Partie 1/4
Les filles s'excitaient dans le deuxième plus grand séjour de la propriété Orlando. Sofas, fauteuils, tables basses et guéridons avaient été remplacés par de grands matelas moelleux vêtus de lin et de laine. Dans une caricature de dortoir royal oriental, tentures de soie et de velours se mariaient aux traversins, poufs et oreillers duveteux qui se disputaient l'espace avec des couettes douillettes. Ilona avait poussé la fantaisie jusqu'à diviser la pièce par un rideau transparent tissé de filins d'or.
— On se croirait dans la chambre d'une princesse Penjâbi, exhala Nola.
D'un côté du rideau, une batterie de consoles de jeux reliées au grand écran encastré dans le mur ; de l'autre, un surplus de coussins multicolores de formes variées. L'un des compartiments se révéla plus accueillant.
— Je pense que ceci est notre privilège, les filles, devina Inna. (Elle soupira et s'affala avec langueur dans les coussins.) Je n'oublierai pas de sitôt cette pyjama party. Les garçons ne seront pas trop dans le trip, par contre.
— Malgré tous ces jeux vidéo ? douta Blake.
— C'est vrai que le décor parle plus à votre raffinement féminin qu'au mâle bourru et peu sensible au charme, railla Lou-Ahn. Les filles ne jouent tellement pas aux jeux vidéo !
Blake dut admettre son délit de stéréotype. Elle n'en rabroua pas moins Lou-Ahn.
— Arrête de faire comme si tu n'y étais pas sensible. Si ça peut te rassurer, Inna, Saïd va adorer.
— Ouais, il fantasme sur les harems, ajouta Lou-Ahn.
— Ah bon ? Comment tu le sais ? s'étonna Inna.
Lou-Ahn leva les yeux au ciel.
— Il est gay et met du gloss cerise. Saïd assume d'être un cliché.
Nola pouffa. Elle soupçonnait le jeune homme d'exagérer son maniérisme pour agacer les esprits étriqués. À maintes reprise, elle avait décelé de la malice dans son regard cerné de khôl. Elle adorait son look et ses lèvres joliment redessinées au crayon.
— Il maquille ses yeux comme les femmes de l'Égypte antique, dit-elle. Ça ne surprendrait pas qu'il apprécie cette touche d'orientalisme.
— Tu as tout compris, valida Lou-Ahn.
Cette dernière intimidait Nola. Elle lui trouvait un charisme magnétisant. Une quasi-inexistence mammaire, de petites fesses fermes, une taille légèrement marquée, une musculature étoffée dissimulée par une sveltesse trompeuse, elle appartenait à cette caste d'individus féminins qu'il faudrait droguer pour espérer la voir en jupe ou robe.
De fait, tous les Darneyens impressionnaient Nola. Elle se sentait gauche, gamine, écrasée par leur assurance. Leur manière de dévisager T-eyes comme du menu fretin en disait long. Là encore, comment ne pas assumer une certaine hauteur quand on s'appelait Torcy-Junior Reich-Andriana, ou lorsqu'on portait le nom du président Lenny Wales ! Nola ne se sentait pas « légitime » en leur compagnie, bien que consciente de l'absurdité de ce sentiment. Elle n'aurait jamais dû lire ce fichu classement du Dream's®. Et puis merde, tout le monde croyait que Torcy n'avait qu'une seule héritière d'une trentaine d'années ! Mila Reich le pérorait assez dans les médias.
La différence se sentait jusque dans leur élocution châtiée. Le dénommé Mir, qu'elle trouvait trop mignon, la faisait bafouiller d'un mot et d'un regard. Son bagou glorifié par ses camarades de promo ne rivalisait pas avec celui d'Inna ou de Teddy. Et ce n'était pas une question de génération, Rudy leur rendait la réplique avec la même aisance. Dans son institut, Nola côtoyait des mecs incollables sur la mode, branchés, chic. Ils ne tiendraient pas la distance avec Saïd et Blake, ni la tomboy Lou-Ahn. Essayant de taire ses complexes, elle demanda tout de go :
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HOT CHILI - saison 6 ✤ volume 1/2
Dragoste. Pour le clan Leblanc, folie des grandeurs est raison. Est-ce acte de folie ou résolution raisonnable quand un Leblanc menace un empire de déclin ? Déterminé à exploiter la vulnérabilité de sa puissante famille qu'il juge coupable da...