Chapitre 87

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Six jours plus tard,

Allongé sur le lit, j'attends que Meï sorte de la salle de bain pour pouvoir prendre sa place. La journée a été éprouvante physiquement, on a marché toute la journée et découvert mille et une choses à Fenghuang et dans ses environs. Nous sommes allés sur le mont ce qui nous a bien pris une heure facilement, puis on est allé au marché où j'ai été très impressionné par la haine que les Chinois ont vis-à-vis des japonais. Des têtes de porcs décapités avec un drapeau japonais sur le haut du crâne traduisait ce mépris et cette haine. Meï m'a ajouté que Fenghuang est l'une des villes les plus nippophobe de Chine.

Une fois que Meï est sortie de la salle de bain, j'ai pris naturellement sa place. Je rêve de cette douche depuis au moins une heure ou deux. Mes habits me collent tellement que ça en devient très désagréable, puis j'ai besoin de me rafraîchir un peu. Il fait chaud et étouffant ici.

Quelques minutes plus tard,

Point de vue Meï

Assise sur le lit, en train de lire le best-seller du moment, je repense à ma vie d'avant. Elle ne me manque pas à vrai dire mais je me pose des questions sur comment elle aurait pu être si j'avais continué à être correctrice. Je parviens dorénavant à lire un livre sans cette impression de corvée qui avait fini par me dégoûter de l'édition.

« Il est intéressant ? »

Abrían pose ses vêtement sur le dossier de la chaise tandis que je le détaille. Je crois que je ne me lasserais jamais de le voir torse nu. Il s'allonge auprès de moi alors que mon visage affiche une mine déçu. Le spectacle est déjà fini.

« Beaucoup moins intéressant que toi torse nu ! »

Il se tourne vers moi, les yeux rieurs. Je replonge mon nez dans le roman avant qu'il ne ferme mon livre sous mes protestations.

« Tu m'as bien dit que j'étais plus interessant que le livre, maintenant assume les conséquences ! »

Il me sourit avant que ses lèvres ne viennent s'écraser sur les miennes. Je passe délicatement ma main dans ses cheveux avant de l'embrasser à nouveau.

« Je t'aime Abrían, lui chuchotai-je.

— J'espère bien, après bientôt deux ans de relation ! »

Il arbore un petit rictus avant de caresser ma joue. Notre couple est jeune et pourtant j'ai l'impression que cela fait une éternité que je suis avec lui. Sans doute car je me sens bien et à ma place auprès de lui.

« Je t'aime aussi, Meï ! », ajouta-t-il.

Il m'embrasse fougueusement avant de mettre fin à notre proximité, sous mes yeux très surpris.

« Quoi ?

— Rien... Je m'attendais à une autre fin que celle-là, souris-je.

— Tu m'as fait marcher toute une journée, je suis fatigué ce soir !, se justifia Abrían.

— Tu n'as pas à te justifier. Moi aussi je suis fatiguée. »

J'éteins la lumière et tente de trouver ma place pour m'endormir. Je finis par me tourner vers Abrían qui semble déjà dormir à point fermer. Il s'en dort tellement rapidement que je me demande comment il fait. Au bout d'une heure de tentatives, je finis par me lever et regarder par la fenêtre. Les rues sont encore bondées et les éclairages toujours aussi sommaires, ça ressemble à un coupe-gorge.

Je me retourne vers Abrían qui s'est tournée vers moi, les yeux clos. Je souris avant de regarder les étoiles dans le ciel.

« Tu ne dors toujours pas ? Je croyais que tu étais fatiguée ! »

Sa voix me sort de mes pensées, la lune éclairant un peu la chambre, je remarque qu'il a les yeux semi-ouverts.

« Non je n'arrive pas à dormir ! »

J'ai plutôt peur de m'endormir car je fais frénétiquement le même cauchemar depuis deux semaines. Je me réveille en panique ou en pleurs, le front en sueur et la gorge sèche. Je vis tellement ce cauchemar que j'en perds tous mes moyens quand je me réveille.

« Viens te coucher...

— Je n'ai pas sommeil Abrían mais je viendrais quand j'aurais trouvé le sommeil.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? »

La pièce se retrouve d'un coup immerger de lumières. Je me retourne vers Abrían qui frotte ses yeux pour s'habituer à la lumière.

« Tout va bien, le rassurai-je.

— Pichoncita, tu es fatiguée mais tu ne dors pas et je suis médecin donc je sais reconnaître de l'angoisse quand j'en vois. »

Sa voix est douce mais elle exprime une certaine gravité. J'affiche un petit rictus avant de venir dans le lit et de me caler dans ses bras, à moitié en pleurs. Je suis beaucoup trop sensible par rapport à un cauchemar qui n'est qu'un cauchemar et qui est très loin de la réalité.

« Meï ?

— Rien ça va passer ! »

Je lui embrasse le pectoraux avant de le regarder dans le blanc des yeux. Il caresse ma joue et essuie l'une de mes larmes.

« Tu es à moitié en pleurs et tu dors mal !Y a quelque chose qui ne va pas, dis-le moi !

— Je n'ai pas envie d'en parler... Puis c'est absurde !

— Ce n'est pas absurde si ça te travaille !

— Abrían s'il te plaît n'insiste pas. On en parle demain, tu veux ?

— Oui mais promets-moi de dormir ! »

J'acquiesce avant de l'embrasser et d'éteindre la lumière par la même occasion. Je m'allonge de mon côté et regarde le faisceau lumineux qui vient de la rue.

« Viens dans mes bras, me dit-il.

— Non après tu vas te réveiller parce que tu auras une...

— On s'en moque ! Viens dans mes bras, me coupa-t-il.

— Mais...

— Meï ! », me gronda-t-il

Je soupire et rapproche mon corps du sien, il en profite pour me serrer dans ses bras. Je pose mes mains dans son dos, mon nez contre son épaule.

« Merci », lui murmurai-je.

Au bout de quelques minutes, je parviens à rejoindre les bras de Morphée en espérant ne pas refaire mon cauchemar récurrent.

L'iris bleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant