Chapitre 94

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Le 24 décembre,

Point de vue Meï

Encore devant ma penderie, je cherche désespérément une tenue pour le réveillon de Noël chez mes parents. Bêtement, j'ai cru que mes vêtements serait encore à ma taille pour Noël mais je n'avais pas prévu que je prendrais du poids entre temps. Je pousse un soupir d'exaspération avant de toucher mon ventre.


" Tu sais que tu n'es pas gentille avec maman, elle ne sait plus quoi mettre !"


Je fixe de nouveau mon tas de vêtements, entreposé à côté de celui d'Abrían. Il doit bien y avoir une robe qui me va encore et qui ne m'oppresse ni les seins, ni l'abdomen.


" Mon amour, il faut que l'on y aille" , me dit-il en entrant dans la pièce.


Je me retourne vivement sur lui, complètement dépitée par la situation. Lui aussi semble surpris de ne pas me voir habiller mais vu sa manière de me reluquer cela n'est pas pour lui déplaire. Je m'assois sur le lit, en priant le bon dieu pour trouver rapidement une solution.


"Je suis grosse, je ne loge dans rien de mes tenues habillées...

- Mais non, tu n'es pas grosse et je suis sure que dans toute ta garde-robe, tu dois bien avoir une robe ou deux qui te vont !"


Il s'assoit à mes côtés et pose l'une de ses mains sur ma cuisse. Ma tête trouve refuge sur son épaule.

"Non soit j'ai des seins énormes, soit je suis serrée dedans.

- Moi j'aime bien ta nouvelle poitrine. On a l'impression que tu t'en ai fait implanter !"


Je lui lance un regard outré avant de lui taper l'épaule ce qui lui fait pousser un petit bruit plaintif. Il me dit cela pour me faire rire et pour me faire dédramatiser la situation.


"Je n'ai pas envie de rire, je me sens...

- Belle et rayonnante ? Tu as raison de te sentir comme cela parce que tu l'es !

- Tu dis cela pour me faire plaisir", soupirai-je.


Je me lève et reporte de nouveau mon attention sur mes tenues. Enroulant ses bras autour de ma taille, Abrían parsème mon cou de baisers ce qui me fait pouffer de rire.


"Je ne dis pas ça pour te faire plaisir et si tu ne trouves pas quelque chose à te mettre dans les cinq minutes, je ne répondrais plus de rien.

- Et si c'est ce que je veux, tu fais comment ?, le défiai-je.

- Eh bien tu devras expliquer notre retard auprès de tes parents et je ne suis pas sûr qu'ils veulent le savoir."


Je me mets à rire avant de lui embrasser chastement la bouche. Il me sourit et se rassoit sur le lit, me détaillant du regard.


"Tu n'as qu'à prendre la moins pire, me suggéra-t-il. Après pourquoi tu veux te mettre en robe, un pantalon serait tout aussi bien.

- Non car ta fille commence à me gêner au niveau des hanches et je ne me sens plus à l'aise en pantalon.

- Pourquoi ça serait ma fille quand ça ne va pas ?

- Pourquoi ça serait la tienne quand ça va ?", ris-je.


Il éclate de rire alors que j'enfile ma robe bordeaux. Je me sens un peu inconfortable dedans mais je ne vais pas me rendre en jogging ou en t-shirt oversize chez mes parents, le soir de Noël.

« J'espère que maman ne va pas trop être gaga devant mon ventre un peu visible.

— Non je ne pense pas. Je suis sûre qu'elle sera mesurée ! »

Je lui lance un regard septique. Chaque fois que je l'ai au téléphone, elle est complètement à fond dans son rôle de grand-mère et aussi de mère. Je ne pensais pas que ma grossesse pouvait davantage resserrer les liens avec maman. Elle m'a donné tellement de conseils que je ne stresse en aucun cas pour la santé du bébé ou pour l'accouchement.

« Tu sais, elle attends ce moment depuis tellement longtemps.

— Je sais et je sais aussi qu'elle en avait fait un peu le deuil après le décès de ton ex.

— Mais elle est bien présente et toi aussi. »

Je lui prends la main et là pose sur mon ventre. Pour le moment, je ne la sens pas bouger mais j'espère que bientôt cela sera le cas. Elle est très calme et je souhaite que ça reste comme ça. Il ne faut pas qu'elle se sente obligée de m'en faire voir de toutes les couleurs dans les prochains mois.

« Tu ne la sens pas encore bouger ?

— Non c'est trop tôt. »

Nous sortons de la chambre, lui avec nos bagages pour les deux prochains jours. Je prends mon manteau et me chausse alors qu'il me dévisage.

« Qu'est-ce qu'il y a ?, m'inquiétai-je.

— Rien Pichoncita ! »

Il m'embrasse le sommet du crâne avant de sortir de l'appartement, moi dans ses pas. L'hiver est tellement rude que les abords du Saint-Laurent sont gelés et la route à la limite du praticable. Je ne peux m'empêcher de repenser à Matthew et à l'accident de voiture.

« Je serais prudent et il ne nous arrivera rien, ni à toi ni à elle et ni à moi !, me rassura Abrían en montant à son tour dans la voiture.

— Comment tu sais cela ?

— Je sais que tu as peur en voiture maintenant. »

Il me caresse la joue avant de démarrer la voiture. Je suis une thérapie depuis mes cauchemars où je faisais un transfert entre Matthew et Abrían. Nous avons toutes les deux décortiqués mes peurs et mes espoirs mais aussi tout ce que je ressens pour Abrían. Maintenant je me sens mieux et j'arrive surtout à me projeter totalement dans l'avenir avec lui. Peut-être que sans cela, je n'aurais pas ce petit bout de choux dans le ventre.

« J'ai hâte que l'on soit tous réunit...

— Moi aussi. », me dit-il concentré sur la route.

Dans deux semaines nous partons à Pékin pour formaliser l'adoption de Shu, puis nous irons à Fenghuang la chercher. Le médecin m'a donné l'autorisation de prendre l'avion à la seule condition que je porte des bas de contention et que je marche régulièrement dedans. Je serais extrêmement prudente, sa vie est tout aussi importante que la mienne.

L'iris bleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant