Chapitre 12

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Trois semaines plus tard,

Après être sortie du travail, je décide de rendre visite à June qui a sa boutique de fleurs non loin de là. Elle et moi devenons de plus en plus proche, les atomes crochus sont plus évidents que ceux que je peux avoir avec Daniela.

Quand je rentre, elle est en train de faire une composition florale. Elle semble magnifique et je me doute que c'est pour un mariage. Les maries ont vraiment très bon goût et avec June, tout est entre de bonnes mains. Elle est tellement concentrée qu'elle ne remarque pas ma présence, j'en profite pour déambuler dans la boutique. Avec le printemps à l'approche, les premières fleurs font leur apparition. Je sens les quelques roses et reste contemplative devant les orchidées. J'aime la délicatesse et la finesse de ces deux fleurs, même si mes fleurs préférées sont les iris mais ce n'est pas la saison.

« Elles sont vraiment très jolies », constatai-je.

Je me retourne vers elle, elle me sourit.

« Excuse-moi Meï, j'étais tellement occupée que je n'avais pas remarqué ta présence...

— Ce n'est pas grave ! Tu veux que je t'aide ?, lui demandai-je.

— Tu connais les fleurs ?

— Ma mère est botaniste alors oui je m'y connais un peu, reconnus-je.

— Alors je veux bien que tu m'aides pour cette composition florale !

— Dis-moi où tu veux que je mette tel ou tel fleur et je les positionnerais ! »

Elle me sourit tandis que je passe de l'autre côté du comptoir pour me mettre à côté d'elle. Elle m'explique brièvement la composition puis nous nous mettons toutes les deux au travail. Plus vite on aura fini et plus vite on pourra être présente à la soirée de Daniela. Ça faisait longtemps que je n'avais pas mis les mains dans les fleurs, la dernière fois que je l'avais fait j'étais encore chez mes parents à Tadoussac. J'aidais toujours ma mère au printemps lorsqu'elle faisait des plantations dans le jardin.

« Tu y vas comme ça alors ?

— Euh oui... Je ne vais pas m'apprêter pour une soirée entre amis », lui souris-je.

Elle acquiesce puis un long silence se fait entre nous, chacune concentrée sur sa tâche. Trois quart d'heure plus tard nous avons fait la moitié de la composition florale ce qui est déjà bien et donne une bonne avance à June.

« Merci beaucoup pour ton aide, me dit-elle en retirant son tablier.

— De rien. J'adore ça de toute manière alors c'était vraiment pas un soucis de t'aider, lui souris-je.

— On devrait peut-être se dépêcher si on veut être là-bas à 20h00. Je dois passer chez moi pour me changer. »

J'acquiesce et la suit jusqu'à chez elle. Elle habite dans un appartement un peu plus petit que le mien mais beaucoup plus fonctionnel. Il y a beaucoup de décorations florales et un bouquet de fleur dans un vase sur la table basse. Après une dizaine de minutes, June revient, plus élégante que jamais.

« Tu veux séduire qui ?, plaisantait-je.

— Personne tout le monde est pris !, soupira-t-elle.

— Tu en as marre de ton célibat ?

— Un peu oui... Je ne sais pas comment tu fais pour être célibataire depuis trois ans... »

Je grimace légèrement. Elle se mord la lèvre pensant qu'elle venait de me parler de quelque chose de fâcheux.

« Excuse-moi !

— Commence pas à t'excuser quand il s'agit de Matthew ! Je préfère que tu ne me ménages pas, lui souris-je.

— Ça ne te manque pas ? Vraiment pas ?

— De quoi ?

— Bah de... d'avoir comment dire... de l'attention masculine, bégaya June.

— Non... A vrai dire je n'y pense même pas. Pour tout avouer je ne sais même plus ce que l'on ressent quand un homme nous touche, lui expliquai-je sans complexe.

— Je vois », rit-elle.

Nous sortons de chez elle, empruntons la première rue sur la gauche puis la troisième encore sur la gauche avant de prendre la première sur la droite. Nous arrivons enfin devant chez Daniela où nous sommes accueillis par Andrew.

« Bonjour les filles, on attendait plus que vous !, s'enthousiasma Andrew en nous faisant la bise.

— Nous ne sommes pas en retard !

— Non mais vous êtes les dernières », dit-il.

Je rentre la première et fais la bise à Stacey et Daniela qui sont tranquillement assise sur le canapé. Je devine qu'Abrían est sur le balcon en train de fumer ou peut-être qu'il n'a pas pu venir à cause de l'hôpital après tout.

« Abrían n'est pas là ?, demanda June.

— Si, il est sur le balcon en train de fumer comme toujours, s'exaspèra Stacey.

— Tu viens Meï, on va lui dire bonjour !

— Attends il va bien revenir », lui répondis-je.

Elle me prend la main et m'emmène de force sur le balcon.

« Salut », chantonna June.

Il sursaute avant de se tourner vers nous, il la prend dans ses bras et lui embrasse la joue. Ces gestes seraient déplacés si on ne savait pas qu'ils étaient meilleurs amis. Plus réservée, je lui fais un simple geste de la main auquel il répond pas un petit rictus amical.

« Tu devrais arrêter de fumer avant que Stacey ne te tue...

— Ça ne sera pas là seule à vouloir me tuer, n'est-ce pas Meï ?, ricana Abrían.

— Oulà j'ai raté un épisode, constata June en nous regardant l'un après l'autre.

— Moi aussi je crois, avouai-je.

— Dani m'a dit que tu voulais me tuer à cause de ta cheville !

— Ah oui ça, dis-je d'un ton neutre.

— Vous expliquez ?,demanda June.

— Rien ton meilleur ami n'a rien trouvé de mieux que de ne pas me prévenir quand il a remis correctement ma cheville en place !

— Tu m'as dit que tu ne craignais pas la douleur alors je ne voyais pas l'intérêt de te prévenir !

— C'était la moindre des choses de me prévenir quand même ! », m'emportai-je.

Il fronce des sourcils avant de soupirer et d'écraser sa cigarette sur le sol. June se met tout d'un coup à rire sans discontinuer. Nous la regardons complètement perdus.

« Vous vous prenez la tête vraiment pour un rien tous les deux » ricana-t-elle en partant.

Je lève les yeux au ciel avant de partir moi aussi, laissant Abrían seul sur le balcon. Il est sympas mais uniquement quand il ne parle pas, je crois.

L'iris bleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant