Partie 2/3
Après sa douche, Rudy avait fait le tour des lieux comme pour se les réapproprier. Quelle n'avait pas été sa surprise de trouver des preuves d'un séjour prolongé de Rey.
Un frigo approvisionné qu'il avait cru, à tort, vide, une valise-trolley dans un coin de son dressing, des livres trop techniques pour son pauvre cerveau sur son bureau, un agenda sur la table basse du salon, de la paperasse sur une étagère de sa bibliothèque, des enveloppes de courrier vides dans la poubelle recyclable, une gourmette sur sa table de chevet, une tablette numérique oubliée sur le bar, deux vestes et un blouson sur le porte-manteau du vestibule, de nouvelles chaussures dans le placard, une écharpe sur le sofa, des sous-vêtements qui ne lui appartenaient pas dans la panière à linge sale, une brosse à dents dans la salle de bain aux côtés du kit after-shave, mousse à raser, rasoirs jetables et rasoir électrique.
Ce rappel de la masculinité de son mec lui avait arraché une moue. Il était légalement adulte mais son duvet ne méritait pas officiellement d'être rasé ! Non que cela lui tarde, mais ça lui rappelait à quel point il faisait encore gamin comparé à Rey. Sur bien des plans. Puis la morosité de ce constat avait cédé à une émotion chaleureuse. Ça lui plaisait de voir Rey envahir son antre avec naturel. Rudy aimait ce sentiment d'appartenance.
Son sourire niais avait été surpris par son garde du corps, qui suivait son activité en feignant de l'intérêt pour son foutu téléphone ! L'idée lui était alors venue de le solliciter comme infirmier, pour casser son flegme mystérieux. Sans mot dire, l'homme avait utilisé sa trousse de secours garnie avec une efficacité indiscutable.
— T'as été plus rapide que l'infirmière qui s'en charge d'habitude, lui avait-il dit.
— À moins qu'elle poursuive un autre but, avait rétorqué le bellâtre, sarcastique. Comme te tripoter, par exemple... Je ne l'en blâmerais pas.
Ainsi, Blacky le trouvait « tripotable » ? Rudy ne savait pas comment le prendre. Un garde du corps se permettait-il ce genre de familiarité avec son client ? D'un autre côté, il préférait cette attitude au respect froid et à la distance de confidentialité instaurés par l'espèce en costard.
Rudy décida d'aérer sa chambre et refaire la literie. Sur une impulsion, il entreprit de loger les vêtements de Rey dans son dressing. Le scrupule l'amena à se demander s'il n'outrepassait pas ses droits. Il n'aimait pas que l'on touche à ses affaires personnelles. Tant pis. Plutôt obtenir l'absolution que la permission.
Le jeune homme à demi nu qui pénétra dans la piécette cherchait ses vêtements. Notant le regard appréciateur de son petit-ami, Rey lui servit un sourire narquois, qui se fana à la vue de sa valise à moitié vide. Rudy se tendit, pris en flagrant délit de pendaison d'une chemise à un cintre.
— T'es fâché...
— Non. Je... À vrai dire, je n'y avais pas pensé.
Soulagé, Rudy accrocha le ceintre dans le placard, non sans le gronder gentiment.
— T'es bête. Mes affaires traînaient tout le temps chez toi à Pinsburry. Je suis sûr qu'ils y traînent encore.
— Plus maintenant. J'ai quitté le campus. Mon nouveau train de vie ne me permet plus de garder l'appart. Et je réalise que j'ai complètement oublié de t'en parler, geignit Rey en se massant les tempes. Tes affaires sont chez moi, à Saunes. Ça n'aurait pas dû me sortir de la tête...
Rudy lui saisit la taille.
— Hey, tu peux pas penser à tout. Ménage-toi, OK ? Va pas me faire un surmenage. Faut que t'apprennes à débrancher ton cerveau. Et que t'arrêtes d'avoir des scrupules pour ce genre de chose, dit-il en désignant le dressing. Et même avec mon père, t'as aussi des scrupules. Il ne l'avouera pas, mais je crois que ça le vexe. Faut pas hésiter à aller vers lui, quand tu as besoin d'aide. Il ne te la refusera jamais.
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HOT CHILI - saison 6 ✤ volume 1/2
Romansa. Pour le clan Leblanc, folie des grandeurs est raison. Est-ce acte de folie ou résolution raisonnable quand un Leblanc menace un empire de déclin ? Déterminé à exploiter la vulnérabilité de sa puissante famille qu'il juge coupable da...