Mardi 18 mars 2019,
Sortant en retard de la maison d'édition, je m'empresse de rentrer chez moi car Abrían ne devrait plus tarder à arriver. Ne voulant pas aller au cimetière dans cet endroit macabre qui me rappellerait beaucoup trop Matthew, je lui ai proposé, ce matin, de venir chez moi ce soir. Je pense que c'est un bon compromis entre le lieu macabre et le lieu où on ne sera pas déranger.
Alors que je suis sur le point d'arriver chez moi, une giboulée de mars s'abat sur moi, trempant absolument tout ce que je portais. Ça me rappelle légèrement les pluies anglaises. J'y étais allée avec mes parents, il y a de cela quelques années, je devais être en première ou en terminales. Je cours jusqu'à chez moi où j'ai à peine le temps de m'essuyer et de me mettre en tenue décontractée que la sonnette de la porte d'entrée retentit.
« J'arrive ! », m'exclamai-je en ouvrant.
Abrían est en bien meilleur état que moi, il y a à peine quinze minutes. Visiblement, je ne suis pas la seule à avoir pris la giboulée de mars en sortant du travail. Je réprouve un petit rictus moqueur, préférant le laisser passer pour qu'il se mette au chaud.
« Je hais le mois de mars et ses giboulées », soupira-t-il.
Je le regarde enlever son manteau et son écharpe, perdue dans mes pensées. Se sentant fixer, il se retourne légèrement sur moi et me dévisage l'espace d'un instant.
« Allô la terre ! », s'exclama-t-il en passant ses mains sous mes yeux.
Je sors immédiatement de mes pensées et le regarde un peu hébété. Je n'ai même pas fait attention à ce qu'il m'avait dit plus tôt.
« Tu es souvent dans la lune comme ça ?
— Pour être tout à fait honnête avec toi, oui ! »
Il éclate de rire pendant que je le laisse prendre ses aises dans le salon. Je pars chercher mon plaid dans la chambre d'amis pour le poser sur mes épaules, il fait relativement froid pour un début de printemps ou alors je suis sur le point d'attraper la mort à cause de la pluie.
Je me recroqueville sur moi-même dans le fauteuil. Nous nous dévisageons, ne sachant qui devrait commencer à parler en premier. Je suis anxieuse et curieuse de connaître la raison de cette visite et de cette entrevue.
« Tu as passé une bonne journée au travail enfin si je peux dire ? »
Avec cette question, j'essaie de briser la glace et de détendre l'atmosphère.
« Pas trop mal et toi ?
— Ça peut aller ! », souris-je.
Il acquiesce avant qu'un silence pesant refasse surface. Je le vois se lever et porter son attention sur le cadre photo où je suis avec Matthew en Égypte. Toujours aussi silencieux, il prend le cadre dans ses mains et détaille la photo. Qu'est-ce qui lui arrive tout d'un coup ?
L'atmosphère, déjà pesante, le devient encore plus. Il finit par reposer le cadre et revient s'asseoir sur le canapé en soupirant.
« Elle date de quand ?, me demanda Abrían.
— Euh 4 ans...
— Donc un an avant sa mort », conclut-il amèrement.
Je le regarde sans trop savoir quoi dire. Comment il sait ? Stacey lui en a-t-elle parlée ?
« J'imagine que tu te demandes comment je le sais...
— Oui et non. Stacey t'en a peut-être parlée, lui avouai-je.
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L'iris bleu
RomanceDepuis la mort de son compagnon, trois ans auparavant, Meï Sullivan ne se sent plus tout à fait la même. Tout est devenu plus difficile et compliqué. Ses relations avec la gente masculine sont au point mort et ceci semble lui convenir au grand dam d...
