Point de vue AbríanAlors que Shu est sur mes genoux en train de dessiner, je porte mon attention sur Meï qui semble en grande discussion avec la directrice de l'orphelinat.
« Abrían ? », interpella Shu.
Je sors de mes pensées et passe mes mains dans ses bouclettes. Malgré nos problèmes de communication parfois, nous arrivons petit à petit à se comprendre.
« Oui ?
— Est-ce que Meï va bien ? »
Elle se tourne vers moi afin de déchiffrer les expressions sur mon visage. D'abord surpris par la question, je finis par lui sourire. A force d'être au contact des enfants et surtout au contact de Shu, j'ai compris qu'ils étaient de vraies éponges à émotions. Joie, tristesse, euphorie, bonheur : rien échappe à leurs yeux. Puis Shu est tellement en connexion avec Meï que j'ai presque l'impression que c'est sa fille cachée.
« Elle va très bien. Pourquoi ?
— Je ne sais pas. Elle semble un peu triste et toi, tu es un peu ailleurs. Vous n'êtes pas comme d'habitude ! »
Je lui souris avant d'essayer de la chatouiller comme je le fais avec elle depuis quelques jours. Elle éclate de rire et tente en vain de se dégager.
« Tu préfères ça ?, la taquinai-je.
— Arrête Abrían !, me supplia-t-elle.
— On va tous les deux très bien. Je te laisse juste dessiner et Meï semble en grande discussion avec madame Ling.
— Tu me le promets ? »
Elle me fixe longuement, le visage inquiet. J'acquiesce avant de refaire correctement sa queue de cheval.
« Tu as déjà fait de mauvais rêve ?
— Oui... Parfois on me vole l'écharpe de Meï et je me retrouve sans rien d'elle ! »
J'arbore un sourire compatissant.
« Eh bien tu vois, Meï en ce moment elle fait de mauvais rêves aussi...
— Pourquoi ?
— Tu sais, on ne contrôle pas toujours notre tête. Regarde, pourquoi toi tu rêves que l'on te vole l'écharpe de Meï ?
— Parce que j'ai peur qu'elle m'abandonne. »
Elle me regarde avant de baisser les yeux vers ses genoux. Je la serre contre moi et pose une main protectrice au niveau de sa tempe.
« Elle ne t'abandonneras jamais, Shu, jamais !
— C'est comme une maman pour moi...
— Je sais, ma puce, je sais. »
Quoi répondre d'autres à cela ? Meï est tout pour elle, tout.
« Quand je serais plus grande, je voudrais être comme elle...
— C'est ton modèle ?, lui demandai-je.
— Oui ! Elle est gentille, belle et pas bête ! »
Je souris devant l'admiration qu'elle a pour elle. C'est hallucinant de voir autant d'amour et d'admiration dans ses yeux pour une femme qu'elle ne connaissait pas, il y a encore quatre ans. Elle a un lien indéfectible avec elle, et il m'arrive parfois de me sentir responsable de leur séparation. Meï serait certainement restée auprès d'elle si je n'avais pas mis mon grain de sel dedans.
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L'iris bleu
RomansDepuis la mort de son compagnon, trois ans auparavant, Meï Sullivan ne se sent plus tout à fait la même. Tout est devenu plus difficile et compliqué. Ses relations avec la gente masculine sont au point mort et ceci semble lui convenir au grand dam d...