Partie 1/5
Rey Lee-Cooper luttait contre son exaspération.
— Pourquoi tu me parles de cet abruti ? Puis-je passer du temps avec toi, peinard, sans me soucier du reste de l'univers ?
— Tu m'as dit que tu étais avec Tim, hier. Normal que je demande de ses nouvelles ! le houspilla Rudy. Vous vous êtes vus au Mad Dog. Les autres devaient forcément y être. Mir et Junior, probablement Teddy. Si Ted y était, alors Inna aussi. Tu ne les as vraiment pas vus ?
— J'en sais rien !
Rey se fustigea. Qu'est-ce qu'il lui avait pris d'en parler ? C'était venu au fil de la conversation. Il avait préféré annoncer lui-même à son petit-ami qu'il avait zoné chez l'asperge, avant que ce dernier ne rapporte une version dangereuse. La soirée de la veille n'aurait jamais dû se produire. Les faibles vestiges de sa gueule de bois l'incommodaient moins que le remords. Celui-ci s'accrochait, graisseux, et Rey ne disposait pas d'assez de détergent pour s'en débarrasser.
Il avait embrassé Timothy Medley. Putain !
Son ébriété ne s'était pas accompagné d'amnésie au réveil. Sa conscience, mais surtout Timothy, lui avaient fait comprendre que le déni n'était pas une option. Le connard l'avait scruté de ses prunelles chaudes, sans se soucier de paraître impoli, puis avait lâché sa bombe :
— Tu me plais. Physiquement. J'ai découvert, hier soir, que je pouvais aussi te plaire. Physiquement. Mais c'est Rudy que tu aimes...
Le con avait laissé cette phrase en suspens. Rey avait détesté l'assurance de sa déclaration. Il n'avait pas pu la ramener. Timothy avait pris ses affaires et quitté son appartement pour Darney.
— Claque la porte en partant.
Les derniers mots qu'il lui avait dits. Rey savait à quoi s'en tenir. Il était en couple avec Rudy. Point. Seulement, Timothy appartenait au cercle social de son petit-ami. Timothy travaillait parfois avec lui. Bonjour le malaise ! Non, il ne craignait pas le jeune homme. Mais cela le dérangeait – beaucoup – de partager ce secret honteux avec le garçon. Timothy détenait désormais un pouvoir sur lui.
Cette situation était symptomatique du chaos dans sa vie, dernièrement. Comment un satané rival, ayant toujours convoité ses platebandes, lui faisait aujourd'hui de l'effet ? Certes, une pauvre réaction physique n'avait pas de signification tangible, ça restait de l'anatomie, de la biologie. Il n'était pas question de sentiment. Mais voilà que l'asperge osait lui faire des avances détournées ! Un lapsus au mauvais moment et Rudy le tuerait. Il n'avait pas envie de se battre avec son petit-ami. Rey n'en avait pas la force. Occultant ce tourment, il se rencogna dans les bras de Rudy. Hélas, ce dernier attendait satisfaction.
— Mon répertoire téléphonique est vide.
— Tu peux toujours les joindre sur internet.
— Ça le fait trop pas ! Je dois les avoir en visuel. Ou en vocal, si tu veux.
— Tu peux appeler avec ton appli ownet©, Rudy. Si tu ne l'as pas fait, c'est pour d'autres raisons.
— Je déteste quand tu te montres trop adulte ! Si je me connecte sur internet, je vais lire ce qu'il se dit sur mon enlèvement ou sur mon retour. Cette bête-là demande une énergie que je n'ai pas encore.
— Dis-moi ça. C'est plus logique.
— Ta gueule ! Et j'ai pas encore téléchargé l'appli ownet©.
Rey comprenait. Replonger dans la brutalité du monde extérieur requérait une protection émotionnelle. Les frasques de Dean rendaient les eaux encore plus turbulentes. Ignorant si Rudy en avait déjà eu vent, Rey n'osait pas aborder le sujet. Si cela ne dépendait que de lui, il aurait embarqué Rudy loin du pays. L'idée de vacances en amoureux sur une île paradisiaque devenait de plus en plus tentante. Mais son travail le lui interdisait.
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HOT CHILI - saison 6 ✤ volume 1/2
Romance. Pour le clan Leblanc, folie des grandeurs est raison. Est-ce acte de folie ou résolution raisonnable quand un Leblanc menace un empire de déclin ? Déterminé à exploiter la vulnérabilité de sa puissante famille qu'il juge coupable da...