Chapitre 58

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Le lendemain matin,

Point de vue Meï

Depuis ma conversation avec Abrían, je ne suis pas au mieux de ma forme. Ça me tracasse. Je n'aime pas quand c'est comme ça entre nous, peut-être aussi car je n'ai pas l'habitude.

« Quelque chose ne va pas Meï ? Tu es bien soucieuse depuis hier soir... »

June, tout en arrosant ses fleurs au magasin, me fixe longuement. Elle est inquiète.

« Si tout va bien...

— On ne dirait pas. Tu fais une tête de dix pieds de long depuis hier soir.

— Je suis fatiguée », lui expliquai-je.

Elle me dévisage avant de faire une moue perplexe. Je ne vais pas commencer à lui parler de mon problème avec Abrían sinon elle va se faire des films, en parler à Daniela et ça va encore semer la zizanie entre nous deux. Pourquoi j'ai cette boule au ventre qui me donne envie de pleurer ? Les propos d'Abrian me hante comme un mauvais rêve. Comme si son avis et ce qu'il pensait m'était plus important que tout le reste. Des larmes s'échappent sous le regard médusé de June.

« Meï qu'est-ce qui t'arrive d'un coup ? »

Elle se précipite vers moi et me prend dans ses bras tandis que je me laisse aller. Je ne sais pas ce qui m'arrive.

« Rien... ça.. ça va passer !

— C'est à cause de Matthew ? Être à Saguenay est trop difficile ? »

J'aimerais que ça soit cela, j'aimerais me dire que le problème c'est Matthew et pas Abrían sauf que ça serait totalement faux. A l'heure actuelle, la seule chose qui me travaille c'est lui.

« Non rien à voir. Tout ça c'est derrière moi...

— Alors qu'est-ce qui ne va pas ? Tu ne pleures pas sans raison !

— Rien c'est la fatigue et le décalage horaire. Je n'arrive pas à m'en remettre. »

Un mensonge ne peut être cru que s'il y a une part de vérité là-dedans. Le décalage horaire est la part de vérité. Je m'essuie négligemment les yeux en soufflant un bon coup. Pourquoi je me mets dans des états pareil pour une tout petite dispute de rien du tout ?

« Oh merde, il faut que l'on y aille ! »

Ah oui c'est vrai que ma robe m'attend à la boutique. Je suis très curieuse de la voir, déjà j'ai eu un aperçu de mon bouquet de fleur et je dois avouer qu'il va être magnifique. Les garçons ont vraiment été doué. Cependant malgré ma curiosité, je n'ai pas du tout la tête à m'y rendre. J'ai envie d'être dans mon lit et cogitée.

« Je me suis disputée avec Abrían hier soir quand on était dehors », avouai-je.

Tout en fermant le magasin derrière elle, elle me dévisage.

« C'est pour ça que tu pleures ? Tu sais ça arrive à tout le monde se disputer avec ses amis...

— Je sais mais c'est différent.

— En quoi c'est différent ?

— Je n'ai pas l'habitude et du coup ça me travaille...

— Bah je vois ça oui ! Tu as les larmes aux yeux Meï. »

Je hausse les épaules avant que nous nous dirigions vers la boutique. Daniela travaillant, elle ne peut pas être avec nous.

« Pourquoi vous vous êtes disputés ?

— Je ne sais pas en vérité ! On parlait de la Chine et de ma volonté de rester là-bas parce qu'ici il n'y a rien qui me retient ici...

— Et tu ne vois toujours pas ce qui cloche là-dedans ? Je crois que la clef de sa réaction réside dedans !

— Mais j'ai rien dit d'autre que ce que je pensais ! S'il ne voulait pas entendre ça, il n'avait qu'à ne pas me poser la question !

— Meï je crois que tu n'y es pas du tout avec Abrían. Tu es à côté de la plaque, complètement ! »

Je la regarde avec incompréhension. Je ne suis pas à côté de la plaque, je ne comprends pas sa réaction ; ce n'est pas tout à fait la même chose.

« Mais personne ne va se mêler de vos affaires pour la simple et bonne raison c'est que la dernière que l'on a essayé, ça nous est retombée dessus. Donc maintenant vous voyez ça entre vous ! »

Je soupire. Pour une fois que j'avais besoin d'aide, on ne m'aidera pas.

« Quoique j'ai pu dire, je ne voulais pas le blesser et le vexer. Rien que d'imaginer que cela puisse être le cas, ça me ronge de l'intérieur.

— Il s'en doute mais parfois tu oublies que c'est un humain et pas un robot.

— Comment ça ?

— Eh bien je sais que vous vous parlez beaucoup et que tu te confies très régulièrement à lui. Mais j'ai l'impression que tu te confies à lui comme si tu te confiais à un robot... Pour Matthew, il n'a pas bronché et pour le fait que tu partes ailleurs pour te reconstruire, il ne t'a rien dit. Il t'a même poussé à le faire mais là en voulant partir définitivement, tu lui en demandes clairement trop.

— Mais je lui en parlais comme ça...

— Non ce que tu cherchais c'était sa bénédiction sauf qu'il ne te l'a pas donné ! Pour une fois, il n'est pas allé dans ton sens et ça t'emmerde ! »

Bien évidement que je voulais sa bénédiction parce que c'est lui qui m'aide depuis deux ans et qui approuve tous les choix que j'ai pu faire. Je ne vois pas ce qu'il y a d'anormal là-dedans.

« Effectivement ça me contrarie mais pas autant que le fait de le blesser...

— Écoute Meï, je ne sais pas ce qui se passe entre vous deux. Mais lui ce n'est pas normal qu'il prenne mal le fait que tu veuilles partir définitivement mais ta réaction n'est pas plus normal.

— Pourquoi ?

— Tu pleures parce que tu l'as blessé. Excuse-moi mais c'est le genre de réaction que l'on a quand on tient énormément à la personne. Donc dans l'histoire vous êtes tous les deux en tort. »

Je soupire alors que nous entrons dans la boutique. Nous saluons la vendeuse qui après les présentations, m'invite à aller dans une des cabines d'essayage du magasin. Après quelques minutes, elle m'apporte la robe.

« Alors comment tu la trouves ?

— Visuellement, elle est magnifique !

— Tu n'as plus qu'à l'essayer », me sourit June.

Je ferme le rideau sur moi et me déshabille pour enfiler la robe. Malgré sa longueur, je suis très à l'aise dedans.

« June, je croyais qu'elle devait être simple, dis-je en sortant.

— Elle est simple !

— Elle est ouverte sur un coté à mi-cuisse, rouspétai-je.

— Et ça te va très bien ! Tu vas être une demoiselle d'honneur au top. »

Elle me sourit devant mon air abattu. Je fais vraiment ça pour Daniela parce que je n'aime pas les décolletés et les robes ouverte de cette manière. Il n'en reste pas moins qu'elle est magnifique et que le bouquet sera en adéquation avec ma robe.

« Tu es vraiment magnifique ! Et tu le seras davantage vendredi ! », me dit-elle.

Gênée, je lui fais un léger rictus. Je retourne dans la cabine pour remettre mes habits. Je ressors avec ma robe enveloppée dans une housse de protection. Même si Daniela n'a pas écouté pour la simplicité de la robe, je sais qu'elle m'a écouté pour la fourchette que je voulais mettre dedans donc c'est sans grande surprise que le prix soit dans cette dernière.

L'iris bleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant