le rideau nous plongeant dans la lumière. Bien malgré moi, je pousse un soupir de mécontentement. Elle se met à rire et vient se poser sur moi.

« Ce voyage m'a beaucoup plu aussi. J'ai vraiment aimé te faire découvrir tout ce que je connaissais du Hunan et que j'appréciais. Puis je suis contente que tu t'entendes bien avec Shu, ce n'était pas gagné au début.

— Elle était juste intimidée. Pour elle on venait de deux mondes diamétralement opposés.

— Je pense que tu l'as pensé toi aussi à un moment donné !

— Au début c'est vrai que je ne me sentais pas à l'aise avec ce pays vu tout ce que l'on peut entendre dessus, j'avais un peu l'impression que tout n'était que dictature et emprisonnement pour chaque petite bêtise que l'on peut faire.

— Les médias occidentaux ont toujours eu tendance à sous-estimer la culture et les grands principes de la culture orientale. Tu vois, moi qui suit issue des deux, je me retrouve plus dans cette culture que...

— Que dans celle de ton père ?

— Oui exactement. »

Il est vrai qu'ici elle est nettement différente. Déjà elle semble plus à l'aise et elle va très facilement vers les autres, elle mange comme quatre des choses que je ne mangerais pas, même sous la torture. Elle est ici ce qu'elle n'est pas totalement à Saguenay : épanouie et heureuse. Avec ce voyage j'ai vraiment pris conscience de l'amour qu'elle me portait et parfois je me demande si je mérite tout cet attachement.

« Avec ce voyage, je me rends compte du vrai sacrifice que tu as fait en revenant à Saguenay. Je suis désolé que tu aies dû choisir, lui dis-je sérieusement.

— Tu n'as pas à être une nouvelle fois désolé. J'étais malheureuse d'être ici sans toi quand je suis revenue.

— Je sais mais je ne sais pas si je mérite tout cet amour et ce dévouement que tu as pour moi. », lui dis-je confus.

L'iris bleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant