Partie 1/3
Un coup sec à la porte extirpa Dean du bassin de son délire et le sauva peut-être d'un début de crise d'angoisse. Il sourit à sa bouée de sauvetage, qui passait la tête dans l'entrebâillement.
— Il dort ? chuchota Red.
— Il s'est endormi, oui.
Depuis leur retour, Rudy n'avait plus quitté la chambre d'ami. Il ne s'était pas intéressé à son nouveau cadre ni aux habitants de la propriété. Il avait accaparé son père comme un petit garçon craintif face aux étrangers. Dean avait à peine pu le sortir de son mutisme. Impossible de quitter la pièce. Dès qu'il bougeait, Rudy le retenait par un pan de sa chemise. Limite s'il ne régressait pas. Puis la joie des retrouvailles avec son fils avait bourgeonné parmi les fleurs d'anxiété et de fatigue.
Dean observa son ange, attendri. Red vit ses épaules se relâcher un peu. La tension de son amant mijotait toujours. Il pénétra dans la chambre quand Dean lui tendit la main, et se blottit contre lui. Dean savoura le contact et à la chaleur qui exorcisaient ses pensées lugubres. Vu comment s'annonçait leur séjour en ces lieux, il serait difficile de grapiller des moments d'intimité.
— Tu sais..., commença Red, quoi que l'on dise, si quelqu'un sait réagir avec Rudy, c'est toi. Fais-toi un peu plus confiance.
Dean ne demanda pas comment Red avait su qu'il avait besoin d'entendre ces mots. Il resserra son étreinte. Le geste machinal, Red lui massa la nuque.
— Un bon massage te fera du bien. Tu as les muscles noués.
— Reste encore comme ça, dit-il d'une voix étouffée. Je n'ai pas envie de quitter ta peau tout de suite.
Red sourit. Dean enfouit son nez dans la chevelure écarlate et huma son odeur.
— Comment cela s'est passé avec les fans et les journalistes à Darney ?
— Le doyen et quelques profs ont dû intervenir pour calmer l'ambiance. Ils en ont un peu pris pour leur grade, mais ça s'est bien passé. Tes gardes étaient dissuasifs avec les journalistes, mais la plupart des étudiants se sont montrés raisonnables.
— Ils ont l'habitude de célébrités dans les couloirs universitaires. Importuner les peoples à cause de leur médiatisation expose à la sanction, selon le règlement intérieur.
— Je vois.
Ils discutaient à voix basse, sans se résoudre à libérer la chambre. Dean ne voulait pas la quitter, Red ne voulait pas quitter les bras de Dean.
— Ils m'ont libéré quand je leur ai dit que je devais voir quelqu'un à l'hôpital. Ils ont demandé des nouvelles de Rudy.
— C'était le festival des questions indiscrètes, je suppose.
Red haussa les épaules. Ça ne l'avait pas dérangé.
— Je leur ai expliqué que j'ai d'abord été le prof de guitare électrique de Rudy, avant de terriblement m'attacher à mon caramel-vanille. Ils ont tous voulu que je leur donne des cours de guitare électrique.
Dean pouffa. Il appréciait la distraction. Son mal de tête avait reflué. La bulle de tendresse éclata quand une voix fluette, aussi dégoûtée que moqueuse, retentit :
— Baah, les zamoureux !
Le couple se tourna vers la petite poupée qui jouait les indiscrètes. De l'autre côté de la porte, elle les gratifia d'un sourire de coquine de trois ans et demi. Celle-ci appartenait à Farrell. Sa famille séjournait encore chez Orlando, leur départ retardé par la fièvre de leur premier enfant. Ils devaient visiter les parents d'Ashley mais avaient eu des réticences à faire le trajet avec un fils malade. Son grand-frère alité, désœuvrée, Farrellia rôdait dans la maison.
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HOT CHILI - saison 6 ✤ volume 1/2
Romance. Pour le clan Leblanc, folie des grandeurs est raison. Est-ce acte de folie ou résolution raisonnable quand un Leblanc menace un empire de déclin ? Déterminé à exploiter la vulnérabilité de sa puissante famille qu'il juge coupable da...