Chapitre 43

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Le 26 février 2020, Fenghuang

Point de vue Meï

Le matelas n'étant pas des plus confortable, je me réveille avec un mal de dos assez conséquent. Je ne tente même pas de m'étirer comme j'ai l'habitude de le faire tous les matins. Je sors du lit à la levée du jour comme chaque matin depuis que je suis ici, je dois être prête avant de réveiller les enfants. Je pars rapidement sous la douche avant de m'habiller et faire une rapide queue de cheval afin d'être plus à l'aise.

Il n'y a pas un seul bruit dans l'orphelinat, on pourrait entendre une mouche voler tellement c'est silencieux. Cependant ce calme est de courte durée, une fois que les enfants seront réveillés ça sera du brouhaha toute la journée. Au début j'ai eu beaucoup de mal à m'habituer au bruit et je prenais régulièrement du paracetamol le soir après que l'on est couché les enfants dans les différents dortoirs.

« Bonjour Meï », me chuchota Chan en sortant de sa chambre.

Je lui souris tandis que nous nous dirigeons toutes les deux dans les cuisines.

« Tu as bien dormi ?

— Oui mais j'ai mal au dos ce matin. Je ne sais pas ce que j'ai fabriqué, soupirai-je.

— Peut-être hier quand on est allée se balader avec les enfants et que tu as dû porter Shu.

— Elle n'est pas si lourde que ça », ris-je.

J'ai certainement dû mal la prendre et donc fait un faux mouvement. Ce n'est pas bien grave, j'en ai vu d'autre notamment avec ma cheville cassée. Nous nous servons notre petit-déjeuner qui est bien différent de celui occidental. Ici, on mange du tofu ou du porridge de riz. Tout est à base de riz et cela m'étonne qu'au bout de six mois, je n'ai toujours pas fait d'overdose. Il faut dire que j'essaie de varier les mets que je mange.

« Tu es une rêveuse toi !, plaisanta Chan en s'asseyant en face de moi.

— C'est ce que l'on me dit souvent !

— Tu pensais à quoi ?

— Au petit-déjeuner canadien !

— Ça commence à te manquer ?, me demanda Chan.

— Non pas du tout ! Je me suis rapidement faite à la nourriture d'ici !

— D'ailleurs en parlant de ça, madame Ling m'a demandé d'aller au marché ce matin. Ça te dit d'aller avec moi ? On en profitera d'aller voir un guérisseur.

— Un guérisseur ? Et qui va s'occuper des enfants ? »

Elle me sourit avant de montrer du doigt la nouvelle et le nouveau bénévole. Nous sommes dorénavant quatre et la gestion des enfants se fait beaucoup plus facilement qu'il y a un mois. Ils nous font la bise avant de s'asseoir à côté de nous.

« Bien dormi ? », demanda Sara.

Nous acquiesçons toutes les deux. Je ne lui parle pas beaucoup mais le peu où l'on a parlé, je l'ai trouvé plutôt chaleureuse et amicale. Tout comme, William. Ils sont tous les deux londonien et je crois qu'ils se connaissent déjà.

« Assez oui ! », souris-je.

Je mange avec entrain ce qui se trouve dans mon assiette. Ici, j'ai retrouvé l'appétit que j'avais plus ou moins perdu au Québec. Ma mère serait là, elle me dirait certainement d'aller molo sur la nourriture si je ne voulais pas finir enrobée.

« Je ne sais pas comment tu fais pour manger ça avec un tel appétit, plaisanta William.

— Disons que j'ai des origines chinoises, ça doit aider !, ris-je en lui faisant un clin d'œil.

— Tout s'explique alors ! », me dit-il sur le même ton.

Quand je les regarde manger, je vois plus une sorte de dégoût plutôt qu'autre chose. Il va bien falloir qu'ils s'y habitue pourtant.

« Vous avez quoi comme tâche aujourd'hui ?, demanda Sara.

— Le marché et aller chez le guérisseur, répondit Chan.

— Le guérisseur ?, s'inquiéta William

— Oui pour moi !

— Je me disais bien aussi que tu étais une petite nature, me répliqua-t-il.

— Excuse-moi si je me suis cassée le dos hier en faisant je ne sais pas quoi d'ailleurs.

— En faisant trop de chose certainement », plaisanta Sara.

Je fronce des sourcils, ne comprenant pas où elle voulait en venir.

« Non mais ce n'était pas méchant mais tu es une vraie bout en train. Tu bouges tout le temps, tu ne sais pas ce que c'est que de rester assis quelque part, expliqua Sara.

— Elle a raison. Totalement raison, insista Chan.

— Bah là avec mon dos, je vais devoir me ménager je pense ! »

Je leur souris tandis que je débarrasse mon plateau. Toute manière aujourd'hui j'avais la charge d'aider les cuisinières et de gérer l'accueil des futurs parents prêt à adopter. Je crois qu'aujourdhui un couple vient pour Meng. Le plus difficile c'est quand on doit gérer les moments de jeux car les enfants peuvent vite échapper à notre vigilance. Mais maintenant que nous sommes quatre, on pourra emmener par petit groupe les enfants se balader. Même si l'on ne peut pas dire que la ville est sécurisante et sécurisée, il règne ici un peu la loi du plus fort. Je me souviendrais toujours de ma première balade en ville où j'ai failli me faire renverser à deux ou trois reprises par les voitures.

Je n'avais pas cru ma mère quand elle m'en avait parlé, je me rappelle lui avoir rétorqué que les gens ne pouvaient pas être aussi fou au volant... Mais il faut croire que si, c'est possible. Je suis persuadée qu'à côté la jungle est moins dangereuse. En pensant à mes parents, je devrais peut-être leur donner signe de vie.

L'iris bleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant