Chapitre 63

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Le soir,

Point de vue Abrían

Quelque temps après le départ des jeunes mariés, je pars m'aérer l'esprit dehors. Il doit être approximativement vingt-deux ou vingt-trois heures, à vrai dire je ne sais pas. J'ai oublié mon portable chez moi ce matin. J'ai aussi oublié mon paquet de cigarette. Je finis par sentir des mains m'entourer le corps.

« Abrían t'es pas gentil tu m'as laissé toute seule », me répondit Meï.

Je me retourne vers elle et constate avec amusement qu'elle est un peu éméchée.

« Toi, tu as des verres en trop, lui souris-je.

— Même pas vrai ! », dit-elle en pointant son index sur mon torse.

Elle n'est pas un peu, elle est complètement éméchée. Heureusement que je lui avais dit de faire attention avec le mélange d'alcool, surtout qu'elle ne tient pas l'alcool.

« Et moi je crois que si... »

Elle secoue la tête négativement avant de se blottir contre moi, nichant son nez dans mon cou. Je tente de me dégager de son étreinte mais elle me serre tellement fort contre elle que je ne parviens pas à la repousser.

« Tu sens bon... »

Je me retiens de rire, ne voulant pas la vexer. J'espère pour elle qu'elle ne se souviendra pas de son passage à vide sinon elle va se sentir bien gênée demain matin.

« Merci mais tu devrais arrêter de parler avant de dire des choses que tu pourrais regretter », la prévins-je.

Elle se détache de moi et secoue la tête négativement. Je crois que je ne l'ai jamais vu dans un état aussi second. Quoique elle était déjà dans un bel état, la deuxième fois que je l'avais vu.

« Moi ? Regretter ?, demanda Meï en posant son index sur son coeur.

— Oui toi ! La fille bourrée qui va finir par dire des choses qu'elle aurait préféré garder pour elle », lui confirmai-je.

Elle hausse les épaules avant de secouer, une nouvelle fois, négativement la tête. Elle pose ses mains sur mon torse avant de les glisser vers l'encolure de ma chemise.

« Meï ! », la grondai-je en lui prenant les mains.

Si je ne l'avais pas arrêté, elle m'aurait certainement déboutonnée quelques boutons de ma chemise.

« Quoi ?

— On sait tous les deux ce que tu t'apprêtais à faire !

— Comme si ça t'aurait dérangé ! »

Elle fait une moue triste.

« Alors pour répondre, en temps ordinaire non mais là tu es bourré alors oui ça me dérange !, lui avouai-je.

— Je suis pas saoule et toi t'es méchant ! »

Elle tapote mon torse avant de me regarder méchamment.

« Je suis méchant et pourquoi ?

— Parce que... Parce que... »

Elle bute sur les mots, signe que son état d'ébriété semble s'accentuer. Je crois que je ne suis pas au bout de mes peines.

« Parce que ?

— Parce que tu sais que... que je tiens à toi...

— Et ?

— Et ? Et tu fais du chantage ! »

J'imagine qu'elle fait référence à la sorte d'ultimatum que je lui ai posé pour ne pas qu'elle parte définitivement en Chine. Je dois admettre que c'est assez déplacé mais elle l'a cherché aussi.

« Meï arrête de parler ! Tu vas réellement finir par dire des choses que tu ne voudrais pas !

— Pourquoi ?

— Parce que tu vas le regretter en te levant demain voilà pourquoi je te dis d'arrêter ! ».

Je cherche du soutien sauf qu'évidement personne n'a l'idée d'aller dehors. Je me hais parfois.

« Tu devrais rentrer à l'intérieur et voir June !

— Non je veux rester avec toi ! »

Elle niche son nez dans mon cou, une nouvelle fois. Quelle plaie ! Plus jamais, elle boit en ma présence ! Plus jamais ! Elle est intenable.

« J'ai pas envie de... te perdre...»

Je sens son souffle parcourir la peau de mon cou avant que sa main ne vienne capturer ma joue. Elle va m'avoir à l'usure si ça continue.

« Meï... », la suppliai-je.

Elle frôle son nez contre le mien, nos souffles se mélangeant.

« Embrasse-moi, me chuchota-t-elle.

— Non Meï !, dis-je en me dégageant d'elle.

— Mais pourquoi ?

— Parce que tu es saoule ! C'est une raison amplement suffisante. Allez viens on va voir les autres ! »

Je prends l'une de ses mains et la ramène, bon gré mal gré, à l'intérieur. Je croise que le regard de June qui parle tranquillement à Stacey et Joy, si je me souviens bien.

« Elle est bourré non ?, demanda Joy amusée.

— Je te confirme. Elle ne veut pas me lâcher depuis tout à l'heure.

— Et je vous entends !, s'indigna Meï

— Mais oui, mais oui ! », rit June.

Elle pose sa tête contre moi, la main sur mon torse, cherchant à déboutonner ma chemise. Je vais la tuer.

« Meï un peu de tenue !, la grondai-je en retirant sa main de mon torse.

— Je sais pas si je dois en rire ou en pleurer, déclara Stacey.

— J'avais oublié qu'elle pouvait être entreprenante quand elle buvait, s'esclaffa Joy.

— Y en a une qui va pas assumer demain matin et je me ferais une joie de tout lui dire dans les moindres détails », plaisanta June.

Meï me semble de plus en plus lourde, elle va finir par s'endormir contre moi. Je la retiens par la taille.

« Il va falloir la ramener, suggérai-je.

— C'est très gentil de te proposer Abrían. Je te donne mes clefs, tu me les ramènes après enfin si tu peux revenir !, rit June.

— Non pas moi ! C'est une vraie plaie !

— Mais si visiblement tu sais bien t'y prendre avec elle », rit Joy.

Je les fusille une par une du regard. June me donne ses clefs et je les prends à contrecœur. Elle a intérêt à rester aussi sage qu'elle est là. Je m'en souviendrais encore longtemps du mariage de Daniela et Andrew.

L'iris bleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant