Chapitre 85

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Lundi 17 juillet 2023,

Point de vue Abrían

Quand nous arrivons devant l'orphelinat, je suis surpris par son aspect extérieur. Il n'est pas comme on pourrait se l'imaginer, il est en bon état et dispose d'une agréable façade. De plus, il est bien situé dans la ville, dans son cœur le plus ancien. Quand on lève les yeux, on remarque le sommet du mont.

« J'ai hâte que tu rencontres Chan et Willy...

— Et Shu, non ? », lui souris-je.

Elle acquiesce alors que nous franchissons la cour de l'orphelinat. Je me sens très mal à l'aise et j'ai dû mal à cacher ma nervosité. Je suis dans un pays étranger, avec des gens locaux qui parlent une langue que je ne connais pratiquement pas et dans une culture qui me semble bien loin de la mienne.

« Meï ! », s'écria une petite fille.

Elle court vers Meï, très heureuse de la voir. Je devine assez facilement que cette petite fille n'est autre que Shu. Ses traits fins et ses bouclettes lui donnent un air angélique mais d'après tout ce que m'a raconté Meï sur elle, l'apparence est trompeuse.

Je regarde Meï se mettre à sa hauteur alors que Shu se jette dans ses bras, l'étreignant de toutes ses forces. Elles dialoguent toutes les deux dans une langue qui est étrangère et je me sens comme une plante verte à cet instant précis. Je fixe les environs où je remarque que des enfants jouent à l'intérieur.

Meï se relève et me détaille tout comme la petite d'ailleurs. Elle semble aussi craintive que moi, au moins on est deux à ne pas se sentir à l'aise. Cependant c'est complètement ridicule d'être intimidé par une petite fille de sept ou huit ans qui ne ferait pas de mal à une mouche. Elle s'accroche à la jambe de Meï et semble se cacher derrière. Je souris devant cette réaction enfantine mais tellement mignonne.

« Normalement elle n'est pas aussi timide.J'essaie de lui faire comprendre qu'il faut qu'elle te dise bonjour mais elle ne veut pas !

— Ça n'a aucune importance. Elle est simplement intimidée. »

Elle me fait un faible sourire alors que ma voix se veut la plus rassurante possible. Je n'en veux pas à Shu d'être sur la réserve, elle ne me connaît pas et je viens dans son environnement. A son regard d'enfant, je comprends que je l'intimide et l'impressionne autant que je l'intrigue.

Quand nos regards se croisent vraiment, elle finit par quitter Meï et courir en direction des autres enfants.

« Meï ! »

Les enfants se mettent à crier son prénom quand elle franchit le préau. Une chose est sûre c'est qu'elle est très appréciée voire aimée. Ça devait être une sacré bénévole pour qu'il y ait un tel engouement autour d'elle dès qu'elle arrive. Les enfants se jettent tous sur elle et lui font un câlin collectif. Elle leur parle un bref instant et ils me regardent tous comme si je venais d'une autre planète, je leur fais un signe de la main.

Une jeune femme arrive vers elle et la serre dans les bras tout comme le jeune homme quelques secondes plus tard. J'imagine sans difficulté que c'est Chan et William. Ce dernier me serre la main tout en souriant alors que Chan me fait la bise.

« On a tellement entendu parler de toi, si tu savais !, plaisanta Chan.

— Non mais n'importe quoi !, s'insurgea Meï.

— Oh je t'en prie, assume ! », renchérit William.

Je m'esclaffe devant une Meï plutôt agacée par la situation. Elle n'aime pas particulièrement quand on lui rappelle qu'elle tient à moi, certainement plus pudique qu'on ne pourrait le penser.

« Je vous laisse. Je vais voir Shu, je ne sais pas où elle est passée ! »

Sur ces mots, Meï sort de mon champs de vision. Chan repart auprès des enfants alors que William me dévisage. Mal à l'aise, je finis par me gratter la nuque.

« Meï et Shu, une vraie histoire d'amour !

— C'est ce que j'ai cru comprendre et pu voir tout à l'heure, souris-je.

— Oui et c'est comme ça depuis le début ! Un coup de foudre si on peut dire les choses comme ça !

— C'est presque un lien maternel entre elles ! »

Il acquiesce avant d'arborer un sourire. C'est d'ailleurs très étrange pour moi de la voir aussi proche d'un enfant alors qu'elle semblait assez mal à l'aise cette nuit quand on a parlé de bébé. D'ailleurs je n'ai pas cherché à insister sur le sujet, j'ai préféré rester silencieux.

« Alors la Chine te plaît ?

— J'ai un peu le mal du pays pour être tout à fait honnête avec toi !

— Au début je l'ai eu aussi surtout quand on ne sait pas parler leur langue ! »

Je soupire avant de hocher la tête.

« Tu sais la parler maintenant ?

— J'ai plutôt intérêt entre les enfants et le fait que je sorte avec Chan !

— Meï m'a dit qu'ici ce sont les hommes qui doivent apprendre le dialecte de sa compagne ou future compagne.

— Exactement. Tu vois que tu connais des choses sur la culture chinoise !

— Disons que j'ai un très bon professeur. Elle me parle énormément de la Chine alors ça attise ma curiosité.

— Depuis le temps qu'elle voulait te faire venir ici... Tu aurais vécu ici, elle serait restée !

— Je sais, lui souris-je. J'ai de la chance de l'avoir !

— Oui effectivement je n'aurais pas su dire mieux ! »

Il éclate de rire alors que je regarde Meï caresser le visage de Shu. Elle est tellement maternelle avec elle que ça en est déroutant. Comment peut-on se sentir aussi proche d'un enfant qui n'est pas le sien ? Je ne critique pas, loin de là, en vérité je trouve cela beau que Shu puisse avoir une figure maternelle même si ce n'est pas sa mère biologique.

« Ça me fend déjà le cœur de savoir qu'elles vont encore se séparer toutes les deux...

— Pourquoi ?

— Tu verras mais si tu restes insensible à cela alors je ne te comprendrais pas. »

Il me sourit avant de rejoindre Chan et les enfants, me laissant seul devant Meï et Shu. La petite finit par me regarder, elle arbore un léger sourire avant de se cacher dans les bras de Meï. Je secoue la tête, amusé par sa réaction. Elle a vraiment tout de la chipie.

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