Le 5 août 2020, Fenghuang.
Point de vue Meï
Étant de repos et ayant besoin de dormir, je fais une grasse matinée. Vers 11h00, je me lève enfin et passe sous la douche par la même occasion.
« Meï ! », chantonna Shu.
Elle s'approche de moi et ouvre grand ses bras. Je me mets à sa hauteur et la serre contre moi avant de l'embrasser sur la joue.
« Comment tu vas ?
— Bien », me dit-elle en repartant.
Puis comme si ça faisait une éternité qu'ils ne m'avaient pas vus, ils m'encerclent et tentent de me serrer dans leur bras. J'essaie de caresser la tête de chacun d'eux.
« Les enfants, lâchez Meï un peu », soupira Willy.
Il vient à moi avec Chan et me font tous les deux la bise. Chan et Willy forment un duo tout aussi efficace que celui que je peux former avec elle ou avec lui. Je devine que Sara avait pour charge d'aller au marché ce matin.
« Tu as un large sourire ce matin ! », s'exclama Willy.
Je le regarde, un brin dubitatif. Je suis comme tous les matins depuis que je suis ici, souriante et à ma place.
« C'est vrai maintenant que tu le dis, souligna Chan.
— Non mais faut que vous arrêtiez la drogue ! C'est pas fait pour vous ! »
Je plaisante mais sans le vouloir mon rire est plus nerveux qu'autre chose. Ils froncent tous les deux des sourcils avant de me regarderperplexe.
« Mouais bien sûr ! On percera ton secret Meï Sullivan, fais nous confiance ! », s'exclama Chan.
Il lui sourit tandis que je hausse les épaules. Je n'ai strictement rien à cacher ou à dissimuler donc ils peuvent toujours tenter de percer un secret imaginaire.
« Bah si ça peut vous faire plaisir », dis-je en partant à la cuisine.
Je grignote quelques petites choses sans pour autant me nourrir vraiment, on mange dans une heure ou une heure et demie. Willy arrive quelque minutes après, le sourire victorieux.
« Ça y est j'ai compris. Tu as parlé à ton pote hier soir ?
— Euh.. oui enfin sans plus !
— Et ça s'est arrangé ?
— Arranger ? Non même pas enfin visiblement il est encore le seul à comprendre que j'ai eu besoin de faire une coupure avec Saguenay. Ce qui n'est pas du tout le cas de ma meilleure ami...
— Meï y a deux possibilités soit il est d'une tolérance à toute épreuve avec tout le monde, soit il est indulgent qu'avec toi.
— Te connaissant tu opterais pour la deuxième option !
— J'ai encore rien dit mais je vois que la deuxième option a l'air à ton goût !, me nargua Willy.
— Pfff !
— J'aime cette répartie que tu n'as pas quand ça le concerne !
— Bon tu as fini ?
— Je peux continuer si tu veux ! Je vois que le rouge te monte facilement aux joues en avançant dans la conversation.
— La ferme ! », assenai-je en partant de la cuisine.
Il m'agace avec ses taquineries. S'il s'ennuie autant durant son temps libre, il pourrait jouer avec les enfants. Il est tout aussi mature qu'eux.
« J'en ai pas fini avec toi Meï Sullivan ! Ce n'est que le début. J'ai trouvé ta faille, je ne vais pas te lâcher maintenant ! », cria-t-il.
Je me retourne vivement vers lui et lui fais un magistral doigt d'honneur. Je m'en moque de ses bêtises, il se lassera avant moi, j'en suis persuadée. C'est un gamin, ça joue un peu et puis après ça se lasse du jouet.
« Tu perds ton temps ! », murmurai-je entre mes dents.
Je sors de l'orphelinat et comme chaque fois que je suis en repos, je prends la direction de la forêt. Au sommet du mont, on a une très belle vue sur la ville mais aussi sur le lagon. Ce paysage me manquera quand je partirai, il y en a des beaux à Saguenay mais pas aussi sublime qu'ici. Cependant je ne préfère pas penser à mon départ d'ici, il me reste encore un an à faire et j'espere qu'il passera lentement car je n'ai aucune envie de partir d'ici. J'ai trouvé mes marques, je sais parler couramment et écrire un peu le dialecte de ma mère et je me sens surtout à ma place ici. Je soupire bien malgré moi.
Mon portable vibrant dans ma poche, je le sors.
De Daniela
Salut... Je suis désolé pour ma réaction avant-hier. En ce moment je suis à cran et je m'en suis prise facilement à toi. Je comprends ton silence mais j'espère que d'ici les prochains mois, on parlera un peu plus.
Je souris car je ne m'attendais pas à un mea culpa de sa part.
À Daniela
Tu sais même sans mon silence, entre le decalage horaire et le fait que je suis débordée avec les enfants, je n'ai pas beaucoup de temps pour discuter avec toi ou avec les autres.
De Daniela
Je sais... June avait essayé de te joindre mais sans succès non plus...
À Daniela
Oui je sais mais je n'ai vraiment pas une minute à moi et quand j'en ai je le consacre à dormir généralement.
De Daniela
Je connais ça avec les gardes d'Andrew. Parfois on vit en décaler. Avant ça ne me dérangeait pas, on ne vivait pas ensemble mais maintenant que l'on habite tous les deux... Les soirées peuvent être très longues...
À Daniela
J'imagine bien. Il a le même contrat qu'Abrian ?
De Daniela
Non un peu moins. Comment tu sais qu'Abrian bosse beaucoup en ce moment ? Non en faite je ne préfère pas savoir. Faites votre truc.
Je souris en me disant que le message était bien passé et que maintenant elle allait me fiche la paix avec Abrían. Je remets mon portable dans ma poche de blouson et continue ma marche solitaire.
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L'iris bleu
RomanceDepuis la mort de son compagnon, trois ans auparavant, Meï Sullivan ne se sent plus tout à fait la même. Tout est devenu plus difficile et compliqué. Ses relations avec la gente masculine sont au point mort et ceci semble lui convenir au grand dam d...
