Chapitre 34

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Nous nous asseyons là où les autres nous ont laissé des places. Stacey me dévisage un bref instant alors que son copain s'assoit auprès d'elle, elle l'embrasse tout en me regardant. Je hausse les épaules avant de parler à Daniela qui est sur ma droite.

« C'est moi où elle vient de l'embrasser en te menaçant du regard ?, me glissa-t-elle a l'oreille.

— Probablement ! Je m'en fiche un peu beaucoup », lui chuchotai-je.

Nous commandons tous auprès du serveur avant de trinquer à ma santé et à mon départ en Chine.

« En espérant que tu auras toi aussi ton schweinbraten et tes knödel, plaisanta Abrían.

— Ça s'est méchant, rétorquai-je faussement vexé.

— Je sais désolé !

— Oh ne t'inquiète pas quand je reviendrais avec mon schweinbraten et mes knödel, tu feras moins le fier ! »

Tout le monde éclate de rire sauf Stacey qui semble sur la retenue. Abrían me défie du regard. Qu'il ne s'inquiète pas, je suis capable de lui faire goûter un plat « délicieux » chinois.

« Et sinon tu pars de quel côté de la Chine ?, me demanda Stacey.

— Dans le Hunan, a Fenghuang !

— J'avais jamais remarqué que tu avais une voix d'anime quand tu prononçais en chinois !, me taquina Abrían.

— Dis-moi tu fais dans l'humour ce soir ? Dois-je te rappeler la voix de Speedy gonzales ?

— Non c'est bon ça ira ! », répondit-il hilare.

June qui est sur mon côté gauche me regarde amusé tout en essayant de comprendre pourquoi on en est venu à parler de ce dessin animé.

« Il n'est pas rapide pour tout, crois-moi ! », me chuchota-t-elle.

Elle semble désespérée ou découragée, je ne sais pas trop comment traduire son expression. Le serveur nous interrompt en nous servant notre entrée.

« Et tu vas faire quoi là-bas ?, demanda Andrew.

— Je vais travailler dans un orphelinat !

— La sainte, rétorqua Stacey.

— Pourquoi tu dis ça ?, me défendit Daniela.

— Bah parce qu'elle est jolie, intelligente, douce, aime les enfants, prête à se marier et avoir des enfants. La femme idéale ! », dit-elle amère.

Mais qu'est-ce qu'elle a ce soir avec moi ? Je ne dis rien, je ne fais rien et je ne parle quasiment pas à son copain. Tout le monde semble chercher à comprendre mais il faut se rendre à l'évidence personne ne sait.

« Je ne suis pas parfaite, j'ai mes défauts ! Je pense que tout le monde en a même toi ! Donc non je ne suis en rien la femme idéale.

— Tu seras forcément la femme idéale pour quelqu'un !

— Et c'est la même chose pour toi ! Chaque homme a une femme idéale en tête comme chaque femme a un homme idéal en tête !, lui rétorquai-je.

— Tu en penses quoi Abrían ?, lui demanda-t-elle.

— Stacey ça suffit maintenant !, la sermonna June. On est ici pour profiter de Meï une dernière soirée alors si ça te dérange tant de ne pas être au centre du monde, tu peux partir ! »

Le ton de June est si glacial qu'elle nous prend tous de court. Abrían reste silencieux comme depuis le début de la conversation.

« Ce que j'en pense c'est que si tu continues comme ça, tu risques pas d'être MA femme idéale », rétorqua Abrían excédée.

Il sort du restaurant sous nos yeux abasourdis. Stacey reste sans voix mais est blessée par les propos d'Abrian.

« Je ne veux pas prendre sa défense mais tu le cherches, tu le trouves ! », le défendit Andrew.

Il revient quelques minutes plus tard, les traits radoucis. Stacey reste silencieuse. Je n'aime pas la voir comme ça mais je ne comprends pas pourquoi elle se sent aussi menacée par moi, je ne comprends pas pourquoi elle m'a prise en grippe. Je suis déçue et triste parce que je l'apprécie...

Le moment des au revoir a été le plus compliquée à vivre. Je m'attache tellement facilement aux gens. J'embrasse June et serre dans mes bras Andrew.

« Pichoncita, prends soin de toi », me glissa Abrían au creux de l'oreille.

Il me serre dans ses bras avant de se détacher. Je lui souris tout en acquiesçant. Je vais prendre soin de moi, j'y vais pour ça d'ailleurs. Stacey me fait rapidement la bise avant de prendre le chemin de chez elle.
Quant à Daniela, je suis heureuse de ne pas être obligée de lui dire au revoir et d'avoir encore quelques heures avec elle avant de partir. Demain c'est ma dernière journée et je compte bien en profiter pour passer du temps avec celle que je considère désormais comme ma meilleure amie.

En rentrant à l'appartement, nous nous posons sur le canapé.

« Elle avait quoi Stacey avec toi ?

— Je ne sais pas ! Je crois qu'elle est aveuglée par la jalousie...

— La jalousie ?

— Elle se sent menacée par moi, soupirai-je.

— Pour Abrían ?

— Ouais...

— Mais c'est n'importe quoi ! D'accord vous vous entendez bien mais tu t'entends bien aussi avec Andrew ce n'est pas pour autant que tu vas lui sauter dessus ou qu'il va te sauter dessus, me dit-elle.

— Je suis d'accord avec toi ! Mais bon c'est comme ça.

— Elle va le perdre si ça continue et ça ne sera pas à cause de toi ! Déjà vu ce qu'il lui a dit, je le prendrais comme un avertissement.

— Il était juste en colère et je peux comprendre. Il voulait certainement la blesser.

— Je ne sais pas. Normalement un homme ça ne cherche pas à blesser ça dis ce que ça pense et tant pis si ça blesse. Ce n'est pas aussi tordu qu'une femme.

— Il est peut-être l'exception qui confirme la règle... »

Elle me fait une moue septique avant de changer de sujet. Nous refaisons le monde quelques minutes avant de prendre la direction de la chambre que nous partageons toutes les deux.

L'iris bleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant