Chapitre 59

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Le soir,

Point de vue Meï

Après moult tergiversations avant d'aller me coucher, je décide d'envoyer un message à Abrían en sachant pertinemment que s'il me faisait la tête il n'allait pas me répondre.

A Abrían
Pardonne-moi si je t'ai dit quelque chose de blessant ou de vexant. Ça n'était en aucun cas mon intention...

Évidement comme je le redoutais, il y a quelques minutes, mon message reste sans réponse. Je soupire et appelle Willy pour avoir des nouvelles de l'orphelinat et des enfants. Même à des milliers de kilomètres en aucun cas, je n'oublie ces chères têtes blondes.

« Salut Meï, alors ce retour au bercail ?

— Bien, dis-je. Un peu tendu sur les bords avec Abrían mais dans l'ensemble je suis ravie d'être ici.

— Qu'est-ce que tu as encore fait pour le blesser ?, me réprimanda Willy.

— Bah ça tu vois j'aimerais bien le savoir sauf que Monsieur a décrété ne pas vouloir répondre à mes excuses. »

Tout en ayant le portable dans la main, j'essaie de remettre correctement ma couette.

« Je vois pas, j'ai dû rater un énorme épisode. Il m'a demandé si je comptais rester en Chine et je lui ai dit oui car ici, rien ne me retenait.

— Bien joué, Meï ! Bravo et tu te poses encore la question de ce qui ne va pas !, ironisa-t-il.

— Bah oui car je ne vois pas le soucis !

— Bien alors mets-toi à sa place 5 minutes, juste 5 minutes si ce n'est pas trop te demander. Imaginons que tu sois à sa place, que tu l'ai aidé énormément et que tu l'ai encouragé à partir pour te reconstruire. A force de parler avec lui, tu commences à tenir à lui. Du coup quand il te dit qu'il revient un peu, tu es contente et là bim sans que tu ne comprenne pourquoi il te dit qu'il est bien là où il est maintenant et qu'à Saguenay rien ne le retenait. Comment tu aurais réagi ? »

J'aurais très mal réagi, je dois bien l'admettre. Je n'aurais pas aimé qu'il revienne juste pour me dire finalement que c'était peut-être la dernière fois avant un long moment que l'on se voyait. Je l'ai blessé sans le vouloir.

« J'aurais été très blessé de savoir que ça serait la dernière fois avant un long moment que l'on se voyait...

— Mais non bougre d'âne ! C'est pas ça que je veux te faire comprendre ! Putain il est pas aidé avec une fille comme toi !

— Euh tranquille je ne t'ai rien fait !, soupirai-je.

— Non mais excuse-moi tu es plus conne que la moyenne. Tu ne vois vraiment pas où est le problème ?

— Bah là non, je sèche !

— Bah va falloir que tu t'achètes des lunettes ! On ne peut rien faire pour toi ! Ça semble assez évident pourtant ! »

Je sens mon portable vibrer contre mon oreille, signe que j'ai reçu un message.

De Abrían
Trop tard, le mal est fait. Maintenant si tu veux bien, je vais aller me coucher. A demain pour la répétition.

Bon là, j'ai vraiment un problème avec lui. Il vient de me renvoyer sur les rose comme il faut. Je n'ai pas besoin de le voir pour savoir qu'il me ferait la peau si j'étais en face de lui.

« Meï tu es là ?

— Oui c'est juste que je viens de recevoir la réponse d'Abrian...

— Et il te dit quoi ?

— Que le mal était fait et qu'il allait se coucher maintenant... Il est rancunier et susceptible celui-là ! J'ai pas tué sa mère non plus !

— Putain mais ouvre tes yeux ! Tu lui as dit que rien n'allait te retenir ici ! Réalise au moins comme ça peut être blessant quand on tient à l'autre ! »

Je ne l'ai pas dit dans ce sens là. Je l'ai dit car je n'ai pas de travail ni de petit ami qui pourrait faire pencher la balance sur Saguenay. Ça n'a rien à voir avec le fait que je ne tienne pas à lui ou qu'il n'est pas important pour moi.

« J'ai dit ça parce que je n'ai pas de travail, ni de copain qui pourrait faire pencher mon choix sur Saguenay.

— Le truc Meï c'est que tu veux tout avoir sauf que tu ne pourras pas tout avoir. Quand tu es avec nous, Abrían et les autres te manquent. Quand tu es avec eux, tu voudrais être ici !

— Je..

— Laisse-moi finir ! Tu passes parfois tes nuits ou tes matinée à parler avec Abrían, vraiment je ne plaisante pas ! Et là que tu as la chance de l'avoir pour toi pour une semaine, la première chose que tu fais c'est le blesser !

— Mais...

— Non je t'ai assez laissé te voiler la face comme ça ! Tu veux faire un choix entre la Chine et Saguenay ? Bah déjà cogite sur tes sentiments pour Abrían, après ta situation te semblera peut-être plus claire. Y a pas d'amitié entre toi et lui, aucunement ! »

Je reste silencieuse attendant qu'il soit plus calme.

« Maintenant excuse-moi Meï mais je dois aller voir les enfants qui t'embrassent au passage. Bye.

— Bye Wi... »

Je n'ai même pas eu le temps de finir ma phrase qu'il avait déjà raccroché. Vraiment ce voyage est des plus périlleux ou alors c'est moi qui fait n'importe quoi. Je repose mon portable sous l'oreiller et tente de m'endormir comme je le peux avec d'un côté le message rancunier d'Abrian et de l'autre les propos de William.

L'iris bleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant