L'iris bleu

Chapitre 47

Le 4 août 2020, Saguenay.

Point de vue Abrían

Je suis étonné après m'être douché d'avoir reçu un appel de Meï. La voyant encore connecté je décide de la rappeler.

« Salut Pichoncita, comment tu vas ? », lui souris-je.

Elle me regarde comme si je venais d'une autre planète pourtant je ne vois pas ce que j'ai dit de mal.

« Je... Ça va et toi ? »

Elle a une petite voix et ne semblait pas sûre d'elle au début.

« Je vais bien. Un peu fatigué par mes gardes. Et toi la Chine, toujours aussi bien ?

— Oui », me dit-elle rapidement.

Un long silence se fait entre nous. Elle semble perdue dans ses pensées et finit par porter son attention sur moi.

« Je suis désolée pour ma réaction en janvier. Je n'avais pas à m'en prendre à toi !

— Ah ! Tu parles de ça ! Bah t'inquiète c'est oublier depuis longtemps ! », lui avouai-je.

Elle est perplexe devant ma réaction.

« Je ne dis pas ça pour te faire plaisir, Pichoncita. Je te le dis parce que je le pense. Par contre, rappelle-moi de ne jamais t'énerver !

— Je m'excuse quand même car j'aurais du soit te laisser la chance de t'expliquer, soit m'en prendre directement à elle. Tu aurais dû me le dire pour Stacey.

— De quoi ?

— Que c'était tendu entre vous à cause de moi.

— Ce n'est pas à cause de toi ! Disons que l'on s'était un peu éloigné !

— Ce n'est pas ce que m'a dit Daniela... »

Son soupir est à peine audible, mais son air exaspéré le trahit largement. Je lui souris.

« Non mais Daniela tout comme June et parfois Andrew font leur chanson tout seul, la rassurai-je.

— Ouais je suis bien d'accord avec toi !

— Alors la Chine ? Tu ne m'as pas dit ! »

Son visage triste se transforme en un sourire radieux. Je n'ai même pas besoin de l'entendre raconter sa mission pour savoir qu'elle est heureuse là-bas. Au fond, j'espère quand même qu'elle va revenir par ici après avoir fini sa mission.

« Franchement c'est génial ! Les enfants sont adorables... enfin quand ils ne se sont pas donnés le mot pour être insupportable. Après Chan et les autres sont super cool, je m'entends vraiment bien avec eux. Le paysage est magnifique et j'adore me balader dans les étales du marché. Tu verrais la quantité d'épices qu'il peut y avoir !

— Effectivement tu es emballée par ton voyage !

— Je sais que je ne te l'ai jamais dit mais merci. »

Je la regarde curieusement, ne sachant pas pourquoi elle me remerciait.

« Merci ?

— Oui parce que c'est grâce à toi. Je sais que m'aider n'a pas toujours été une partie de plaisir.

— C'est sûr !, ris-je.

— Je ne relèverais pas ton pique. Mais ce que je voulais dire c'est que je ne t'ai jamais pris pour un idiot ou quoique ce soit du genre et je sais aussi que j'ai été un sujet de discorde entre toi et Stacey et j'en suis désolé même si je ne t'ai jamais demandé de m'aider... »

Elle me déblatère ça a toute vitesse, ayant certainement peur que je l'interrompe ou que je réagisse mal durant son discours. Je ne vois vraiment pas pourquoi elle pense que j'ai pu croire qu'elle m'avait utilisé ou quoique ce soit.

« Je ne sais pas quoi te dire à part que si je t'ai aidé c'était pour la simple et bonne raison que j'avais envie de le faire. Ensuite je n'ai jamais pensé une seule minute que tu me prenais pour un idiot ou un pigeon. Pourquoi tu me dis tout ça ?

— Bah parce que je suis restée silencieuse durant quelques mois...

— Et ? Meï tu avais besoin de faire une vraie coupure avec nous et Saguenay. C'est normal, tu es partie pour te changer les idées si c'était pour rester continuellement en contact avec nous valait mieux que tu restes avec nous !

— Je sais mais dans le doute...

— Bah arrête de douter alors », ris-je.

Elle me fait un faible sourire avant de remettre la mèche de ses cheveux derrière son oreille.

« Bon et toi ? Comment tu vas depuis ta rupture ?

— Ça va enfin disons que je ne regrette pas de l'avoir fait ! Toute manière, je travaille tellement en ce moment que je n'ai pas le temps pour une relation et pour être tout à fait honnête avec toi, je ne cherche pas à être disponible non plus !

— Au moins tu es honnête avec toi-même, plaisanta-t-elle.

— Voilà ! Tu vas faire quoi aujourd'hui ?

— Là je vais dormir. Je te signale que l'on a douze heures de décalage.

— Ah oui c'est vrai, désolé.

— Sinon demain je suis de repos et toi, tu vas faire quoi aujourd'hui ?

— Tu vois le paresseux ?

— Oui, très bien !, plaisanta Meï.

— Bah sache que j'ai exactement le même état d'esprit et le même programme !»

Elle réprime son envie de rire et finit par acquiescer.

« Tu veux peut-être que je te laisse dormir ?

— Non c'est bon, il n'est que 21h30. »

Nous continuons de parler pendant quelques minutes avant de se dire au revoir. Plus les mois passent et plus elle semble rayonnante. Ce voyage lui permet de faire un vrai travail sur soi et c'est pour cette raison que je ne comprends pas pourquoi Daniela prend très mal le silence de Meï. 

Point de vue Meï

Je ne pensais pas que prendre des nouvelles d'Abrian me ferait autant de bien, j'en viens presque à me demander pourquoi j'ai attendu aussi longtemps avant de lui reparler. Il réagit beaucoup mieux que Daniela mais il n'y a rien d'étonnant là-dedans, depuis le début nous sommes souvent sur la même longueur d'onde. Daniela est peut-être moins tolérante qu'elle ne le laisse croire ou qu'elle ne le pense. Je pose mon portable sur la table de chevet avant de partir dans les bras de Morphée.