HOT CHILI - saison 6 ✤ volume 1/2

S06 - EP 31 ✤ part II

Partie 2/2

La passion, le manque, le désir, le besoin, la soif des bras de Rudy, la faim de la chaleur de son corps, la nécessité de son toucher... Tout se fondait et s'exprimait à travers la fébrilité des gestes de Rey. Il avait tant rêvé ce moment que l'impatience relevait ses baisers d'un zeste de brutalité. Mais à mesure qu'il caressait le grain de peau de sa moitié, lui apparaissait le non-sens de l'urgence. Il avait le temps de savourer leurs retrouvailles. D'écouter enfin son corps en mettant sur pause son intellect si réquisitionné dernièrement.

À trop tenter de garder la tête froide, Rey avait affamé cette part de lui que Rudy seul savait satisfaire, apaiser, amener à satiété. Aussi lui laissait-il le lead ; il lui cédait volontiers les commandes du navire. L'obligeant à s'asseoir sur le lit, Rudy se planta entre ses jambes.

— Pourquoi t'as mis autant de temps ?

Rey arqua des sourcils sceptiques.

— Tu veux qu'on discute ou tu veux qu'on s'envoie en l'air ?

Des doigts sensuels suivirent le tracé de ses lèvres. Mutin, Rudy rétorqua :

— On ne peut pas faire les deux ?

— C'est utopique, Caramel. C'est l'un ou l'autre, ou l'un après l'autre. Pas les deux en même temps.

Pas quand son cerveau migrait au sud. Celui-là ne savait pas tenir un raisonnement. D'ailleurs, il était surpris de parvenir à en construire un. D'ordinaire, la beauté de son camarade le privait de mots durant ce genre de parenthèse. Les longs cils clairs, l'émeraude des iris, les lèvres volontaires plongeaient Rey dans un émerveillement coupable, lors d'instants volés. Durant leurs vacances aux Taeyand Bay, faire l'amour à Rudy à la clarté du jour s'était révélé une expérience transcendante, tant il était happé par la contemplation de l'objet de son émoi. Si je pouvais filmer mes souvenirs pour les observer à loisir, je mettrais constamment pause sur les souvenirs de toi.

Rudy recula. Rey fut bien inspiré de serrer les poings contre ses cuisses, pour ne pas l'emprisonner dans ses bras. Après avoir lancé un tube de lubrifiant sur le lit, son camarade le gratifia d'un strip-tease avec le sourire d'un démon en apparats d'ange.

— Je sais que tu aimes me rendre dingue. Alors je vais taire mon impatience et savourer le spectacle.

— Tu vois qu'on peut faire les deux en même temps. Tu visualises déjà le délicieux corps à corps qui va suivre, n'est-ce pas ? aguicha le petit fripon. Bientôt, tu pourras poser tes mains sur toute cette peau nue. Mais seulement quand j'aurai fini de me déshabiller.

À en juger la lenteur de l'effeuillage, Rudy comptait nourrir sa frustration. La ceinture rejoignit le pull à terre. Le son métallique de sa boucle inséra une note d'anticipation à la portée sensuelle de la symphonie qui se tissait doucement. Rey essaya de ne pas se laisser subjuguer par la musique.

— Pourquoi j'ai mis autant de temps à quoi ? demanda-t-il, finalement.

— Pourquoi t'as tardé à me « serrer » dans un coin pour me faire sauvagement l'amour ?

Rudy défit le bouton de sa braguette, fit glisser sa fermeture avec une lenteur insolente mais ne baissa pas son pantalon. Sans jamais quitter Rey de ses yeux ensorceleurs, il s'attaqua à la boutonnière de sa chemise par le bas.

— Tu aurais aimé que je te prenne « sauvagement » dans un coin ? souffla Rey, la voix rauque.

— Dans un coin, sur le capot ou les sièges de ta voiture, contre le carrelage, je n'aurais pas été difficile... Jamais avec toi.