Quelques heures plus tard,
Point de vue Abrían
Quand je toque à la porte de l'entrée du couple, je tombe directement sur Daniela qui semble étonnée de me voir ici. Il est vrai que c'est la première fois que je viens pour la voir elle et pas Andrew. La dernière fois que l'on avait vraiment parlé tous les deux c'étaient à cause de Meï, je m'en souviens comme si c'était hier.
Méfiante, elle finit par me faire la bise et me laisse entrer à l'intérieur. Elle m'invite à m'asseoir sur le canapé tandis qu'elle opte pour le fauteuil à côté de moi.
« J'ai eu des nouvelles de Meï mais pas forcément des bonnes pour toi...
— Pourquoi ?
— Elle reste six mois de plus...
— Donc elle ne pourra pas être là pour mon mariage, soupira Daniela.
— Tu ne crois pas qu'il serait temps de lui dire ? Ça fait deux mois que vous êtes fiancés tous les deux, elle serait ravie pour vous deux.
— Abrían... Je n'y arrive pas.
— Mais pourquoi Dani ? Elle sait faire la part des choses entre son vécu a elle et le tien.
— Quand j'ai su la mort de son copain, elle était effondrée. Complètement effondrée. Ce sont des images qui me hanteront toute ma vie. Je l'entends encore me demander inlassablement pourquoi ? Pourquoi lui et pas un autre ? Pourquoi son copain ? Je l'ai vu se débattre avec elle-même en travaillant d'arrache-pied à la maison d'édition, je l'ai vu tenter à plusieurs reprise de reprendre sa vie et continuer mais sans jamais réussir. A l'heure actuelle, elle est heureuse et pétillante la dernière fois que je l'avais vu comme ça, Matthew était encore parmi nous. Je ne veux pas lui gâcher son bonheur présent par pur égoïsme de ma part. »
Son ton est empli d'émotion et je n'avais pas mesurer l'impact qu'a eu la mort de Matthew sur l'entourage proche de Meï. Je ne suis même pas sure que Meï se doute un seul instant de ceci.
« Ce n'est pas égoïste de vouloir sa meilleure amie à son mariage. Encore moins égoïste quand on sait qu'elle va nettement mieux.
— Je ne veux pas qu'elle replonge dans la mélancolie et la tristesse. Je ne me le pardonnerai pas.
— Daniela, elle sera heureuse pour toi. Puis comme te dirait June ce n'est pas un jour comme les autres, tu auras besoin d'elle. »
Un long silence se fait entre nous. Nous nous dévisageons un instant avant qu'elle ne baisse les yeux vers ses jambes comme si elle se sentait coupable de quelque chose. Elle finit par me lancer un simple désolé. Des excuses que je ne comprends pas du tout.
« Si Meï s'est un peu éloignée de toi, c'est en partie à cause de moi et de mon irrépressible envie de me mêler de sa vie. Tu comprends je veux son bonheur parce que j'estime qu'elle en a assez chier comme ça pour tout le reste de sa vie.
— Je ne comprends pas Dani, répondis-je confusément.
— Tu es bien un mec y a pas de doute là-dessus », plaisanta-t-elle.
Je fronce des sourcils avant d'arquer un sourcil, signe de ma curiosité.
« Quand j'ai vu Meï être si proche de toi alors qu'elle ne l'était plus avec un garçon depuis la mort de son copain, j'ai cru qu'elle était attirée par toi. Qu'elle t'aimait plus que bien, précisa Daniela.
— Oui j'avais compris. Seulement je ne comprends pas pourquoi tu as voulu la forcer à ressentir ce qu'elle ne ressentait pas et que je ne ressentais pas pour elle non plus.
— Parce que je veux son bonheur, elle en a assez chier comme ça pour tout le reste de sa vie. Mais en voulant lui faire comprendre ou te faire comprendre que votre rapprochement était ambiguë, j'ai fini par mettre un bazar sans nom dans ce qui vous liez.
— Seulement il n'y a rien d'ambiguë entre nous, lui souris-je.
— Ça tu vois, je n'en mettrais pas ma main à couper mais ça ne me regarde pas. »
J'acquiesce avant de lui sourire.
« Puis te parler de ta relation avec elle alors que tu venais juste de demander un break à Stacey, c'était vraiment très maladroit de ma part.
— Effectivement. Je n'avais pas demandé un break parce que je n'étais pas sûr de mes sentiments pour Stacey mais parce que je n'en pouvais plus de son comportement et aussi je lui en voulais de m'avoir demandé d'arrêter de parler à Meï. Mais tout ça n'a rien à avoir avec toi et tes fiançailles...
— Non mais je voulais quand même te le dire.
— C'est gentil de vouloir t'excuser mais à part te mêler de ce qui ne te regardait pas, tu n'as rien fait de mal. Puis c'est du passé et tout est redevenu normal entre moi et Meï. », la rassurai-je.
Elle acquiesce avant de rester une nouvelle fois silencieuse, elle regarde sa bague avant de sourire. Personne ne s'attendait à ce qu'il la demande en mariage, c'est certainement son côté imprévisible qui a parlé pour lui.
« J'ai la trouille Abrían. La trouille de la rendre triste. Elle a fait un tel bond en avant que ça me terrifie de lui faire faire un bond en arrière.
— Il n'en sera rien de tout ça. Je crois que son passé est derrière elle.
— Et si c'était faux et qu'elle faisait semblant ?
— On peut faire semblant d'aller bien mais vu la joie de vivre qu'elle a et son côté pétillant, elle ne fait pas du tout semblant. »
Devant mon air convaincu, elle réprime un sourire. Andrew entre, nous interrompant dans notre conversation.
« Qu'est-ce que tu fiches là ! T'as pas intérêt à piquer ma fiancée, plaisanta Andrew.
— Ça ne risque pas ! Rassure toi ! J'étais venu pour lui parler de Meï et du fait qu'elle ne lui a toujours rien dit.
— Tu as réussi à la convaincre parce que moi je n'y parviens pas ?, rit-il.
— Hé ! Allez-y continuer de parler comme si je n'étais pas là ! Je vais lui parler, je vais lui parler ! Vous me saoulez tous les deux ! »
Elle sort du salon tandis que nous nous sourions avec Andrew. Elle est encore plus difficile à convaincre que Meï, déjà que Meï ce n'est pas chose aisée.
« Tu as eu de ses nouvelles, du coup ?
— Ouais, soupirai-je.
— Tu as l'air enchanté...
— J'aurais été enchanté si elle ne m'avait pas dit qu'elle allait rester six mois de plus là-bas !, plaisantai-je.
— Donc elle ne sera pas là pour le mariage ?
— Aucune idée ! Elle pourra peut-être venir au moins une semaine enfin je ne sais pas. On verra bien. »
Il acquiesce avant que je ne les salue tous les deux et que je sorte de l'appartement. Il fait déjà nuit noire, je déteste quand il n'y a aucune étoile dans le ciel ou quasiment aucune tout du moins. Je rentre rapidement chez moi et m'écroule sur le canapé. Heureusement que j'avais attendu cette journée pour me reposer.
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L'iris bleu
RomanceDepuis la mort de son compagnon, trois ans auparavant, Meï Sullivan ne se sent plus tout à fait la même. Tout est devenu plus difficile et compliqué. Ses relations avec la gente masculine sont au point mort et ceci semble lui convenir au grand dam d...
