Partie 3/4
— Tu n'aurais pas quelque chose à me dire, Junior ?
Le jeune homme, qui riait avec son ami, se retourna, tendu. L'heure des comptes sonnait en avance. Il chercha Rudy des yeux. Ce dernier défendait l'assassinat de sa coupe capillaire auprès de Lou-Ahn. Red avait tenté de rattraper l'horreur. Assuré que les oreilles innocentes de Blondinet ne traîneraient pas du côté de Blondin, Junior déclara :
— Les mariachis ne divulgueront pas une adresse qu'ils ignorent.
— Je te croirais volontiers sans l'existence de l'application GPS.
— Connaissant l'existence de cette belle application, la valeur du chèque couvrait aussi l'interdiction d'embarquer son téléphone. Je vous sais intransigeant sur ce sujet, Dean. Vous allez me vexer en me croyant stupide.
Dean sourit.
— Je t'ai vexé... C'est mignon.
Junior grogna, conforté dans son besoin de protéger Rudy. L'envie d'épargner quelques désillusions au rejeton de cet homme sadique s'enracinait à mesure qu'il identifiait les prédateurs et charognards autour de Rudy. Son propre père, son petit-ami, ses amis. Junior s'incluait aussi dans la bande de rapaces. Cependant, l'idée que Rudy perde de sa relative candeur à cause d'eux lui déplaisait. Cette candeur l'avait attiré chez le garçon. Il voulait en préserver le charme. Cependant, la manière dont Dean couvait son fils le dérangeait. Ça l'obligeait à jouer le jeu du père, or Junior ne suivait que ses propres règles.
— Pour autant, disait Dean, cela n'amoindrit pas le risque de fuite, s'ils ont la brillante idée de raconter qu'ils ont joué la sérénade sur le porche de Dwight Orlando.
— Je me permets de douter, intervint Mir. Ils ignorent s'il s'agit de la résidence d'un footballeur. Et ils en ont vus trois. Difficile de dire avec certitude chez qui ils ont performé.
— La plupart sont persuadés d'avoir mis les pieds à la résidence du modèle Dean. Ne minimisez pas votre notoriété médiatique. Votre célébrité a beaucoup grimpé depuis que l'opinion publique associe désormais le mannequin à votre patronyme influent. Mais je suis d'avis que le couple de Kurt Terrence avec la bombe Soizic Ferry a un potentiel « ragot de commère » plus élevé.
Mir grimaça.
— C'est vrai qu'il n'a pas fait mystère de leur intimité quand il lui pelotait la fesse.
Junior gloussa puis retrouva son sérieux.
— Ils savent que c'est dans leur intérêt de ne pas avoir la langue volubile.
Dean choisit de laisser couler. Il gèrerait les conséquences si elles survenaient. Certains optimistes avançaient qu'il n'y avait pas de problèmes mais des solutions. Le temps d'une nuit, il adhérerait à cette assertion navrante. Après la mésaventure « Nola », il s'abstiendrait de prendre Junior au collet. Son fils l'accuserait de tous les maux, secondé de son avocat : Red. Être catalogué rabat-joie de service ne figurait pas dans ses objectifs.
— Une chose me taraude, cependant.
— Je suis tout ouïe, dit Junior.
— Comment as-tu réussi à faire passer un groupe de mariachis entre les mailles du filet de la sécurité ?
Dean n'aima pas le sourire en coin de Mir. Junior sortit de sa poche une carte violacée et s'éventa avec.
— Oh, vous savez, je ne m'y suis pas pris différemment de la méthode officielle. (Il cessa de fanfaronner.) Vous ne croyez pas qu'il est temps d'apprendre à Rudy à se servir de la sienne ? Il brille par une méconnaissance sidérante de ces choses-là. Je me montre sans doute présomptueux, mais on ne pardonnera pas à votre fils son ignorance. Pas quand il est issu de l'Élite majuscule.
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HOT CHILI - saison 6 ✤ volume 1/2
Romance. Pour le clan Leblanc, folie des grandeurs est raison. Est-ce acte de folie ou résolution raisonnable quand un Leblanc menace un empire de déclin ? Déterminé à exploiter la vulnérabilité de sa puissante famille qu'il juge coupable da...